
Paul-Henri Frenière
L’avatar d’un personnage fictif d’un roman; l’actualisation d’un profil en animation 3D; une vidéo sur un fantasme post-pornographique : bienvenue au 21e siècle. Bienvenue dans l’univers de Karoline Georges.
Maskoutaine d’adoption depuis une vingtaine d’années, l’artiste multidisciplinaire s’est d’abord fait connaître par l’écriture. Notons, au passage, qu’elle est l’une des fondatrices du Journal Mobiles.
C’est à Expression, en 2001, qu’a eu lieu le lancement de son premier roman, La Mue de l’hermaphrodite. En 2003, elle participait à la première édition de Orange, l’événement d’art actuel de Saint-Hyacinthe où elle y présentait, entre autres, une série de photographies.
L’écriture, la photographie, la vidéo, la modélisation 3D sont pour elle des disciplines qui s’interpénètrent et qui ont souvent comme support la virtualité.
Mais comment transposer cet univers numérique dans une salle d’exposition? Ma question semble la surprendre. Pour elle, c’est l’évidence.
Anouk A., l’avatar sublime
La démonstration s’ouvre sur une série de photographies qui rappellent, paradoxalement, l’époque argentique. « C’est pour l’esthétisme : le noir et blanc, le grain de l’image, la pureté de la lumière » explique l’artiste.
Les photos représentent le visage et certaines parties du corps de Anouk A., l’avatar sublime d’un personnage de son roman Ataraxie. C’est la plus récente production qu’elle a réalisée expressément pour l’exposition.
« Anouk A. est un avatar 3D créé dans Second Life, cet univers virtuel accessible sur internet, raconte Karoline Georges. Depuis le début de ce projet, en 2014, près de 250 designers 3D, en provenance d’une quarantaine de pays, se sont joints au processus. Ils me font parvenir régulièrement leurs créations et j’intègre les items reçus. C’est un work in progress. »
D’autres femmes modélisées en noir et blanc – et le plus souvent nues – animent cette exposition par des vidéos HD. « La couleur est un habillage superflu » dit-elle.
La sublimation du corps
Karoline Georges croit en la sublimation du corps humain. En fait, c’est une quête qui semble obsédante pour elle. Une sublimation qui transforme l’énergie vitale en création artistique prenant différentes formes.
À la voir évoluer à travers ses créations, son propre visage, son corps, ses expressions s’intègrent parfaitement dans cet univers virtuel et sexué. Comme si elle était, elle même, l’avatar de la déesse Aphrodite envoyé sur terre.
Un art qui voyage
La vidéo numérique REPÈRES, présentée sur grand écran dans la salle principale de l’exposition, nous fait aussi voyager à travers le monde. Des fragments poétiques sont inscrits en grandes lettres blanches sur des structures urbaines.
Son projet a débuté à Saint-Hyacinthe sur une usine de chocolat et s’est déplacé par la suite à Montréal, Toronto, Vancouver, New York, Paris, Londres, Amsterdam, Hambourg et Berlin. « Le projet n’est pas terminé, explique Karoline Georges, je veux le poursuivre en Asie. »
Sa quête du sublime se poursuit donc à travers la poésie inscrite en grandes lettres blanches sur les murs gris et anonymes du monde.
De la quête du sublime au temps de la virtualité
Karoline Georges
Jusqu’au 7 août 2016
EXPRESSION, Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe
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