Opinion

Mobilisons-nous et résistons !

Photo : FREEPIX

C’est peu dire que d’affirmer que les conditions de vie d’un nombre important de personnes se sont rapidement dégradées dans les dernières années au Québec. Et rien ne tend vers une amélioration significative, du moins pas à court ni à moyen terme. En lisant le cri du cœur de Françoise David, dans Le Devoir à la fin du mois de janvier, qui en appelle à la mobilisation et à la résistance, j’ai ressenti un mélange de colère et de peur, mais aussi d’espoir.

Je ressens de la colère, parce que, tout comme Madame David, je n’en peux plus de toute cette détresse humaine. L’augmentation considérable de l’itinérance, l’explosion des demandes d’aide alimentaire, les prestations d’aide sociale, le supplément de revenu garanti et le salaire minimum qui ne permettent même pas de vivre dans la dignité, la classe moyenne qui sera bientôt chose du passé…

Depuis plusieurs années, les crises s’empilent et c’est le peuple qui mord la poussière. Quand on finit par reconnaître ladite crise, il est un peu tard et souvent, la majeure partie des dommages qu’on aurait pu éviter est déjà faite.

Prenons la crise du logement ; les regroupements sectoriels nationaux et leurs membres se positionnent depuis plusieurs années pour dénoncer l’effritement des droits des ménages locataires et aussi pour réclamer un réinvestissement massif dans le logement social et abordable.

Les crises de nos systèmes d’éducation et de santé ; les travailleur-euses sont exténué-es de devoir faire face à toute l’instabilité qu’on leur impose.

La crise environnementale ; les expert-es terrain s’entendent tous-tes pour dire que les gouvernements doivent en faire beaucoup, beaucoup plus pour lutter concrètement contre les changements climatiques et pour protéger la biodiversité.

La crise sociale ; les organismes communautaires, affaiblis par le sous-financement chronique, sont à bout de souffle devant des listes d’attente qui ne diminuent pas, c’est désespérant pour un-e intervenant-e de devoir annoncer à une personne qui a besoin de soutien qu’elle devra patienter.

La crise politique ; notre voisin du sud qui préfère menacer que collaborer et qui signe décrets par-dessus décrets, en toute impunité, visant à affaiblir, voire anéantir plusieurs droits humains.

Je ressens aussi de la peur, parce qu’au travers de tout ça, on observe une montée inquiétante de l’extrême droite, une banalisation des discours d’intolérance haineux, racistes, misogynes, homophobes, transphobes, et j’en passe. S’ajoute à mes craintes la fâcheuse tendance partisane d’identifier un bouc émissaire comme étant la source de tous nos problèmes.

Toutefois, en constatant qu’en réaction à toutes ces injustices et ces inégalités persistantes, nos mouvements sociaux rassemblent leurs forces et s’organisent, je trouve un peu d’espoir à travers toutes ces situations qui me désolent et qui désolent assurément beaucoup de personnes. Le défi des prochains mois et des prochaines années sera de convaincre nos législateur-trices qu’il est impératif de mettre en place des mesures structurantes pour assurer un niveau de vie décent à la population, pas seulement des compresses pour colmater des hémorragies.

J’aimerais pouvoir dire que la célèbre citation de Simone de Beauvoir disant « qu’il ne suffira que d’une crise (…) pour que les droits des femmes soient remis en question  », est obsolète, mais elle est malheureusement encore d’actualité et peut même s’appliquer dans une perspective intersectionnelle.

J’invite toutes les personnes marginalisées, réfugiées et issues de l’immigration, les Premières Nations, la communauté LGBTQ2+, les personnes aînées, celles vivant avec une limitation fonctionnelle, ainsi que toutes celles qui se sentent terriblement oppressées par le contexte social actuel, à se mobiliser et à résister, ensemble !

Personne n’est gagnant lorsque des gens perdent des droits, le fossé des inégalités continue plutôt de se creuser encore plus rapidement. Les élu-es, que ce soit au municipal, au provincial ou au fédéral, devront apprendre à consulter et surtout, prendre en considération l’expertise des acteur-trices terrain, tous secteurs confondus, lorsque ces dernier-es lèvent un drapeau rouge et proposent des solutions concrètes.