Paul-Henri Frenière
LUEUR D’ESPOIR MAIS RIEN N’EST JOUÉ
Une lueur d’espoir se profile pour la résolution du conflit opposant l’Hôtel des Seigneurs de Saint-Hyacinthe à ses 180 employés syndiqués CSN en grève depuis le 26 octobre dernier.
Les parties se sont rencontrées le 9 janvier dernier et les représentants du syndicat et de l’employeur ont convenu de se revoir dès le 18 janvier. D’autres rencontres sont prévues le 31 janvier et le 13 février. « Ce qui est bon signe », estime le président du syndicat, Robin St-Pierre, que MOBILES a rencontré dans les locaux de la CSN de la rue Girouard.
« Le normatif est pratiquement réglé, c’est l’aspect monétaire qui accroche encore, précise le président. On se souvient que l’employeur a refusé de nous rencontrer durant un mois, on voit enfin une ouverture au dialogue. »
Le syndicat demande un rattrapage salarial de 0,60 $ l’heure en fonction des grilles des autres hôtels de catégorie similaire syndiqués à la CSN. Il exige également des augmentations salariales de 3 % par année pour une convention collective de quatre ans.
« D’autre part, on veut une protection afin que le plan vert ne puisse avoir pour effet de diminuer le nombre d’heures travaillées » affirme le syndicat. Sous le couvert d’un plan pour la protection de l’environnement, on réduirait d’autant les services d’entretien ménager dans les chambres.
La vente du Centre des congrès
Les négociations semblent avancer, mais une nouvelle donne est venue compliquer les choses. En effet, la Ville de Saint-Hyacinthe a manifesté récemment son intention de se porter acquéreur du Centre des congrès rattaché à l’hôtel de la rue Johnson.
« Nous avons appris l’affaire par les journaux, annonce le président du syndicat. À notre assemblée générale de dimanche dernier, nous avons amené une proposition à l’effet que dans l’éventualité où le Centre des congrès serait vendu à la ville, tous les employés devraient être protégés, tant au niveau salarial que pour leur ancienneté » affirme-t-il.
Le syndicat s’inquiète de l’éventualité qu’une telle vente amène le nouveau propriétaire, en l’occurrence la Ville de Saint-Hyacinthe, à faire appel à des agences ou à la sous-traitance pour mener ses opérations. Environ 50% des emplois sont rattachés aux activités du centre des congrès, estime Robin St-Pierre.
La Ville de Saint-Hyacinthe discuterait depuis quelque temps avec la direction de SilverBirch Hotels and Resorts, une entreprise de Vancouver qui possède 20 hôtels au Canada, dont trois au Québec incluant l’Hôtel des Seigneurs.
« Nous nous battons pour nos jobs ! » lance le président du syndicat, rappelant du même souffle que depuis 2009, pas moins 60 postes ont été abolis par l’employeur. Il donne comme exemple le secteur de la sécurité qui est passé de dix à seulement quatre employés. Cette situation peut devenir problématique lorsque l’hôtel reçoit jusqu’à 2000 congressistes, estime-t-on.
Un appui apprécié… des commerçants
Pendant que les négociateurs négocient, le moral est bon sur la ligne de piquetage, constate Robin St-Pierre. « Nous avons formé 7 équipes de 20 personnes qui se relaient constamment depuis le début de la grève. Nous avons seulement fait une brève pause durant le temps des fêtes. »
C’est probablement durant cette pause que le conseiller municipal, David Bousquet, s’est rendu à l’Hôtel des Seigneurs pour un « souper intime ». « Nous étions les seuls clients. Mais un accueil irréprochable, comme d’habitude et ce, malgré le contexte. » a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Lorsque l’un de ses amis lui fait remarquer que « ce n’est pas gentil de franchir les lignes de piquetage », le conseiller municipal réplique un peu plus loin que « J’aurai toujours beaucoup de respect pour ceux qui travaillent. Mais moins pour ceux qui empêchent les travailleurs de travailler. »
Par contre, les syndiqués – qui ont voté pour la grève à 85 %, rappelons-le -, ont pu constater qu’ils pouvaient compter sur l’appui de d’autres acteurs du milieu maskoutain. En effet, lors d’une petite fête qu’ils avaient organisée pour Noël, ils ont eu la surprise de découvrir pas moins de 86 « cadeaux » offerts par des commerçants de la ville : des bons d’achat, des repas au restaurant, etc.
