Environnement

La Ville de Saint-Hyacinthe adopte un premier plan de développement durable

Annabelle T. Palardy, présidente du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM).

Après plusieurs mois de travail de consultation et d’élaboration, la Ville de Saint-Hyacinthe se dote de son tout premier Plan de développement durable (PDD), qui prend le relais de la Politique environnementale adoptée en 2010, mais qui va encore plus loin en intégrant les volets sociaux et économiques.

Ce PDD a été élaboré en collaboration avec Nature-Action Québec (NAQ). C’est un plan ambitieux, sur 20 ans, qui sera renouvelé aux 5 ans pour voir si chacun des objectifs est atteint.

« Ce plan est plus qu’un document contenant des actions, mais la preuve réelle et assumée que la Ville et ses partenaires sont prêts à relever de nouveaux défis environnementaux, sociaux et économiques, car oui, il y a beaucoup d’actions à mettre en place. Nous aurons du pain sur la planche et nous aurons besoin de l’implication de la communauté pour réaliser certaines actions. Il s’agit de notre engagement à gérer nos ressources et notre territoire de façon durable tout en énonçant les moyens qui seront utilisés », explique le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil.

Technopole agroalimentaire verte par excellence

Le conseiller municipal David Bousquet présidait le comité de pilotage qui a établi les grandes lignes du plan. « Nous avons mené un exercice rigoureux de consultation et de validation. Nous avons obtenu des réponses positives des gens qu’on a sollicités. L’atteinte des objectifs va dépendre de notre implication à tous. C’est un plan ambitieux qui est adapté à notre réalité maskoutaine. L’objectif est de faire de Saint-Hyacinthe la technopole agroalimentaire verte par excellence en 2040 », précise-t-il.

Nombreux défis

« On veut rallier et mobiliser la population maskoutaine. C’est ce qui fixera notre niveau de réussite, ajoute le maire Corbeil, qui soutient que la finalité est toujours d’améliorer le milieu de vie. Nous allons, ensemble, fortifier notre communauté et offrir à tous un environnement en santé ».

Francis Desaulniers, de Nature-Action Québec, explique que la définition du développement durable, c’est de répondre aux besoins du présent sans compromettre le futur, donc dans le respect du patrimoine. De ce fait, l’équipe municipale s’est assurée que l’élaboration de ce plan reflète les besoins réels de la communauté maskoutaine, et ce, aux différentes étapes de sa réalisation.

Orientations, objectifs et actions

Ce plan est élaboré autour de cinq grandes orientations : l’économie, l’environnement, le socioculturel, la gouvernance et l’aménagement durable. Pour chacune, on retrouve une série d’objectifs auxquels sont ensuite associées plusieurs actions. Chaque action compte un indicateur de suivi, une cible et un échéancier de réalisation.

En détail, le plan contient 23 objectifs et 53 actions à mettre de l’avant pour les atteindre. Certaines de ces actions doivent être réalisées dès 2021. « Un plan de développement durable, ça se veut vivant et ça doit être constamment mis à jour. Des choses vont sûrement s’ajouter, car nous sommes sur une portée de 20 ans. On tente de se projeter en 2040. Le plan sera révisé une première fois dans cinq ans », indique le chargé de projet pour Nature-Action Québec, Francis Desaulniers.

Des actions à mettre en œuvre

Parmi les actions à mettre en œuvre, notons la réduction à la source des déchets, le soutien d’organismes et d’entreprises d’économie circulaire, l’implantation d’un nouvel écocentre d’ici 2023, la possibilité d’installer une plateforme de compostage régionale, la mise en œuvre d’une zone d’innovation, l’encouragement de bonnes pratiques agroenvironnementales, l’élaboration d’au moins un projet d’agriculture urbaine, la restriction de l’usage de pesticides sur les terrains municipaux loués à des tiers, le développement d’une économie touristique locale et écoresponsable, l’ajout progressif de bornes de recharges pour véhicules électriques et celui de supports à vélo près des sites événementiels et des lieux touristiques, la préservation de milieux naturels et la diminution des îlots de chaleurs urbains.

Du positif et des interrogations

Si la présidente du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM), Annabelle T. Palardy, considère que l’adoption d’un tel plan était nécessaire et qu’il y a beaucoup d’aspects positifs, elle émet tout de même quelques bémols, notamment en ce qui concerne le caractère vague de certains objectifs qui auraient besoin d’être davantage quantifiés. Mme Palardy apprécie la vaste consultation qui a mené à l’élaboration du plan et le fait qu’une évaluation des réalisations sera faite annuellement. Elle a d’ailleurs siégé au comité de pilotage.

Annabelle T. Palardy, présidente du Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM).

« Le processus a été rigoureux et inclusif, ce qui est très bien. Les citoyens ont été partie prenante, notamment, lors de soirées de brainstorming. Le plan propose des objectifs louables, mais on a besoin de plus d’actions pour les atteindre. Ce qui manque, à mon avis, ce sont des indicateurs clairs. Par exemple, on suggère d’allonger le réseau cyclable pour atténuer la circulation automobile au centre-ville, mais on ne donne pas de longueur. Est-ce qu’on va considérer l’objectif atteint si l’on fait seulement un kilomètre ? J’aurais souhaité des indicateurs plus ambitieux », commente-t-elle.

« Les intentions des autorités municipales sont bonnes. Ce plan présente une vision du développement durable intégrant les questions environnementales, économiques et sociales. Il reste à espérer qu’elles se concrétiseront par des actions tangibles. Ma principale crainte, c’est qu’il y a un risque d’égarement, car les moyens ne sont pas assez clairement identifiés », estime celle qui apprécie le soutien à l’agriculture urbaine afin de favoriser la souveraineté alimentaire.

Toujours selon Mme Palardy, l’habitation est un secteur clé. « Nous avons besoin de logements sociaux et abordables, mais pas uniquement. Il y a des manques dans tous les types de logements. Le parc de logements de Saint-Hyacinthe est cher et vieillissant. Il faut aussi mettre des efforts pour développer plus d’espaces verts. On se rend compte, avec la pandémie, qu’il en manque, ajoute celle qui déplore que le plan ne fasse pas du tout référence aux gaz à effet de serre. On ne dirait pas que nous sommes en situation d’urgence climatique ».

La version intégrale du Plan de développement durable ainsi que la présentation virtuelle sont disponibles au www.ville.st-hyacinthe.qc.ca/pdd.