Paul-Henri Frenière
Léo Bureau-Blouin: entrevue avec un jeune homme
Il faisait chaud, très chaud ce jour-là. Nous avions rendez-vous devant le marché public. Nous nous sommes dirigés par la suite en direction d’un café (climatisé) sur la rue des Cascades. Lors de notre court trajet, les têtes se tournaient sur notre passage. Pas pour moi, bien sûr, mais pour celui qui m’accompagnait : Léo Bureau-Blouin.
- Photo : Paul-Henri Frenière.
Trois personnes l’ont félicité pour son travail comme président de la Fédération étudiante collégiale du Québec. « Tu dois commencer à être habitué ? », je lui demande. « Oui, c’est vrai que l’on m’aborde souvent dans la rue. La plupart du temps, c’est positif, mais pas toujours. Tantôt, aux galeries Saint-Hyacinthe, un vieux monsieur m’a engueulé. C’est son droit. »
Léo est un jeune homme poli, affable, gentil même. Sa nouvelle notoriété aurait pu lui monter à la tête. Pas du tout. On croirait que rien ni personne ne pourraient le faire sortir de ses gonds, lui faire péter une coche, comme on dit. Pas même Richard Martineau à qui il a accordé une entrevue sur les ondes de LCN.
Manifestement, Martineau voulait le désarçonner, le faire trébucher. Il réclamait à grand cri sa démission comme leader étudiant. Léo n’a pas bronché. Calme, articulé comme toujours, il a répondu du tac au tac à un Martineau qui jappait comme un chihuahua.
« Comment as-tu fait pour vivre autant de stress durant toute cette période : trois mois durant lesquels tu as été constamment, à chaque jour, dans la mire des médias ? », lui ai-je demandé.
« J’étais bien entouré, répond Léo. À la Fecq, j’avais une équipe formidable qui m’encourageait et qui me protégeait en quelque sorte. Par contre, lorsque certains chroniqueurs me critiquaient, je m’en faisais davantage pour mes proches, pour mes parents, par exemple, qui devaient trouver ça difficile. »
Une prise de conscience collective
Léo Bureau-Blouin a terminé son mandat comme président de la Fecq le 1er juin dernier. Il veut laisser toute la place à celle qui lui succède, Éliane Laberge. Il n’a d’ailleurs pas assisté au congrès de la fédération étudiante qui avait lieu la fin de semaine dernière.
« Je veux lui laisser les coudées franches pour la suite des choses », dit-il. Il continue néanmoins à suivre de près l’évolution du conflit étudiant qui est devenu, au fil du temps, une véritable crise sociale.
« Je n’ai peut-être pas réussi à conclure de manière positive la négociation avec le gouvernement, mais ce dont je suis particulièrement fier, c’est d’avoir un peu contribué à une prise de conscience collective », affirme-t-il. « Cela a une valeur inestimable pour la société québécoise. ».
Il blâme le gouvernement qui n’a jamais pu se mettre au-dessus de la mêlée, comme il aurait dû le faire, mais qui a plutôt attisé le conflit en démonisant les jeunes. Ce comportement a encouragé des gestes de violence, croit-il, une violence qu’il déplore. « Il n’y a pas de cause qui justifie la violence ». Sa grande peur, d’ailleurs, était que quelqu’un meure au cours des affrontements.
Un raccourci intellectuel
« Que penses-tu des propos de Christine St-Pierre, la ministre de la Culture, qui associe la carré rouge à l’intimidation et la violence ? », lui ai-je demandé. Encore une fois, Léo pèse ses mots et fait preuve de diplomatie. « Je ne comprends pas. Madame St-Pierre est une femme intelligente. J’imagine que c’est une phrase qui circule à l’intérieur du conseil des ministres. Je trouve cela dommage qu’elle prenne, elle aussi, ce raccourci intellectuel. C’est juste triste. »
« La démocratie est fragile, il faut y faire attention », déclare celui qui se destine au droit et qui entreprendra ses cours l’an prochain à l’Université de Montréal. « Si la grève est terminée », dit-il avec le sourire. Il a été impressionné par le travail de la clinique juridique Juripop qui a accompagné la Fecq tout au long du conflit.
« Je suis conscient que j’ai beaucoup reçu dans la vie. J’aimerais donner, à mon tour, à ceux et celles qui n’ont pas de voix pour se défendre face aux injustices. »
Au sortir du café, un monsieur d’une cinquantaine d’années avec un Polo rouge m’aborde. Il nous avait vu discuter et était même venu à notre table, plus tôt, pour féliciter Léo. Il me regarde dans les yeux : « Ce p’tit gars là va aller loin. On va le revoir un de ces jours à la télévision, ça c’est sûr… ». Ben d’accord.
Re: Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
« « Je n’ai peut-être pas réussi à conclure de manière positive la négociation avec le gouvernement, mais ce dont je suis particulièrement fier, c’est d’avoir un peu contribué à une prise de conscience collective », affirme-t-il. »
Voilà ce qui était son objectif premier : conclure la négociation. Et pour lui, une manière « positive » de conclure, ç’aurait été à peu près n’importe quelle offre, pourvu qu’il puisse écrire sur son CV qu’il a « réglé le conflit ». Pathétique.
