Environnement

Un flushgate inévitable dans la rivière Yamaska à l’automne 2022

Bon nombre de Maskoutains se souviennent encore du déversement de 8,5 millions de litres d’eaux usées survenu en juin 2016. Photo : Nelson Dion (archives 2016)

La mise à niveau de la station de pompage Pratte située sur la rue Girouard Est obligera la Ville de Saint-Hyacinthe à cesser les activités de la station durant une période de 48 heures cet automne, ce qui occasionnera un déversement d’eaux usées non traitées. Le volume évacué dans la rivière Yamaska variera entre 40 et 70 millions de litres, soit l’équivalent de 16 piscines olympiques.

Bon nombre de Maskoutains se souviennent encore du déversement de 8,5 millions de litres d’eaux usées survenu en juin 2016. Photo : Nelson Dion (archives 2016)

C’est ce qu’a confirmé le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, lors de son mot d’introduction de la séance du conseil municipal du 4 avril dernier.

« Une période critique surviendra à l’automne 2022 lorsqu’une mise à l’arrêt de la station d’environ 48 heures sera inévitable. Pendant cette période, une partie des eaux usées provenant des résidences, commerces et des usines de la Ville sera rejetée dans la rivière Yamaska sans être traitée auparavant », a mentionné André Beauregard lors de la séance.

Ce dernier a toutefois précisé que la municipalité prendra une série de mesures pour limiter l’impact de ce déversement sur la qualité de l’eau de la rivière Yamaska. Il faut savoir que la station de pompage en question traite approximativement 70 % des eaux usées du territoire maskoutain.

Les travaux en question font partie du plan de gestion des débordements annoncé par la Ville de Saint-Hyacinthe en décembre 2020. Le plan, échelonné sur 10 ans et évalué à 105 M$, est composé d’une série de mesures qui a comme objectif de réduire les déversements dans la rivière Yamaska.

Parmi ces travaux, la réfection de la station de pompage Pratte devrait s’étendre jusqu’en février 2023 pour une facture avoisinant les 7,6 M$.

Ne pas répéter les erreurs du passé

Ce ne sera pas la première fois que la Ville de Saint-Hyacinthe vivra un tel scénario. Bon nombre de Maskoutains se souviennent encore du déversement de 8,5 millions de litres d’eaux usées survenu en juin 2016. À cette époque, la municipalité n’avait pas pris en compte le faible débit de la rivière Yamaska. Résultat : des milliers de poissons sont morts asphyxiés en raison du déversement des eaux usées, ce qui avait eu pour effet de diminuer l’oxygène dans le cours d’eau. Les images avaient fait la une du Journal de Montréal.

Cinq ans après, soit en 2021, la Ville de Saint-Hyacinthe a reçu deux constats d’infraction à ce sujet, dont la facture totale s’élève à 360 000 $. L’administration municipale a toutefois contesté ces amendes imposées par le ministère de l’Environnement du Québec.

Les efforts de la municipalité reconnus

Le 16 mars dernier, l’Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBV Yamaska) a tenu le Mini-forum de l’eau de la Yamaska 2022. Plusieurs experts sur les changements climatiques ont animé les différents panels.

Questionné sur l’état de la rivière Yamaska, le directeur général de l’OBV Yamaska, Alex Martin, a affirmé sans équivoque que la qualité de l’eau s’est améliorée au cours des dernières années, ce qui vient déboulonner le mythe selon lequel la rivière Yamaska est plus polluée. Comment est-ce possible?

« On remarque une baisse marquée du phosphore depuis quelques années. Plusieurs mesures ont été mises en place pour mieux protéger la Yamaska. Un meilleur usage des fertilisants agricoles et l’ajout de bandes riveraines sont deux exemples concrets qui permettent de mieux protéger, c’est un filet de sécurité », a fait savoir Alex Martin.

Même si le nombre de déversements a augmenté de 2019 à 2020, il faut accorder une préoccupation plus importante à ceux réalisés en temps sec. Sur l’ensemble de l’année 2020, la Ville de Saint-Hyacinthe a déversé ses eaux usées en temps sec à neuf reprises. Pourtant, la consigne ministérielle est claire en matière d’encadrement des débordements et des dérivations d’eaux usées par le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques (MELCC).

La directrice des communications et de la participation citoyenne de la Ville de Saint-Hyacinthe, Brigitte Massé, a expliqué les raisons qui ont mené à ces neuf déversements.

« Généralement, ce sont des pannes électriques dans différents secteurs de la ville où sont installés des postes de pompage, ou encore des bris d’équipements. Ces situations sont des exceptions, compte tenu de l’importance du réseau d’égout unitaire de la ville (101 km). De plus, il arrive que la Ville intervienne sur le réseau d’aqueduc pour rincer les conduites (interventions programmées) », a expliqué dans un courriel la porte-parole de la Ville.

Selon le plus récent rapport publié par Fondation Rivières, un organisme qui répertorie le nombre de déversements des différentes municipalités au Québec, en novembre 2021, plusieurs indicateurs permettent d’identifier les municipalités qui se démarquent à chaque bout du spectre.

Même si la Ville de Saint-Hyacinthe a reculé de trois rangs, passant de la 12à la 9place dans le palmarès des pires villes en matière de surverses, la situation s’est néanmoins améliorée de 2019 à 2020 sur le principal indicateur analysé, soit celui de l’indice d’intensité par habitant.

« Avec l’installation des outils entre 2019 et 2020 par la Ville, on a un meilleur portrait de la situation des déverses à Saint-Hyacinthe. Selon les données, ça signifie que l’indice d’intensité par habitant s’est amélioré par rapport à l’année précédente », a expliqué le directeur général de Fondation Rivières, André Bélanger.

 

Interdiction de débordement en temps sec

Sont interdits, en temps sec (soit toute période de 24 heures après la fin d’une pluie), tout débordement d’eaux usées ainsi que toute dérivation d’eaux usées non traitées ou partiellement traitées à une station d’épuration sauf :

  • En cas d’urgence;
  • En situation de fonte des neiges;
  • En raison de travaux visant la modification, la réparation ou l’entretien d’un ouvrage lorsqu’un avis est transmis au ministre en vertu de l’article 15;
  • En cas d’infiltration d’eau dans l’ouvrage causée par le dégel printanier.