Société

QUAND L’ÉCONOMIE DEVIENT « SOCIALE »

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On en compte près d’une soixantaine dans la région de Saint-Hyacinthe. Elles se retrouvent principalement dans le secteur des services, mais également dans le commercial ou l’agroalimentaire. Elles génèrent plus de 3000 emplois et ont un chiffre d’affaires totalisant 2 millions $. Ce sont les entreprises dites de « l’économie sociale » qui gagneraient à être mieux connues.

C’est dans cette perspective – de mieux les connaître – qu’un dîner-conférence a eu lieu le 1er novembre dernier. Près d’une cinquantaine de personnes ont écouté Martin Frappier, directeur général adjoint du Chantier de l’économie sociale, un organisme qui œuvre à la promotion et à l’essor de l’économie sociale au Québec.

Il était l’invité de deux organismes qui collaboraient pour la première fois à la réalisation d’un tel événement : la Corporation de développement communautaire (CDC) et le Centre local de développement (CLD) des Maskoutains. « C’était une première expérience, mais nous espérons en avoir d’autres » a indiqué Steve Carrière, agent de développement rural au CLD. Une intention que partage sûrement Chantal Goulet, coordonnatrice de la CDC.

Le conférencier Martin Frappier, Chantal Goulet, coordonnatrice de la CDC, Steve Carrière et Nathalie Delorme du CLD. (photo : Paul-Henri Frenière)

Dans son allocution, Martin Frappier n’était pas peu fier de partager la bonne nouvelle qu’il avait entendue la veille. En effet, lors de son discours d’ouverture, la Première ministre Pauline Marois a annoncé le dépôt d’un projet de Loi cadre sur l’économie sociale dans la prochaine session parlementaire.

Martin Frappier. (photo: PHF)

« Cette Loi cadre était l’une des propositions présentées par le Chantier de l’économie sociale en début de campagne électorale, a expliqué Martin Frappier. Elle permettra de reconnaître la contribution des entreprises collectives, d’assurer une pleine reconnaissance dans l’ensemble des institutions et politiques gouvernementales et d’établir un lieu de dialogue permanent avec le gouvernement dans le but de poursuivre la mise en place de nouvelles politiques publiques » s’est-il réjoui.

Ce n’est pas surprenant que le gouvernement s’intéresse au modèle de l’économie sociale : il comprend environ 7000 entreprises, coopératives et OSBL, oeuvrant dans 20 secteurs économiques aussi variés que l’immobilier collectif, l’agroalimentaire, la culture, l’environnement, les loisirs et les médias communautaires, pour ne nommer que ceux-là.

« On y emploie plus de 125 000 personnes et il génère un chiffre d’affaires de 17 milliards $ annuellement, ce qui représente de 8 à 10 % du produit intérieur brut (PIB) québécois » signale Martin Frappier.

C’est que l’économie dite « sociale » ratisse large. Qu’on pense aux coopératives Desjardins qui offrent des services financiers, ou encore COMAX, une importante coopérative agricole. Il y a aussi les coopératives d’habitation qui, dans la région de Saint-Hyacinthe, sont au nombre de 15 et comptent plusieurs immeubles locatifs.

De beaux exemples

Il existe des projets plus modestes, mais qui néanmoins répondent aux besoins de la population en respectant les valeurs portées par l’économie sociale.

Il y a de beaux exemples de réussite dans la région de Saint-Hyacinthe. Pensons à la Coop aux p’tits soins qui s’occupe de l’entretien ménager. Ou encore la Coopérative funéraire de Saint-Hyacinthe qui a ouvert ses portes en 1980 et qui ne cesse de prospérer.

Étonnamment, les entreprises d’économie sociale semblent traverser les fluctuations économiques plus aisément que certaines entreprises privées. Cette capacité de « résilience » est peut-être due à la prise en charge collective de l’entreprise et à la notion d’entraide qui supplante celle du « profit à tout prix ».

À l'évidence, le modèle de l’économie sociale propose des perspectives intéressantes en matière de création et de redistribution de la richesse, mais surtout d’intégrité et de transparence : deux valeurs qui semblent manquer par les temps qui courent…