Société
FAMILLE PAVON-AGUILA

APPUIS, LARMES ET ESPOIR

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L’émotion était palpable samedi dernier dans le sous-sol bondé de l’église Saint-Joseph. Près de 200 personnes étaient venues signifier leur appui à la famille maskoutaine Pavon-Aguila menacée d’expulsion par le gouvernement fédéral de Stephen Harper.

Leticia Aguila. (Photo: Nelson Dion)

Les larmes ont commencé à couler quand la mère, Leticia Aguila, a déclaré que la lutte qu’elle menait, c’était pour l’avenir de leurs enfants, Fernanda et Stéphanie. « Je crois que tous les parents feraient la même chose, a-t-elle dit. Nous voulons que nos enfants puissent grandir dans la paix et la sécurité ».

Leticia Aguila faisait référence aux agressions d’un groupe criminel que la famille avait subies lorsqu’ils vivaient au Mexique. « Après la troisième fois, mon mari et moi nous avons dit : ça suffit, c’est assez! Nous avions vraiment peur pour la vie de nos enfants ».

Fernanda, 16 ans, et sa petite sœur Stéphanie, 11 ans, sont arrivées à Saint-Hyacinthe avec leurs parents le 22 janvier 2009. Depuis, elles vont à l’école et se sont fait des amies.

L’une de leurs copines, une étudiante de la polyvalente  Hyacinthe-Delorme, s’est d’ailleurs manifestée à la fin de la conférence de presse. En larmes, elle a courageusement pris le micro pour exprimer comment elle trouvait cela injuste ce que le gouvernement faisait à ses amies. « C’est une famille modèle. Jamais je ne vais accepter ça, jamais ! » a-t-elle lancé.

Un modèle d'intégration

Ce sont d’ailleurs des mots qui revenaient constamment dans les témoignages entendus : « une famille modèle ». Les gens qui les ont côtoyés à Saint-Hyacinthe depuis quatre ans sont unanimes : « cette famille est un modèle d’intégration dans notre milieu ».

Esteban Pavon et Leticia Aguila travaillent tous les deux pour une entreprise de la région. Ils parlent très bien français, de même que leurs deux filles qui n’ont pratiquement pas d’accent. Les parents font du bénévolat pour des organismes comme la Maison de la famille des Maskoutains et Forum 2020. Alors, où est le problème ?

Marie-Claude Morin. (Photo: Nelson Dion)

Évidemment, pour répondre à cette question, les yeux se tournent vers la députée de Saint-Hyacinthe-Bagot au parlement fédéral, Marie-Claude Morin.

« J’ai écrit une lettre recommandée au début de la semaine au ministre de l’Immigration, Jason Kenney. Je sais qu’il l’a bien reçue puisque j’ai vérifié sur le site de Postes Canada. Dès que j’aurai sa réponse, je verrai si je dois solliciter une rencontre avec lui. Le NPD travaille également sur une pétition. Malheureusement, elle n’était pas disponible aujourd’hui. » a-t-elle déclaré.

AJOUT: Mardi, Marie-Claude Morin est intervenue à la Chambre des communes lors de la période de déclaration des députés.

Chose certaine, Marie-Claude Morin et la famille Pavon-Aguila peuvent compter sur l’appui de la communauté maskoutaine. L’organisme Solidarité populaire Richelieu-Yamaska (SPRY), organisateur de la conférence de presse, est particulièrement actif dans ce dossier.

Sous la plume de Jean-Paul St-Amand, SPRY a également fait parvenir une lettre au ministre Jason Kenney, le 25 janvier dernier. On y réclame une intervention pour surseoir aux procédures de déportation de manière à ce que « minimalement, les enfants puissent terminer leur année scolaire. »

 

Stéphanie, 11 ans. (Photo: Nelson Dion)L’organisme SPRY, dans ses démarches, est associé au groupe montréalais Montréal Mexicains unis pour la régularisation (MUR) et au Service de pastorale auprès  des personnes immigrantes représenté par John Sanchez de l’Évêché de Saint-Hyacinthe.

L’évêque du diocèse de Saint-Hyacinthe, François Lapierre, était d’ailleurs sur place pour encourager la famille, de même que le député de Saint-Hyacinthe à l’Assemblée nationale, Émilien Pelletier.

Ce dernier en a profité pour lancer quelques flèches au gouvernement conservateur de Stephen Harper et a déclaré qu’il éprouvait un « malaise profond » envers les décisions du fédéral en matière d’immigration.

On sait que depuis la mise en vigueur de la loi C-31, en décembre dernier, un nombre important de réfugiés font face à l’expulsion en raison de critères plus stricts, sans égard à la réussite de leur intégration .

Encore récemment, on se rappelle qu’une autre famille d’origine mexicaine résidant à Montréal, les Reyes-Mendez, a été expulsée du Canada après quatre années passées au pays, comme les Pavon-Aguila.

Consciente de ces faits, Leticia Aguila garde tout de même espoir. « Nous sommes vraiment touchés par l’appui que nous recevons des Maskoutains » a-t-elle déclaré. Elle espère que cette vague de solidarité se rende jusqu’à Ottawa. La réponse viendra bientôt.