Roger Lafrance
Il était un jardin : une ferme qui produit de la beauté
Encourager l’agriculture locale peut prendre différents visages. On pense immédiatement aux fermes maraîchères, aux paniers de légumes bio ou encore à celles qui produisent du bœuf ou du poulet.
Avec sa ferme Il était un jardin, Isabelle Leclerc produit de la beauté. En effet, avec ses fleurs coupées, il est impossible de rester insensible face à ses campanules, zinnias, tulipes, dahlias ou lisianthus aux couleurs pastel.
Pour se rendre à sa ferme, il faut se rendre à Saint-Louis, à la limite même de Saint-Aimé. Ses installations occupent la majeure partie de son terrain à l’arrière de la maison familiale. Avouons-le, ce n’est pas très grand, mais l’espace comprend deux petites serres et il permet tout de même de produire une quantité impressionnante de fleurs.
L’idée de sa ferme florale est née durant la pandémie. Ayant toujours travaillé en horticulture, Isabelle Leclerc a profité de cette occasion pour prendre un temps d’arrêt. Ses enfants étaient jeunes et elle cherchait un moyen de travailler à la maison tout en se consacrant à un projet qui répondrait mieux à ses aspirations.
On se souvient qu’au début de la pandémie, le gouvernement du Québec avait lancé un appel à s’approvisionner localement auprès de producteurs agricoles. Or, cet intérêt soudain pour l’achat local se remarquait aussi dans le secteur des fleurs coupées.
La plupart des fleurs coupées ont parcouru des milliers de kilomètres avant d’atterrir chez les fleuristes ou autres marchands, souvent en provenance de la Colombie ou du Mexique. Malheureusement, cette production est peu soucieuse de l’environnement et des conditions de travail des travailleurs impliqués.
Produire des fleurs coupées de façon écoresponsable rejoignait ainsi ses valeurs. « Et ça répond aussi aux valeurs de plus en plus de gens, renchérit-elle. J’ai donc saisi l’opportunité ».
Optimiser l’espace disponible
Elle a donc converti son immense jardin à la production de fleurs. Isabelle Leclerc applique ainsi les techniques de l’agriculture bio-intensive, ce qui lui permet d’optimiser son espace. Le travail est surtout manuel et elle procède à plusieurs rotations dans ses cultures. Aussi, le fait de posséder deux petites serres lui permet de démarrer les semis plus tôt et d’allonger les périodes de livraison de ses fleurs.
« Je rentabilise au maximum l’espace que j’ai », souligne-t-elle.
Il était un jardin produit une soixantaine de variétés de fleurs. Sa ferme n’est pas ouverte au public, sauf pour les gens qui choisissent de commander sur son site internet. Ses bouquets sont disponibles dans deux commerces, l’un à Sorel-Tracy, l’autre à la Ferme Gadbois de Saint-Barnabé-Sud. Le reste de sa production est prise en charge par un grossiste qui approvisionne les différents fleuristes.
Quel accueil reçoit-elle chez les fleuristes?
« C’est une relation qui s’établit graduellement, indique Isabelle Leclerc. Si certains fleuristes trouvent les fleurs produites ici trop cher par rapport aux produits d’importation, d’autres ont hâte de les recevoir car ils savent que leur durée de conservation sera beaucoup plus longue et qu’elles n’auront pas souffert des conditions de transport ».
La clientèle, elle, est majoritairement féminine, souligne-t-elle. « Il y a beaucoup de personnes retraitées qui ont quitté leur maison, qui n’ont plus de jardin mais qui désirent retrouver les fleurs qu’elles faisaient pousser ».
Isabelle Leclerc est loin d’être la seule productrice de fleurs coupées au Québec. Une association vient d’ailleurs de voir le jour, l’Association des productrices.eurs de fleurs coupées du Québec, qui compte pas moins d’une cinquantaine de membres.
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