Société

Des solutions différentes pour contrer la crise du logement

Œuvrant tous les deux dans le domaine du logement et de l’habitation, Daniel Rondeau et Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud ont rédigé un mémoire pour une politique soutenue du logement à Saint-Hyacinthe Photo : Nelson Dion

Œuvrant tous les deux dans le domaine du logement et de l’habitation, Daniel Rondeau et Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud ont rédigé un mémoire pour une politique soutenue du logement à Saint-Hyacinthe, mais qui s’adresse à plusieurs municipalités vivant des situations similaires.

D’entrée de jeu, les auteurs précisent qu’ils agissent à titre personnel. « Nous œuvrons tous les deux dans le domaine. Ce qu’on voit sur le terrain, c’est qu’il y a vraiment des besoins qui dépassent la construction de logements sociaux. Nous voulions présenter un autre son de cloche, une approche différente. L’exercice n’est pas une critique envers qui que ce soit, mais un guide pouvant aider les municipalités et les entreprises à mettre en application des solutions innovantes. Nous ne voulons qu’ouvrir une troisième voie de solution à la crise du logement », précisent-ils.

Les deux spécialistes assurent qu’il est possible de réaliser des projets autres que des logements sociaux, même dans les petites villes. Ils mentionnent qu’il existe des fonds dédiés comme le Fonds immobilier de solidarité de la FTQ ou d’autres sources de financement détenues par des œuvres caritatives pour des projets particuliers.

« Avec la crise actuelle, les gens du bas de la classe moyenne ont aussi de la difficulté à payer leur logement dont le prix augmente en raison de la rareté. Oui, il faut plus de logements sociaux, mais ça prend plus de logements tout court », lancent les auteurs, qui ont approché les municipalités et les gens de l’industrie parce que le recrutement va de pair avec le logement.

Une perte d’attractivité

« Le manque de logements amène une perte d’attractivité au niveau de l’emploi. Certaines entreprises ont des ressources dans les services des ressources humaines qui sont destinées à faire signer des contrats de bail, gérer des projets de construction ou de location », signale M. Nadeau-Voynaud, qui se dit assez confiant de voir la situation s’améliorer avec un effort concerté.

Les deux spécialistes donnent quelques exemples de projets réalisés ailleurs au Québec, dont un quartier artisan à Lac-Mégantic. « Avec un fonds qui peut venir de la municipalité ou d’institutions comme Desjardins ou la FTQ, on fait la mise de fonds (20 % du projet) et le reste du financement se fait avec une hypothèque. À Lac-Mégantic, cela a financé la construction d’une vingtaine d’unités. On peut faire cinq fois plus de portes en changeant un peu le modèle. »

Maisons usinées

Les auteurs du mémoire parlent notamment de la construction de maisons usinées multiplex qui sont plus rapidement disponibles, plus économiques et plus respectueuses de l’environnement. « Le logement doit maintenant être considéré et traité comme une infrastructure critique, tant pour le bien-être des citoyens que pour l’économie de la région », soulignent Daniel Rondeau et Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud.

Le financement de l’État ne suffit pas

« Le financement de l’État ne suffit jamais à la demande et il est assez improbable qu’il augmente en proportion des besoins réels dans les prochaines années. Le logement social doit être rationné par l’OMH et cela exclut donc la vaste majorité des ménages maskoutains. Ainsi, tous ceux qui ne sont pas admissibles au logement social tombent sous le règne du libre marché. C’est-à-dire de la spéculation amplifiée par la pénurie de logements ou les abus de toutes sortes que nous observons ces dernières années dans le monde de l’habitation locative », constatent MM. Rondeau et Nadeau-Voynaud.

Des solutions

Les auteurs du mémoire constatent que d’autres sources et formes de financement ou d’investissements en logements locatifs sont nécessaires pour renverser la tendance actuelle et venir à bout de la crise du logement. « C’est probablement la compréhension du gouvernement du Québec qui ouvre les possibilités de financement de tels projets de construction de logements abordables ou familiaux, avec son nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ). Le gouvernement prévoit ainsi la construction de 1 700 nouveaux logements pour l’ensemble du Québec d’ici 2024 », lancent-ils.

Vers la création d’un bureau régional

Par ailleurs, Daniel Rondeau et Pier-Alexandre Nadeau-Voynaud estiment que la participation « encadrée » ou « volontaire » du secteur privé au développement et à la disponibilité du logement abordable ou familial est un passage obligé pour diminuer la crise du logement dans la région maskoutaine.

« Les villes ont des pouvoirs et des moyens d’interventions qui, mis en commun au niveau régional, peuvent faire la différence. Les mesures incitatives possibles sont multiples pour l’encadrement du développement qualitatif de notre parc d’habitation. La création d’un bureau régional de l’habitation est indispensable pour assurer la coordination des efforts de l’ensemble des intervenants, des groupes d’intérêts et surtout des municipalités. »