Environnement

COVID-19 : De journaliste globe-trotteuse à confinée

Autoportrait en confinement. Photo : Catherine Courchesne

Je voyageais depuis 9 mois. Neuf mois à parcourir le monde, du Canada à la Thaïlande, en passant par la Floride, la Californie, Hawaï, l’Australie, Bali… J’étais rendue sur l’île thaïlandaise de Koh Tao quand la COVID-19 m’a obligée à rentrer chez moi.

Journaliste pigiste et nomade numérique, je travaille tout en voyageant. Un mode de vie où le terrain de jeu est la planète entière et où le mot d’ordre est liberté. Comme la vie sédentaire, la vie nomade comporte des hauts et des bas, et expose ses adeptes à divers risques. Par exemple, en novembre et décembre 2019, j’habitais à Sydney alors que l’Australie connaissait les pires feux de forêts de son histoire. La ville était parfois si enfumée que je devais rester confinée dans mon appartement. À ce moment-là, j’étais loin de me douter qu’un plus grand danger m’attendait au tournant, tout comme un réel et surréel confinement…

Autoportrait en confinement. Photo : Catherine Courchesne

Les premiers signes d’inquiétude

La COVID-19 est entrée dans ma vie de voyageuse alors que je découvrais Bali. Arrivée sur l’île indonésienne en janvier, les premiers signes d’inquiétude se sont manifestés vers la fin du mois, quand le président chinois a reconnu que la situation concernant la pneumonie de Wuhan était « grave » et qu’il a suspendu tous les voyages organisés en Chine et à l’étranger. Bali, une destination prisée par les Chinois, a donc vu sa clientèle chuter brutalement… Tout comme ses provisions de masques de protection. J’ai finalement réussi à m’en procurer un le jour de mon départ pour la Thaïlande, au début de février.

Une Thaïlande étrangement calme

En Thaïlande, j’ai d’abord vécu sur l’île de Koh Samui. Là-bas, les nombreux touristes russes et français faisaient oublier le vide laissé par leurs homologues chinois. Ce n’est qu’une fois rendue sur l’île de Koh Tao, en mars, que j’ai compris que quelque chose clochait. Île généralement bondée de touristes qui viennent y faire de la plongée, la plupart des commerces étaient déserts, cherchant désespérément des clients.

L’appel de Justin

À la mi-mars, tout a déboulé. Alors que je prévoyais partir pour le Vietnam, le Vietnam a fermé ses frontières. Ensuite, Justin Trudeau a demandé aux voyageurs canadiens de revenir rapidement au pays. C’est toutefois une agente de voyage thaïlandaise et un ami de San Francisco qui m’ont fait saisir l’ampleur de la situation. La première, en me disant qu’il ne fallait pas se fier sur son gouvernement pour gérer la pandémie. Le second, en m’expliquant à quel point les cas augmentaient dramatiquement en Californie. Bref, leur message était clair : Catherine, rentre au Canada. J’en ai parlé à mon amie Marie-France, qui était alors à Bangkok (une ville en confinement presque total) et, ensemble, nous avons décidé de revenir à Montréal.

Des mesures de protection inégales

Au contraire de bien des voyageurs, Marie-France et moi avons trouvé des billets d’avion sans trop de difficulté, à un prix plutôt raisonnable. Après 3 vols (Bangkok-Tokyo, Tokyo-Vancouver et Vancouver-Montréal), nous sommes enfin arrivées à la maison. Pendant les longues heures de voyagement, nous avons eu le temps d’observer la différence des mesures de protection : alors que tous les membres du personnel thaïlandais et japonais étaient masqués, ceux du personnel canadien arboraient leur plus grand sourire. En effet, à Vancouver et à Montréal, pas de masques ni de gants. Seuls quelques agents nous demandant si nous avions des symptômes de la COVID-19 et si nous allions, tel que recommandé par le gouvernement, respecter les 14 jours d’isolement. Des mesures insuffisantes, selon nous.

De la quarantaine au confinement

Revenir en catastrophe en pleine crise crée un stress immense sur l’organisme. Marie-France et moi avons donc passé notre quarantaine à nous remettre du décalage horaire et du choc du retour, ainsi qu’à nous tenir informées sur la pandémie. Chaque bulletin de nouvelles entendu confirmait que nous avions bien fait de revenir au pays. Quatorze jours plus tard, aucun symptôme de la COVID-19 en vue, nous avons pu enfin sortir prendre l’air et rejoindre nos familles respectives. En respectant les mesures de confinement, évidemment.

Que se passera-t-il maintenant? Bien malin qui pourrait prédire. Du moins, une chose est certaine en ce qui me concerne : la pandémie ne m’a aucunement enlevé l’envie de voyager et de parcourir la Terre. Bien au contraire! En espérant pouvoir le faire de nouveau, bientôt.