Paul-Henri Frenière
Centre d’exposition Expression : Les liens cachés de Giorgia Volpe
Jusqu’au 27 janvier prochain, le Centre d’exposition Expression présente « Ma langue est un sable mouvant », une proposition de l’artiste Giorgia Volpe regroupant près d’une vingtaine d’oeuvres qui, en apparence, n’ont aucun rapport en elles. Seulement en apparence…
Comme beaucoup d’artistes, Giorgia Volpe dit qu’elle n’aime pas parler de ses œuvres. Elle préfère que le visiteur fasse sa propre interprétation. Mais, dans les faits, elle devient intarissable dès qu’elle aborde le sujet.
Ce fut le cas, lors de notre visite, lorsqu’elle a expliqué la démarche qui l’a conduite à réaliser l’oeuvre intitulée « Mal du pays » qui ouvre l’exposition. Un large assemblage de fragments de drapeaux du Québec qui accueille le visiteur.
Elle raconte qu’elle s’est d’abord rendue au Parlement pour obtenir des drapeaux usagés. Peine perdue puisqu’il est strictement défendu de s’en départir. Déterminée à réaliser son projet, elle s’est alors dirigée vers le fabricant qu’elle a convaincu de lui donner des drapeaux qui avaient été rejetés parce qu’ils comportaient des imperfections.
Des valises et un miroir
À la droite de cette imposante courtepointe fleurdelisée, on voit une accumulation de vieilles valises empilées d’où ressortent des poupées de chiffon. « Ce sont des femmes immigrantes qui ont fabriqué ces poupées lors d’un atelier de création » commente Giorgia Volpe.
En face de cette étrange tour de valises, on aperçoit un miroir apparemment abimé par l’usure du temps. « Je l’ai laissé tout un hiver sous la neige pour obtenir ce résultat » commente l’artiste.
Drapeaux québécois, valises, poupées, immigrants, miroir abimé : y-a-t-il un lien entre ces éléments? Giorgia Volpe se garde bien d’en suggérer un. « C’est à chacun de trouver sa propre interprétation » dit-elle.
Des hamacs et une surprise
On l’aura deviné, Giorgia Volpe se sert d’objets récupérés pour créer ses œuvres. Des objets trouvés au hasard ou souvent des matériaux usagés qu’elle va chercher, guidée par son impulsion créative.
« Ceux-ci gagnent une nouvelle vie lorsque l’artiste les transforme ou les détourne de leur usage reconnu en les plaçant au service de son oeuvre » peut-on lire dans le guide pédagogique consacré à l’exposition.
C’est ainsi qu’elle est allé chercher une quantité de tubulures usagées servant aux acériculteurs pour la récolte de l’eau d’érable. L’artiste en a fait de beaux hamacs ainsi qu’un portail ouvrant sur la salle arrière.
Dans un recoin, une toute petite pièce où sont suspendus une quantité industrielle de rubans magnétiques qu’on a extirpés de vieilles cassettes vidéo. « Et il y a une surprise cachée dans un coin » nous prévient la surprenante Giorgia Volpe. Mais encore faut-il que le visiteur ait le courage de s’y aventurer…
Des draps et des mains
Des surprises, on en retrouve un peu partout dans le parcours de cette exposition. Mais il faut regarder à deux fois, porter attention. Comme ces draps blancs empilés dans un coin. Image banale à première vue, mais en s’approchant, on s’aperçoit que des mains de plâtre y sont partiellement cachées, témoignant selon l’artiste des âges de la vie.
Des mains sont aussi présentes dans la création « Les mains pensent ». Elles ont été découpées à partir d’images publicitaires d’un grand magasin puis cousues à la main sur des grandes couvertures dont se servent les déménageurs pour protéger les meubles. « J’ai préféré les mains plutôt que les visages, elles me parlaient davantage » explique simplement l’artiste.
Originaire du Brésil, Giorgia Volpe vit au Québec depuis 20 ans. Artiste multidisciplinaire, Elle a participé à plus de 140 expositions et elle a réalisé de nombreuses interventions publiques et résidences d’artistes au Brésil, à Cuba, au Canada et en Europe. En 2012, elle a participé à ORANGE, l’événement d’art actuel de Saint-Hyacinthe.
L’exposition se termine le 27 janvier, mais la salle sera fermée durant la période des fêtes, soit du 24 décembre au 7 janvier.
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