Environnement

La guerre au plastique

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En juin dernier, la députée fédérale Brigitte Sansoucy a reçu une trentaine de citoyens pour un « Café-rencontre ». La réunion portait sur un sujet chaud : le problème des plastiques à usage unique.

« Quand je me lève pour parler à la Chambre, je représente mes citoyens. C’est pour ça que ces rencontres et les petits sondages que je fais par la poste sont si importants pour comprendre les enjeux chers à la population de Saint-Hyacinthe–Acton, a expliqué la députée. Et pour le plastique à usage unique, il y a clairement un mouvement. »

Une spécialiste

Pour éclairer les gens présents au local de la députée, la lumineuse Annabelle T. Palardy, présidente du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain), était invitée à faire une présentation afin d’identifier ces plastiques et de découvrir des solutions. Ces babioles à usage unique sont faciles à reconnaître : on parle des emballages de styromousse pour la bouffe, des pailles, des pellicules cellophane, des petits ustensiles en plastique, bref, de tout ce qui ne porte pas le symbole des trois flèches indiquant le recyclage.

De gauche à droite : Annabelle T. Palardy, présidente du CCCPEM, et la députée fédérale Brigitte Sansoucy. Photo : Sylvain Laforest

Avec verve et humour, Annabelle a donné plusieurs trucs simples permettant de réduire la consommation individuelle de plastique. Pour l’occasion, elle a même déballé sa trousse personnelle qui comprend une paille lavable, un pot de verre Mason pour ses cafés ou sa soupe du midi, et un carré de tissu ciré pour remplacer le Saran Wrap. Selon Annabelle, se faisant ici l’écho du Forum économique mondial, « il y aura plus de plastique que de poissons dans l’eau d’ici 2050. Le problème est que le cycle complet du plastique soit imprégné de pétrole. La matière première, puis la transformation, et le transport, tout est lié au cycle du pétrole. » Avec un enchaînement rapide vers le réchauffement climatique et la transition énergétique, le thème des plastiques à usage unique a bifurqué vers celui du pétrole à usages multiples.

Pour Brigitte Sansoucy, c’est normal puisqu’il s’agit « d’un package deal, tout est lié dans cette histoire. Maintenant, c’est au gouvernement de décider s’il veut écouter les lobbys du pétrole ou répondre aux besoins de la population. » Mais ne convient-il pas de contester aussi cette transition vers l’électricité qui a lieu d’inquiéter puisque le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) voudrait augmenter de 150 % le nombre de centrales nucléaires d’ici 2050 ? « C’est sûr qu’il y a encore beaucoup de greenwashing, mais il faut regarder l’ensemble de la situation et avoir une vision globale pour arriver à des solutions. »

Il y a définitivement un problème avec le plastique. D’abord les plastiques à usage unique ne devraient pas exister puisqu’ils sont conçus, dès le départ, pour faire des déchets. Dans le cas du plastique recyclable, le problème est qu’au Québec, 82 % du plastique qu’on met dans nos bacs de recyclage ne sera pas recyclé et se retrouvera à l’enfouissement.

Comme un pain de sucre

Brigitte Sansoucy a mentionné qu’il y avait déjà une motion de déposée en chambre pour bannir les plastiques à usage unique dès 2022. Comme s’il avait entendu cet appel de la députée du NPD lancé un samedi, le premier ministre Justin Trudeau s’est présenté sur le Mont-Saint-Hilaire le lundi suivant, en cravate et chemise parce que Saint-Hilaire n’a pas de costume traditionnel, pour annoncer que le Canada bannirait les plastiques à usage unique en 2021. Une décision qui pourrait ne pas l’affecter puisqu’il y aura une élection en 2019 ! « Je suis heureuse de l’annonce du gouvernement et nous allons surveiller de près le déploiement de cette politique et ses détails. Jusqu’à maintenant, les beaux discours des libéraux de Justin Trudeau ne se sont pas traduits en actions concrètes ou en résultats », a conclu la députée Sansoucy.

L’homme a inventé le plastique en 1869 parce que la matière répondait à un besoin et, évidemment, ce n’est pas demain la veille que nos télécommandes seront faites en pâtes alimentaires, ou nos ordinateurs, en papier mâché. Nous devons maintenant nous assurer que le plastique recyclable soit recyclé, au moins dans des proportions aussi acceptables que le métal, le papier et le verre.

Plusieurs supermarchés travaillent sur l’élimination des sacs de plastique à usage unique, comme la chaîne Sobeys, dont fait partie IGA, qui éliminera les sacs de plastique dès la fin de janvier 2020. Sobeys estime que 225 millions de sacs de plastique sont utilisés dans ses magasins chaque année.