Société

Une année financière difficile à l’horizon pour les familles maskoutaines

Avec une inflation galopante atteignant 6,8 % au Canada durant la dernière année, les familles de la région maskoutaine doivent composer avec cette réalité en plus d’être rattrapées par la hausse vertigineuse du taux directeur. Si l’année 2022 a fait mal au portefeuille, l’année 2023 pourrait faire aussi mal. C’est du moins ce que les experts prévoient.

« C’est certain que la situation économique n’a pas été de tout repos pour les gens en 2022. Avec une hausse importante du coût de la vie, bon nombre de familles ont été touchées sur le plan financier, et cela pourrait continuer jusqu’à la fin de 2023 », d’indiquer Michaël Roy, planificateur financier et conseiller en placement au sein de Gestion de capital Assante ltée.

Ce dernier, qui s’attend à ce que l’inflation soit encore élevée jusqu’à la fin de l’année 2023, est prudent quand vient le temps de se prononcer sur les risques de récession. Il se réfère aux économistes des grandes banques canadiennes. Ces experts évaluent les chances de voir le Québec entrer dans une phase de récession à plus de 50 %.

Entre le 1er mars 2022 et le 26 janvier dernier, la Banque centrale du Canada a haussé à neuf reprises le taux directeur, passant de 0,25 % à 4,50 %. Pour les propriétaires d’une résidence qui ont contracté des prêts hypothécaires à taux variable, la facture mensuelle peut même avoir bondi de façon significative.

Par exemple, une personne qui avait un prêt hypothécaire d’une valeur de 400 000 $ avec un taux variable de 2 % en 2020 payait mensuellement 1 693,80 $. Avec la hausse des derniers mois, un taux variable pouvant atteindre 5,50 % d’intérêts sur le prêt hypothécaire et la même balance de 400 000 $, le paiement bondirait à 2 441,57 $, soit une hausse de plus de 44 % du paiement mensuel sur l’hypothèque.

Des pistes de solutions pour éviter le pire

Dans le but d’aiguiller les lecteurs du Journal Mobiles de Saint-Hyacinthe, Michaël Roy a accepté d’offrir des conseils pour que ceux-ci évitent de se retrouver dans une situation financière difficile en 2023.

« La première chose à faire, c’est de faire un plan financier! On retrouve les actifs, nos passifs et nos projets à court, moyen et long terme. Pour prendre de bonnes décisions, faut-il encore avoir un portrait clair de sa situation financière », a-t-il expliqué.

Une fois que le plan financier est complété, le deuxième conseil est plus difficile pour bon nombre de personnes. Il faut garder la tête froide et faire preuve de bon sens.

« Dans une situation comme nous vivons en ce moment, il faut être rationnel dans nos décisions. La prudence est de mise. Évitez de dépenser des sommes importantes dans des actifs qui perdent de la valeur! L’impact des achats pendant une période inflationniste peut avoir un impact sur toute votre vie », a-t-il ajouté en donnant comme exemple une voiture neuve de l’année.

Finalement, Michaël Roy invite les Maskoutains à s’informer sur le sujet. Pour lui, l’éducation financière demeure un outil qui peut faire une très grande différence dans une période instable comme celle que le Québec traverse depuis les 12 derniers mois. Celui-ci est d’avis que le ministère de l’Éducation devrait ramener un programme d’économie financière de base pour les élèves de niveau secondaire afin de leur donner les outils pour mieux comprendre ces concepts.

Une année financière qui pourrait être similaire à 2022

Durant la pandémie, la faiblesse du taux directeur permettait à de nombreux ménages de s’offrir des propriétés résidentielles plus luxueuses, puisque le coût d’emprunt n’avait jamais été aussi bas dans la dernière décennie.

En tant que courtière immobilière pour le secteur résidentiel dans la région maskoutaine et les environs, Odile Alain estime que nous sommes bien loin des surenchères de 100 000 $ comme c’était le cas en 2020 et 2021 ici même à Saint-Hyacinthe.

Avec la hausse marquée des taux hypothécaires, le goût des acheteurs n’est plus pour le luxe, selon elle.

« La très grande majorité de ma clientèle cherche une maison unifamiliale avec un prix avoisinant les 400 000 $, c’est pas mal la cible actuellement dans la région de Saint-Hyacinthe. Quand il y en a une sur le marché, on assiste à des offres multiples. On peut avoir cinq ou six offres sur la propriété, ce qui fait grimper légèrement les prix à la hausse », d’indiquer celle qui travaille pour la bannière REMAX.

Selon le plus récent rôle foncier de la Ville de Saint-Hyacinthe, la maison unifamiliale moyenne sans piscine est évaluée aux alentours de 290 459 $ en 2023. Selon la courtière immobilière, la valeur foncière est bien loin de la valeur du marché.

« Ce n’est pas compliqué, il y a un écart de 100 000 $ entre la valeur foncière et la valeur marchande souvent. Des maisons unifamiliales sur le territoire de Saint-Hyacinthe en bas de 300 000 $, je n’en vois pas souvent », d’expliquer Odile Alain.

Même l’industrie du condo a connu une hausse vertigineuse de la valeur. Selon ses estimations, un condo moyen vendu 165 000 $ en 2018 se revend aux alentours de 275 000 $ cinq ans plus tard. Depuis avril 2022, la nouvelle réglementation provinciale oblige les syndics de copropriété de charger des frais de condos significatifs pour créer un fonds d’autoassurance en cas de bris majeurs sur l’édifice.