Politique

Dérouler le tapis rouge pour un éléphant blanc

Photo : Nelson Dion

Il était une fois une ville qui décida de densifier son centre-ville. C’est pourquoi quand le Groupe Sélection présenta son nouveau projet, la ville sauta dans l’aventure. Bien sûr, il y aurait des coûts, mais ça vaudrait la peine, non?

Le tapis rouge

La ville allait dérouler le tapis rouge pour que ce projet puisse se réaliser, coûte que coûte et à l’encontre de la volonté des citoyens du centre-ville. Leurs nombreuses démarches n’ont pas été prises en compte par la ville qui, notamment, n’a pas tenu de référendum sur la question.

Photo : Nelson Dion

Il fallait que la ville vende à Groupe Sélection une partie d’un stationnement pour que le projet se fasse? Qu’à cela ne tienne! La ville voulait tellement ce projet qu’elle agrandirait d’autres stationnements à grands frais et évincerait à cet effet de nombreux locataires, question de compenser les cases perdues.  De plus, elle céderait le stationnement à Groupe Sélection à un prix convenu dans le passé, sans tenir compte de sa valeur marchande au moment de la vente. Elle donnerait aussi au promoteur un congé de taxes de cinq ans. Ça représente beaucoup de coûts, mais ça vaudrait la peine, non?

Ah! Oui! Il fallait aussi démolir des immeubles à logements sur la rue Saint-François pour construire le nouveau projet. On délogerait ainsi des résidents, dont certains y habitaient depuis des dizaines d’années, afin de bâtir un immeuble avec plus de logements, ceux-ci destinés à une clientèle mieux nantie. Ça représente un coût humain énorme, mais ça vaudrait la peine, non?

L’éléphant blanc

Tout ça pour ça! Le réveil est brutal, car Groupe Sélection s’est révélé un géant aux pieds d’argile. L’entreprise est très endettée et s’est mise sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies le 14 novembre dernier. Qu’adviendra-t-il du chantier de Saint-Hyacinthe?

L’éléphant blanc tel un phénix?

Il pourrait être une fois la ville de Saint-Hyacinthe qui, devant cette mésaventure, refuserait que son centre-ville soit défiguré par des ruines neuves. Elle ferait preuve de vision et rachèterait le projet pour en créer un plus inclusif et équitable : un projet de logements sociaux et abordables où pourraient se côtoyer et s’entraider des personnes de tous âges, des familles, des nouveaux arrivants et des étudiants. La ville pourrait se faire le promoteur de ce projet porteur, qui revitaliserait réellement le centre-ville. Le tapis rouge est déjà déroulé. Il nous semble que s’en servir pour répondre aux vrais besoins du milieu, ça vaudrait la peine, non?

Sophie Brodeur et Nelson Dion