C’est qu’une petite équipe avait fait le tour des places d’affaires pour recueillir des dons, question de rendre le temps des fêtes un peu plus agréable pour les grévistes qui reçoivent l’équivalent d’environ 40 % de leur salaire du syndicat.
« La réponse a été étonnante, confie Robin St-Pierre. On me dit qu’on n’a jamais vu ça dans le milieu syndical. Nous allons écrire une lettre pour les remercier parce que ce geste a vraiment été apprécié par nos membres. »
L’entreprise devra prendre des décisions
Si la situation financière n’est pas facile pour les syndiqués, le conflit coûte également cher à l’Hôtel des Seigneurs. Le directeur corporatif de l’entreprise, Herman Champagne, avoue que les mois de novembre et décembre ont été difficiles.
Sur les ondes de Tvcogeco, il a toutefois déclaré que l’hôtel s’en est tout de même bien sorti grâce au travail de l’équipe de gestion (les cadres) qui a fait « des miracles » selon lui.
Mais il craint pour l’avenir. « Les gens ne réserveront pas nécessairement pour l’année prochaine. L’entreprise devra prendre des décisions. Si on ne sent pas l’intérêt d’investir ici, on va regarder ailleurs » a-t-il menacé.
Récemment, le Parti québécois a déplacé son Conseil national qui devait se tenir le 9 février à Saint-Hyacinthe. Il se tiendra plutôt à Drummondville en raison du conflit de travail.
Toujours en février, un congrès important de l’entreprise alimentaire Sobeys est prévu à l’Hôtel des Seigneurs. « Un événement qui aurait des retombées d’environ trois millions de dollars, estime le président du syndicat. Je vois mal comment la vingtaine de cadres pourraient faire rouler l’hôtel. » Un incitatif à régler le conflit ? Tous les espoirs sont permis.
Un peu de rigueur!
Bonjour Monsieur Frenière,
Je lis toujours avec intérêt vos articles et j’en apprécie habituellement la qualité. Toutefois, j’ai été grandement surpris de la manière selon laquelle mes propos se sont retrouvés dans votre billet au sujet du conflit de travail à l’Hôtel des Seigneurs.
Premièrement, je ne comprends pas la pertinence de mon commentaire dans votre article. Il relève davantage de l’anecdote que du désir réel de fournir une information de qualité au lecteur. Je ne suis nullement partie prenante de ce conflit. Donc, sauf une opinion personnelle sur la qualité de ma visite au restaurant, le 13 décembre dernier, je ne peux vous fournir aucunes explications utiles.
Par contre, puisque vous semblez accorder de la valeur à mon opinion, je peux vous assurer que ma satisfaction a toujours été très élevée vis-à-vis le personnel et les services offerts par l’Hôtel des Seigneurs, grève ou pas. Ma seule préoccupation est que la communauté maskoutaine, ainsi que ces nombreux visiteurs, puissent bénéficier à long terme des retombées de cet important complexe hôtelier et centre des congrès régional. J’espère même que celles-ci puissent être grandement améliorées grâce à une modernisation des infrastructures existantes.
Voilà ce que je vous aurais expliqué si vous aviez pris le temps de me contacter, par téléphone ou par courriel, plutôt que de piger des extraits hors contexte sur Facebook. Je crois pourtant être un élu accessible. Sincèrement, ce n’est pas très rigoureux comme travail!
Il est vrai que mon opinion vis-à-vis l’utilisation de la grève (comme le lock-out) pour solutionner un conflit, n’est pas très favorable. Surtout lorsque cela mène à la perte de centaines d’emplois bien rémunérés, comme dans le cas de l’usine d’Olymel à Saint-Simon.
Le commentaire publié sur Facebook faisait référence à certains leaders syndicaux qui pourraient préférer la fermeture de l’entreprise et la perte d’emplois plutôt que le compromis. En aucun cas, je ne parlais des travailleurs qui sont trop souvent impuissants et vulnérables dans un tel conflit de travail. J’aurais pu dire la même chose de certains patrons intransigeants ou certaines multinationales qui pratiquent un capitalisme sauvage.
Quand je parle de « ceux qui empêchent les travailleurs de travailler », je parle à la fois des patrons et des leaders syndicaux qui n’ont aucune volonté d’en arriver à une entente. Je ne vise aucunement les travailleurs. Ni le conflit à l’Hôtel des Seigneurs en particulier.
