Paul-Henri Frenière
Centre Expression : Vers des cycles mouvants durant tout l’été
L’exposition s’intitule Vers des cycles mouvants et se déploie dans les locaux du centre d’exposition, situés à l’étage du Marché public, et au Jardin Daniel A. Séguin jusqu’au 12 septembre. Expression propose une exposition collective qui rassemble le travail d’un trio d’artistes, trois femmes qui semblent avoir une préoccupation commune : le passage du temps sur la matière et sur les âmes.
L’ensemble est composé d’une trentaine d’œuvres, en majorité des sculptures et des installations. Les œuvres d’Ingrid Tremblay, de Julie Roch-Cuerrier et de Kuh Del Rosario sont disposées de manière aléatoire, mais elles s’inscrivent toutes « dans la foulée des théories néo-matérialistes » selon les commissaires de l’exposition, Joséphine Rivard et Ariel Rondeau.
Ingrid Tremblay est d’origine québéco-syrienne. Son parcours comprend de nombreuses expositions individuelles et collectives au Québec, aux États-Unis et en Europe de même que de multiples résidences d’artistes aux États-Unis, en Italie et au Canada.
Chez Expression, l’artiste présente une dizaine d’œuvres dont deux, entre autres, qui occupent la salle centrale. Around the corner est une grande pièce de bois, finement et longuement sculptée, qui évoque un moment intime passé avec les femmes de sa famille. « En découvrant pour la première fois les récits de leur vie en Syrie, Ingrid Tremblay a ressenti simultanément une forte proximité et une grande distance face à cet héritage impossible à saisir… », peut-on lire dans le guide qui accompagne l’exposition.
Près de là, le visiteur peut voir la maquette d’une étrange montagne rose. L’œuvre, intitulée Salty feel, est une sculpture réalisée à partir d’une pâte à modeler salée, faite maison. Elle représente une vue topographique du mont Blanc.
Cette œuvre s’inspire du souvenir d’Ingrid Tremblay lorsque, jeune enfant, elle a demandé à sa mère de goûter à cette pâte à modeler. « Tout ce que je pouvais goûter était le sel. Comment quelque chose d’aussi beau peut-il être dégoûtant ? La différence choquante entre ma perception et la réalité m’a fait pleurer ce jour-là », a-t-elle raconté.
Des matériaux qui revivent
À travers une pratique sculpturale et photographique, Julie Roch-Cuerrier, quant à elle, explore les processus de transformation de la matière, se prêtant à une observation méticuleuse du passage du temps. On y décèle une présence marquée du vert-de-gris, fruit de l’oxydation du cuivre, qui ouvre la voie à une forme spectrale de matérialisation du temps, l’artiste recyclant inlassablement ce pigment instable dans ses différentes œuvres.
C’est elle qui présente une œuvre au Jardin Daniel A. Séguin. L’expérience vécue du temps (2018) est un moulage en bronze fait à partir de la souche d’un arbre planté par sa grand-mère dans le jardin familial, le jour de la naissance de l’artiste.
Pour sa part, Kuh Del Rosario récupère et intègre des choses du quotidien et des matières naturelles à ses installations. Elle se positionne en égale avec ces matériaux et tentant d’en dégager de nouveaux récits, de leur donner une sorte de seconde vie.
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Rappelons que l’exposition Vers des cycles mouvants se déroulera jusqu’au 12 septembre et que le couvre-visage est obligatoire pour les personnes de 10 ans et plus ou suivant les nouvelles directives de la santé publique.
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