En espérant que Éliane Laberge fasse une meilleure job de REPRÉSENTANTE étudiant (ne pas confondre avec leader !). Sinon, souhaitons que la vague de désaffiliation se poursuivra.
Les associations auront ensuite tout le loisir de se joindre à la seule association nationale qui représente ses membres plutôt que de prendre des décisions à leur place, à savoir la CLASSÉ.
Re: Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
Léo emporte avec lui le poids d’une situation difficile. Peut-être que le débat aurait dû être lancé sur la gratuité scolaire mais tel ne fut pas le cas. Votre commentaire pose la question clé, représentant ou leader… moi je réponds que le leadership est nécessaire et qu’il ne se bâtit pas sans erreur et sans paradoxe. Charest fait un excellent représentant de la droite et je n’en ai rien a cirer… c’est de leadership dont le Québec a besoin…et ce leadership n’est pas que lié aux structures, il est notre responsabilité à tous… il doit exister des leaders « sans titre » dans toutes les organisations…Ne gâchons pas ce moment de l’histoire du mouvement étudiant en étalant nos différences… tablons sur les forces du mouvement et de grâce, ayez la sagesse de régler certaines choses à l’interne…
Re: Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
De fait il n’y a plus de leadership au gouvernement. Il n’y a ni vision, ni intelligence. Le Québec est sans premier ministre. Nous pouvons en souffrir de nouveaux exemples à chaque jour : le Québec est dirigé par un chef de parti politique.
Tristement, M Charest a délaissé le bien collectif et la population au seul profit de son parti. Pour ma part, je pense que ça toujours été le cas, et je vois en lui une stagnation des idées, un immobilisme et un gaspillage éhonté des ressources et des potentiels humains depuis les dix dernières années. Un détournement partisan qui paralyse le Québec, le spolie à tous les niveaux.
Bravo M. Bureau pour avoir « contribué à une prise de conscience collective ».
Re: Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
On se calme… Jusqu’à preuve du contraire, Léo Bureau-Blouin N’est PAS un cynique carriériste. Pourquoi faut-il tout simplifier ? Vous jouez au même jeu que Jean Charest, vous en rendez-vous compte ?
Notre force réside dans notre solidarité. Je n’ai rien contre les débats, mais pas en commençant par se braquer en prêtant des intentions aux gens ; c’est le meilleur moyen de mettre fin à un débat et de faire taire notre interlocuteur pour de bon.
Re: Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
Je crois que le premier commentaire faisait référence au fait que Léo avait tenté de négocier une sortie de crise avec le gouvernement sans la CLASSE ni même la FEUQ après le 1er mai, ce qui aurait peut-être mis fin au mouvement de grève, quoique rien n’est moins sûr compte tenu que la FECQ est présentement l’association nationale la moins représentative des étudiants en grève. Maintenant, je ne m’avancerai pas à dire s’il a fait ça dans une optique cynique carriériste ou encore de façon complètement désintéressée. Vous en jugerez vous-mêmes.
Assimiler les critiques émises à l’endroit de Léo et de la FECQ plus généralement à un « manque de solidarité » est tout simplement grossier dans le contexte.
Re: Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
Pourquoi nous as-tu laissé ? C’est plus pareil ! Je ne reconnais plus les manifs…
Re : Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme tranquille
« « Je n’ai peut-être pas réussi à conclure de manière positive la négociation avec le gouvernement, mais ce dont je suis particulièrement fier, c’est d’avoir un peu contribué à une prise de conscience collective », affirme-t-il. »
Voilà ce qui était son objectif premier : conclure la négociation. Et pour lui, une manière « positive » de conclure, ç’aurait été à peu près n’importe quelle offre, pourvu qu’il puisse écrire sur son CV qu’il a « réglé le conflit ». Pathétique.
En espérant que Éliane Laberge fasse une meilleure job de REPRÉSENTANTE étudiant (ne pas confondre avec leader !). Sinon, souhaitons que la vague de désaffiliation se poursuivra.
Les associations auront ensuite tout le loisir de se joindre à la seule association nationale qui représente ses membres plutôt que de prendre des décisions à leur place, à savoir la CLASSÉ.
Re: Re : Léo Bureau-Blouin, entrevue avec un jeune homme …
Léo emporte avec lui le poids d’une situation difficile. Peut-être que le débat aurait dû être lancé sur la gratuité scolaire mais tel ne fut pas le cas. Votre commentaire pose la question clé, représentant ou leader… moi je réponds que le leadership est nécessaire et qu’il ne se bâtit pas sans erreur et sans paradoxe. Charest fait un excellent représentant de la droite et je n’en ai rien a cirer… c’est de leadership dont le Québec a besoin…et ce leadership n’est pas que lié aux structures, il est notre responsabilité à tous… il doit exister des leaders « sans titre » dans toutes les organisations…Ne gâchons pas ce moment de l’histoire du mouvement étudiant en étalant nos différences… tablons sur les forces du mouvement et de grâce, ayez la sagesse de régler certaines choses à l’interne…