Société

Plus d’itinérants à Saint-Hyacinthe

Besoin d'un service de réinsertion sociale
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En sillonnant les rues et les parcs de la ville, Jeannot Caron, chargé de projet pour Contact Richelieu-Yamaska, estime qu'il a croisé une douzaine d'itinérants ces derniers jours. Mais ce chiffre est trompeur. Selon une étude réalisée par l'Agence de santé et de services sociaux de la Montérégie, 77 personnes se trouvaient dans cette situation et plus de 500 présentaient de « sérieux risques » de devenir itinérants.

C'est que les sans-abri ne sont pas tous visibles sur la rue ou dans les parcs. Certains squattent un logement vacant jusqu'à ce que le propriétaire s'en rende compte et les évacue. D'autres se payent temporairement un appartement mais le quittent pour différentes raisons.

Ce fut le cas d'un homme âgé d'une soixantaine d'années qui logeait sur la rue des Cascades. Faute de prendre régulièrement ses médicaments, l'homme a démontré un comportement erratique qui a amené le locateur à l'évincer. Jeannot Caron a dû le prendre en charge récemment.

Comme à Saint-Hyacinthe il n'y a qu'un seul lit d'urgence pour pallier à ces situations – et qu'il était déjà occupé -, on a dû contacter un gîte d'hébergement dans une autre ville, ce qui arrive fréquemment. Jeannot Caron l'a accompagné au terminus d'autobus.

« Nous ne pouvons répondre qu'à 34 % des demandes, explique ce dernier qui est responsable du projet Lit'itinérance visant à financer des ressources supplémentaires pour les sans-abri de la région de Saint-Hyacinthe. Le portrait de l'itinérance a changé depuis les dix dernières années, poursuit Jeannot Caron. Il y a davantage de sans-abri et ils sont de plus en plus âgés : 40, 50, 60 ans et plus. Pour les jeunes de moins de 23 ans, il y a toujours la maison Le Baluchon qui fait un excellent travail. Mais pour les plus âgés, il n'y a rien ou presque. Ils sont laissés à eux-mêmes. À Contact Richelieu-Yamaska, nous sommes obligés de référer ces itinérants maskoutains à des ressources extérieures. C'est pas très bon pour la réinsertion sociale ».

Jeannot Caron. (Photo: Paul-Henri Frenière)L'un des mandats de Jeannot Caron consiste à aller voir ce qui se fait ailleurs. Il a rencontré des intervenants à Granby, Drummondville, Longueuil, Laval de même qu'à Trois-Rivières. Bien qu'à chaque endroit  il a récolté des idées intéressantes, il a été particulièrement impressionné par le Centre Le Havre de Trois-Rivières.

Grâce à des partenariats importants dans la communauté trifluvienne, l'organisme a pu se doter de services spécialisés pour les personnes itinérantes. « En plus des services d'urgence et de dépannage, on a mis beaucoup d'efforts sur la réinsertion sociale. C'est ça la vraie solution à long terme » explique Jeannot Caron.

Le Centre Le Havre propose en effet tout un programme d'accompagnement continu pour les personnes plus démunies et vulnérables, ce qui comprend, entre autres, des logements de transition avec supervision. Les sujets peuvent bénéficier d'un suivi qui peut durer un an.

À la recherche de partenaires

Mais de telles ressources demandent des sous. Le Centre Le Havre a mené une audacieuse campagne de financement, l'an dernier, qui a amassé plus d'un million de dollars.

Ici, à Saint-Hyacinthe, la campagne de financement pour le projet Lit'itinérance a permis de récolter, grosso modo, près de 10 000$ avec deux activités majeures, soit un "vin et fromages" et une sollicitation populaire dans les endroits publics avec l'aide de bénévoles. Jeannot Caron espère tripler de montant en 2014.

Il se réjouit que des organismes et des entreprises supportent déjà le projet, mais il travaille fort pour convaincre d'importants entrepreneurs de la région à se joindre à la lutte contre l'itinérance.