Je trouve déplorable, Monsieur Frenière, que vous m’ayez jugé en fonction d’un échange de quelques petites phrases dans une discussion qui portait exclusivement sur l’aspect syndical d’un conflit. Ma pensée va bien au-delà!
Encore une fois, voilà ce que je vous aurais expliqué si vous aviez pris le temps de me contacter, par téléphone ou par courriel, plutôt que de piger des extraits hors contexte sur Facebook. Je vous rappelle que je suis accessible et ouvert aux entrevues!
Finalement, je pense que l’ouverture et la souplesse sont des conditions essentielles aux succès économiques de demain. Et de nos jours, j’ai l’impression que la grève donne de moins en moins de résultats positifs.
Ce que je souhaite surtout, c’est que ce conflit ne se termine pas comme celui de l’usine Olymel ou de l’ancienne épicerie dans le district Douville. Toute la communauté serait gravement pénalisée face à un tel résultat.
En espérant que ces commentaires puissent vous éclairer davantage sur le sens de mes propos.
Je reste à votre entière disposition et vous souhaite une bonne et heureuse année 2013.
Sincèrement,
David Bousquet
Conseiller municipal
District Sacré-Coeur
Re: Un peu de rigueur!
M. Bousquet, assumez-donc votre parti-pris patronal au lieu de venir faire du rattrapage douteux digne d’une mauvaise stratégie de firme de relations publiques en mode «damage-control».
Comme c’est souvent le cas dans ce genre de dérapage médiasociaux-esque, cette tentative maladroite de justifier vos propos ne fait que souligner encore plus grassement le manque de jugement que vous avez affiché lors de l’échange virtuel en question. Ne manque plus que l’éternel «J’ai été cité hors-contexte»…
Navrant.
Richard Turcotte
Re: Un peu de rigueur!
Merci pour votre commentaire, monsieur Bousquet, mais je trouve que vous êtes très mal placé pour me parler de rigueur.
1- Le sujet de l’article est bien le conflit de travail à l’Hôtel des Seigneurs, non ?
2- Vos messages sur Facebook portaient bien sur votre perception des leaders syndicaux dans ce conflit ? Exemples : « J’aurai toujours beaucoup de respect pour ceux qui travaillent. Mais moins pour ceux qui empêchent les travailleurs de travailler. » et « Je me permets toujours d’avoir un petit doute sur les intentions des grandes syndicales lorsqu’il y a une grève. »
3- Je ne vous apprends rien, j’espère, en vous disant que Facebook est un réseau social et que son contenu est public. Qu’est-ce que vous vouliez ? Que je vous téléphone pour vous demander si vous aviez bien écrit cela ? Voyons…
4- Vous êtes un élu, monsieur Bousquet. Vous devriez donc être doublement prudent lorsque vous utilisez un média social.
5- Ce n’est pas la première fois que vous vous plaignez que quelqu’un rapporte ce que vous avez écrit sur Facebook. Réfléchir avant d’écrire serait peut-être opportun. Un peu de rigueur, monsieur Bousquet, un peu de rigueur…
PHF
Re: LUEUR D’ESPOIR MAIS RIEN N’EST JOUÉ
Je n’embarquerai pas dans ce débat. L’occasion (la mention que la ville songe à acheter le Centre des congrès) m’est fournie de poser une question.
Comment la ville peut-elle, d’un côté, vouloir confier au privé la construction et l’administration d’un centre sportif (3 glaces) sous prétexte que ça coûte trop cher à bâtir et, de l’autre côté, vouloir acheter un centre des congrès déjà bâti et qui appartient au privé? Est-ce que ça ne coûte pas trop cher ou a-t-on trouvé de l’argent dans le matelas depuis?
Re: LUEUR D’ESPOIR MAIS RIEN N’EST JOUÉ
La question vient de moi
Re: LUEUR D’ESPOIR MAIS RIEN N’EST JOUÉ
Pour avoir vu quelques assemblées municipales, je crois que Monsieur Bousquet se fait souvent remettre en questions par ses collègues et autres citoyens pour des commentaires exprimés soit sur les médias sociaux, soit sur les médias traditionnels. N’apprend-on pas à nos enfants de tourner sa langue 7 fois avant de dire quoi que ce soit???