Sophie Brodeur
La cyberdépendance chez les adolescents
Dans le cadre de ses conférences grand public, le Cégep de Saint-Hyacinthe présentait le 13 mars dernier une conférence intitulée La cyberdépendance chez les adolescents. Devant une foule composée en grande partie de parents, Miguel Therriault, responsable des services professionnels au Grand chemin, centre spécialisé pour adolescents vivant des problèmes de dépendance, a démystifié le phénomène.
L’internet est un outil formidable dont on ne voudrait pas se passer. Toutefois, il peut aussi avoir ses effets néfastes. L’adolescence est une période de changements et de vulnérabilité. L’adolescent bâtit son identité par les relations qu’il entretient. Il a besoin de la reconnaissance des autres et devient vulnérable aux « like » et autres marques d’approbation. Ces marques, dûment bâties pour nous ramener au site visité, activent la dopamine qui nous motive à répéter le comportement approuvé.
Jeux de rôle en ligne massivement multijoueur (MMORPG)
Les jeux de rôle en ligne permettent à plusieurs personnes d’interagir simultanément dans un monde virtuel qui est continu. Le joueur a un avatar qui progresse. Plus son personnage est performant, plus le jeu devient difficile. Ces jeux ont plusieurs caractéristiques positives lorsque l’ado s’y adonne d’une façon raisonnable.
Toutefois, ils peuvent avoir, pour des ados fragilisés, des effets pernicieux. Comme ces jeux sont sans fin, ils peuvent se sentir coupables s’ils n’y sont pas. Quand ils y sont, ils sont valorisés : leur avatar est reconnu. Ils sont immergés dans le jeu et le temps passe vite. Éventuellement, la vie en ligne devient plus satisfaisante que la vie réelle.
Dépendance
M. Therriault précise que la dépendance se développe sur des années. Elle dépend des fragilités personnelles et aussi des environnements dans lesquels les ados évoluent : école, maison, disponibilité de l’équipement informatique. La cyberdépendance serait un symptôme de problèmes relationnels.
Les caractéristiques qui la définissent sont la préoccupation obsessionnelle, des symptômes de sevrage psychologiques quand l’ado n’est pas en ligne (anxiété, angoisse), et une tolérance pour une période excessive passée à jouer en ligne. De plus, une perte d’intérêt pour le reste, des efforts infructueux pour diminuer la fréquence du comportement et le fait de le continuer malgré les conséquences sont des caractéristiques de la dépendance. L’ado fuit dans le jeu.
Mon ado a-t-il un problème?
Beaucoup de parents s’inquiètent du temps passé par leur ado sur son téléphone intelligent ou sur sa console de jeu. Entre l’utilisation saine et la cyberdépendance, où trace-t-on la ligne? La cyberdépendance amène son lot de symptômes. Du point de vue physique, l’insomnie ou la modification du sommeil, la mauvaise alimentation, la négligence de l’hygiène sont les principaux symptômes. Du point de vue psychologique, ce sont les pensées obsédantes, l’irritabilité lorsqu’il est hors ligne, la culpabilité, et la honte.
Espoir et prévention
Si votre ado est cyberdépendant, il y a de l’espoir, car des traitements existent. À la question: « oui, mais que faire si mon ado ne veut pas se faire traiter? », Miguel Therriault recommande d’aller chercher de l’aide pour soi-même. Quand la détresse des parents diminue et qu’ils offrent plus de chaleur parentale, dit-il, il se peut que la consommation de l’ado diminue.
Si votre ado n’est pas cyberdépendant ou que vos enfants ne sont pas encore ados, la prévention demeure de mise. M. Therriault termine en mentionnant encore une fois l’importance de la chaleur parentale, d’un encadrement affectif et moral qui favorise l’autonomie de l’ado et de l’encouragement de la réussite sans exiger la performance. Aussi, il encourage les parents à s’intéresser à ce que leurs enfants font sur le web, sans dramatiser ni banaliser.
Pour de l’aide dans la région de Saint-Hyacinthe : Centre de réadaptation du CISSS Montérégie Ouest, bureau de Saint-Hyacinthe. Tél. : 450-771-6622.
0 commentaires