Opinion

Éducation : et si l’argent n’était pas la seule solution?

L’argent est-il la solution à tout? Bien sûr que non. L’argent peut résoudre bien des problèmes mais ce n’est pas la seule solution. Pourtant, quand un gouvernement s’attaque à un problème, sortir le chéquier est souvent son premier geste.

On l’a vu beaucoup dans le secteur de la santé. On paie davantage les médecins, les différents spécialistes et les employés du réseau de la santé. Mais ces hausses de salaires ont-elles vraiment amélioré les services aux citoyens? Ben non : on a plutôt l’impression que les problèmes perdurent et perdurent.

On l’a très bien vu lors des dernières négociations avec les enseignants. Dans leurs revendications, ceux-ci désiraient qu’on s’attaque résolument à la lourdeur de leur tâche, notamment face à l’enjeu de la composition de la classe.

Dans le secteur public, les classes accueillent un nombre de plus en plus élevé d’élèves en difficulté. Selon une statistique relevée par La Presse +, le nombre d’élèves en difficulté a plus que doublé depuis 2000 au Québec.

Bien sûr, le gouvernement Legault voudrait bien y remédier.  Il aimerait ajouter des classes mais il manque cruellement d’enseignants. Il voudrait aussi ajouter du soutien, mais là aussi, il peine à trouver du personnel. Et même si on continue de former des enseignants année après année, plusieurs quittent la profession après quelques années, exténués et découragés par leur tâche. C’est ce qu’on appelle la quadrature du cercle : un problème auquel il ne semble pas y avoir de solution.

Lors des dernières négociations, c’est ce qui a conduit le gouvernement Legault à proposer une prime entre 4 000 $ et 8 000 $ aux enseignants dès que leur classe comprendrait 50 % ou 60 % d’élèves en difficulté. On peut comprendre les enseignants qui ont rejeté cette offre. Une prime à un prof qui est déjà débordé ne changera rien à sa situation!

Or, l’argent ne règle pas tout. Ce n’est pas la solution miracle.

Bien sûr, avoir de bonnes conditions salariales est important. Un emploi doit permettre de vivre décemment. Mais trop souvent, on oublie les conditions de travail. Gagner un bon salaire dans un emploi qui comporte des conditions exécrables ne rend pas plus heureux. Une hausse de salaire met un baume sur le problème durant un certain temps mais celui-ci resurgira tôt ou tard.

Alors, on fait quoi? Oublions les solutions magiques qui règlent tout. C’est bon en campagne électorale pour gagner des votes, mais face à une réalité complexe, il faut bien plus. Peut-être qu’au fond, il faudrait commencer à rendre le travail plus intéressant.

Les meilleurs milieux de travail sont ceux qui mettent l’accent sur leurs employés, qui s’attardent à l’ambiance de travail et à la reconnaissance du travail accompli.

Bien sûr, au niveau provincial, c’est un peu difficile à appliquer. Par contre, à petite échelle, dans chaque école, améliorer les conditions de travail reste quelque chose de possible. Et d’ailleurs, ça se fait déjà. Il y a plein d’écoles extraordinaires et d’enseignants tout aussi extraordinaires qui insufflent le goût d’apprendre aux élèves et qui font des écoles des milieux de vie enrichissants.

C’est idéaliste, évidemment, mais lorsqu’on se rappelle les milieux de travail qu’on a le plus aimé dans notre vie, ceux-ci n’étaient pas toujours les plus payants.