Sylvain Laforest
Le coureur, Julien PInsonneault : Le Gérard Côté, version 2.0
Tout le monde a déjà entendu parler de Gérard Côté, ne serait-ce que pour la promenade majestueuse que la Ville de Saint-Hyacinthe s’apprête à ciseler le long de la Yamaska, baptisée en l’honneur du plus grand athlète de l’histoire maskoutaine. Par contre, plusieurs ignorent qu’il existe aujourd’hui une version 2.0 du grand Gérard Côté !
Des destins liés
Précisons d’abord que Julien Pinsonneault est beaucoup trop humble et affable pour se considérer lui-même comme une version améliorée de cette légende de l’athlétisme qu’est aujourd’hui Gérard Côté. « C’est mon idole, mon inspiration. Ce qu’il a réalisé à son époque est tout simplement incroyable ! » Et il a raison : c’était un géant ! Côté a remporté quatre fois le marathon de Boston entre 1940 et 1948, et il aurait probablement gagné une médaille d’or aux Olympiques si ce n’avait été de l’annulation des jeux en 1940 et en 1944 en raison de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il était au zénith de sa carrière. En plus de ses fabuleuses réalisations en tant que marathonien, le natif de Saint-Barnabé-Sud a gagné de multiples courses de raquettes, établissant même un record du monde en 1938 sur la distance de 10 miles, ou 16 kilomètres.
Julien Pinsonneault « court » aujourd’hui dans les traces de son idole. La première fois qu’il en a entendu parler, c’était à la petite école, quand on lui a raconté l’origine du nom du Défi Gérard-Côté auquel il participait pour la première fois à l’âge de sept ans. Sa voie venait d’être tracée et son destin, de se lier à la version 1.0. Depuis, Julien a été couronné champion canadien en raquettes en 2017. Il a même terminé 12e aux championnats mondiaux en 2018 ! Sur raquettes, il a déjà battu la plupart des meilleurs chronos de son modèle, mais il veut maintenant calquer ses pas de marathonien.
La prochaine étape
À date, le Maskoutain de 26 ans, qui est encore aux études en kinésithérapie pour devenir physiothérapeute, s’est contenté de faire des demi-marathons parce qu’il ne se sent pas encore prêt pour faire le long saut. Toutefois, ses performances ne mentent pas : il a déjà remporté plusieurs de ses courses sur 21 kilomètres. « J’ai même établi un record Guinness pour le meilleur temps en duo, alors que j’ai poussé mon partenaire Charles-Olivier Gauvin en fauteuil roulant en 1 heure 20 minutes et 31 secondes. Ç’a été un beau moment ! »
Julien vient à peine de récidiver, avec son partenaire, en homologuant son record Guinness au Demi-marathon Bonneville de Lachine, le 20 août dernier, avec un temps de 1 heure 23 minutes et 52 secondes. Son plus beau souvenir de cette journée ? « Le sourire de Charles-Olivier à l’arrivée… J’ai encore des frissons ! » Cette réflexion décrit parfaitement le type d’homme qu’est Julien : son cœur est encore plus fort au sens figuré qu’au sens propre.
Il prévoit passer au grand marathon « d’ici deux ou trois ans. Je suis en progression, et il n’y a pas de presse ! Je veux être capable de courir toute ma vie. »
Quel serait le plus grand rêve de Pinsonneault ? « Il n’y a pas de doute, je voudrais un jour battre son meilleur temps de 2 heures 28 minutes et 25 secondes sur un marathon. Ce ne sera pas facile, mais je vais travailler fort pour y arriver. » Quand on sait que le record québécois est de 2 heures 14 et des poussières, et qu’on ne menace pas ce record depuis plusieurs années, on comprend que ce serait là un formidable exploit.
On ne peut que lui souhaiter — peu d’athlètes sont aussi gentils, polis et souriants que ce grand rouquin calme de 6 pieds et 2 pouces — la version 2.0 de Gérard Côté. Et s’il arrivait à battre la marque de la légende, peut-être verrions-nous un jour l’école ou le pont Julien-Pinsonneault, qui sait ?
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