
Marie-Claude Morin
Le mois d’avril est porteur de renouveau et d’espoir. Nous y soulignons d’ailleurs le Jour de la Terre. Une journée pour se rappeler, ensemble, que la lutte environnementale, elle, continue et qu’il ne faut surtout pas lâcher, mais aussi un moment pour faire le point, de façon individuelle, afin d’analyser si comme personne je peux en faire davantage ou faire quelque chose différemment.
Cette éco-anxiété individuelle, nous la portons tous-tes de façon collective. Ainsi, je ne crois pas que l’on devrait jeter des pierres à la mère monoparentale qui utilise des couches jetables, à la personne seule et occupée qui consomme des produits suremballés ou encore, à la personne manquant de ressources financières de ne pas favoriser la consommation de produits locaux. Ajoutons que, comme le soutien une partie de la littérature en lien avec l’éco-féminisme, c’est souvent à la charge mentale des femmes que s’ajoute toute cette organisation autour des bonnes habitudes que l’on voudrait que chaque ménage adopte. On ne peut donc pas en vouloir à une personne qui est en mode survie de ne pas faire le maximum.
Oui, il est certain que nous avons une responsabilité comme individu-e ou comme ménage de trier nos déchets, de réduire notre empreinte écologique, de préserver nos ressources naturelles et d’acheter local, lorsque c’est possible. Mais si nous nous donnons les moyens de poser, ensemble, des actions concrètes tout en trouvant des solutions viables et en donnant la possibilité à chaque citoyen-ne de pouvoir faire sa part, selon ses capacités, nos efforts individuels auraient beaucoup plus de poids.
Je crois aussi que tous les combats peuvent s’imbriquer, la Journée des locataires étant également soulignée en avril depuis quelques années, il serait peut-être pertinent ici d’amalgamer la crise du logement avec la crise environnementale.
Je rêve, depuis plusieurs années, de communautés vertes, empreintes de mixité sociale où les connaissances, les habiletés, les capacités et les intérêts de chacun-e seraient mis au service du sain développement du territoire et de chaque humain-e qui compose cette collectivité. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous!
Il existe effectivement déjà des coopératives d’habitation et des habitations à loyer modique. Si nous continuons de suivre les principes que le logement est un droit et que l’abordabilité d’un loyer est d’y consacrer 25% de son revenu, ainsi, nous restons en capacité d’affronter nos autres besoins et obligations (nourriture, vêtements, transport, communications…), il serait plus que souhaitable de démarchandiser ce besoin de base, tel que le réclament tous-tes les acteur-trices gravitant autour du logement et/ou de l’itinérance. J’ajoute qu’avec les richesses de notre territoire, nous aurions la possibilité de nous densifier, ne serait-ce qu’un minimum et favoriser le développement de micro-communautés interdépendantes. Il est certain que des investissements importants en matière de logement devront essentiellement être faits de la part de nos gouvernements, des décisions devront également être prises pour que les grands pollueurs fassent concrètement leur part. Mais, à plus petite échelle, en favorisant un sentiment d’appartenance et en incluant dans le développement de projets immobiliers, l’expertise des organismes communautaires en environnement, il serait possible de faire de ces collectivités des endroits où chacun-e aurait vraiment envie de faire sa part.
Du même souffle, nous pourrions donner à plusieurs ménages locataires une possibilité supplémentaire d’être un peu moins en mode survie et de sentir qu’ils prennent part davantage au sain développement de notre territoire, qu’ils ont accès aux richesses de ce dernier et que, collectivement, nous avons la possibilité de vivre mieux, de s’entraider et de sentir que nos efforts, aussi minimes qu’ils soient, ne sont assurément pas inutiles.
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