Le Journal d’Henriette Dessaulles, un trésor à découvrir

Il y aurait tant à dire sur Henriette Dessaulles, celle qui s’est aussi fait connaître sous le pseudonyme de Fadette. Sa vie est si foisonnante qu’on pourrait facilement en tirer un film ou une télésérie. Ayant connu le grand amour très jeune, elle devint veuve rapidement avec 5 enfants sur les bras avant de devenir l’une des pionnières du journalisme féminin au Québec.

Mais attardons-nous à son journal intime qui fut publié 25 ans après sa mort et qui a connu la consécration littéraire. Henriette Dessaulles a tenu son journal de l’âge de 14 ans, au moment de son entrée au Couvent de Lorette, à 21 ans, à la veille de son mariage avec Maurice Saint-Jacques.

Son journal ouvre une fenêtre sur la vie quotidienne à Saint-Hyacinthe entre 1874 et 1881. On fait la connaissance d’une jeune fille de bonne famille, avec ses joies et ses peines, sa vie au couvent ou avec ses amis, son amour naissant pour le beau Maurice et sa relation difficile avec sa belle-mère qui espérait un parti « plus convenable » pour sa belle-fille.

Il faut mentionner qu’Henriette est née sous une bonne étoile. Fille du grand Georges-Casimir Dessaulles, un des derniers seigneurs de Saint-Hyacinthe, elle fait partie d’une famille bourgeoise de l’époque. Elle a pour parrain Louis-Joseph Papineau et pour cousin, Henri Bourassa, rien de moins!

Laissons la parole à Jean-Louis Major qui écrit dans la présentation de son journal :

« Ce qui donne à ce journal son unité fondamentale et son caractère unique, c’est d’abord la vérité de son écriture, marquée de part en part par la personnalité d’Henriette Dessaulles. Tour à tour enjouée et sérieuse, inquiète, révoltée et pieuse, songeuse, rieuse et nostalgique, elle trouve en son journal un témoin et un ami, un refuge, le lieu d’une découverte et d’une affirmation de soi.

Si les événements et les personnes qu’elle évoque appartiennent à un monde et à une époque révolus, son journal les éclaire de l’intérieur. Les joies, les espoirs, les chagrins et les rêves de cette jeune fille, exceptionnelle à tant d’égards et pourtant si proche, rendent un passé lointain à jamais actuel. »

Serge Bouchard a consacré à Henriette Dessaulles un épisode fort intéressant dans sa série De remarquables oubliés, disponible sur la plateforme Ohdio de Radio-Canada.

Mentionnons aussi l’ouvrage que lui a consacré notre collègue Anne-Marie Aubin et Jean-Noël Dion, Hommage à Henriette Dessaulles 1860-1946, en marge de l’exposition qui lui a été consacrée en 1985.

Son journal est toujours disponible en deux tomes aux éditions Bibliothèque québécoise. Écrit finement, son Journal se lit comme un roman.