Société

Une violence conjugale exacerbée par la pandémie

La violence conjugale a atteint son paroxysme le 23 février lors du meurtre d’une femme de 44 ans, Nancy Roy, décédée des suites d’une agression à l’arme blanche dans le logement de la victime situé dans le Grand Château, un immeuble à logements situé sur la rue Girouard Ouest, au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Photo : Adam Bolestridge

La coordonnatrice de l’organisme La Clé sur la porte de Saint-Hyacinthe, Valérie Grégoire, signale que la violence conjugale est en hausse en raison de la pandémie de la COVID-19, particulièrement depuis quelques semaines.

« Depuis deux ou trois semaines, le nombre de signalements est en forte hausse. Les effets d’un an de pandémie semblent exacerber le phénomène avec sept féminicides au Québec en à peine quelques semaines. Espérons que ça va s’arrêter là », commente celle qui signale qu’il peut être plus difficile qu’en temps normal pour une victime de faire un signalement parce que souvent l’agresseur est constamment présent à la maison.

« Après un an, la santé mentale de plusieurs est affectée. Depuis le meurtre de Nancy Roy, nous avons une forte demande pour nos services externes ou en hébergement, de même que pour notre service d’écoute téléphonique. Nous sommes disponibles pour accueillir des victimes 24 heures sur 24. Il ne faut pas hésiter à nous contacter. Notre crainte, c’est que l’affaiblissement de la santé mentale se traduise par de la violence. Les gens sont rendus au bout du rouleau et c’est à ce moment que le manque de socialisation peut devenir dangereux », explique Mme Grégoire.

Meurtre de Nancy Roy

La violence conjugale a atteint son paroxysme le 23 février lors du meurtre d’une femme de 44 ans, Nancy Roy, décédée des suites d’une agression à l’arme blanche dans le logement de la victime situé dans le Grand Château, un immeuble à logements situé sur la rue Girouard Ouest, au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Son conjoint, Jean-Yves Lajoie, 57 ans, est formellement accusé de meurtre au deuxième degré (sans préméditation). Il a comparu une première fois le 24 février et il demeure détenu jusqu’à son retour en Cour le 12 mars.

Pour Mme Grégoire, il tel crime contribue à augmenter l’anxiété des victimes de violence conjugale qui peuvent craindre que la même chose leur arrive. Cela pourrait empêcher certaines victimes de vouloir quitter un conjoint violent.

Mme Grégoire invite les victimes à contacter La Clé sur la porte au (450) 774-1843, via le site web de l’organisme ou sa page Facebook ainsi que via l’organisme SOS violence conjugale. « Sur notre site Internet, nous avons une fonctionnalité qui efface le message de l’ordinateur dès sa réception, ce qui évite que l’agresseur puisse tomber sur le massage en fouillant sur l’ordinateur. Ça peut sécuriser certaines personnes. Sinon, les gens peuvent demander de l’aide à leur épicerie ou à la pharmacie et demander un endroit discret pour pouvoir nous contacter, Nous avons sensibilisé des commerçants à la situation », précise-t-elle.

Campagne de financement et de visibilité

La campagne de financement et de visibilité pour la maison La Clé sur la Porte est commencée! Vous pouvez faire votre don au IGA de Douville ou à la Providence.

À l’initiative de IGA Famille Jodoin, de Lettrage Maska Design, Chantal Soucy – Députée de Saint-Hyacinthe et du Journal Mobiles, une campagne de financement et de visibilité pour l’organisme La Clé sur la porte est présentement en branle. Lettrage Maska a imprimé 2 000 autocollants avec les coordonnées de La Clé sur la porte qui sont distribués au marché IGA Famille Jodoin en échange d’un don. Les gens sont invités à placer l’autocollant derrière leur véhicule afin de rappeler la présence de l’organisme d’aide aux victimes de violence conjugale.

Le premier ministre déplore la situation

Le premier ministre, François Legault, estime qu’il est totalement inacceptable de voir deux femmes être victimes de meurtres au Québec en quelques semaines. « Ça n’a pas de bon sens. J’ai le goût de parler aux hommes. Il n’y a rien de viril â être violent avec des femmes ou des enfants. Nous ne sommes pas des barbares. Les femmes et les enfants ont le droit de vivre dans un milieu sécuritaire », a-t-il mentionné lors d’un point de presse, le 3 mars.

Manque d’avocats spécialisés en violence conjugale

Pendant que le phénomène de la violence conjugale est amplifié par la pandémie et les mesures sanitaires qui s’y raccrochent, Juripop note un manque d’avocats spécialisés dans ce domaine, particulièrement dans les régions éloignées où le retrouve le plus grand nombre d’infractions par 100 000 habitants.

La violence conjugale a atteint son paroxysme le 23 février lors du meurtre d’une femme de 44 ans, Nancy Roy, décédée des suites d’une agression à l’arme blanche dans le logement de la victime situé dans le Grand Château, un immeuble à logements situé sur la rue Girouard Ouest, au centre-ville de Saint-Hyacinthe. Photo : Adam Bolestridge

Selon Juripop, un organisme dispensant des services à coûts moindres, l’accès à des avocats « spécialisés » pour les victimes de violence conjugale est plus important que jamais partout au Québec alors les taux régionaux d’infractions contre la personne commises dans un contexte conjugal ne cessent d’augmenter.

« Cette problématique d’accès fait en sorte que plusieurs victimes de violence conjugale doivent faire plusieurs heures de route afin d’avoir accès à un avocat spécialisé ou encore elles devront faire les consultations par téléphone, avec un avocat des grands centres », indique Me Justine Fortin, avocate chez Juripop.

Après avoir demandé quels sont les besoins juridiques des personnes victimes de violence conjugale à une cinquantaine d’organismes rencontrés au courant des neuf derniers mois par Juripop, les organismes ont répondu unanimement qu’il fallait améliorer l’accès aux avocats, mais aussi que ces derniers devaient recevoir des formations adaptées aux réalités de la violence conjugale.

C’est pourquoi Juripop lance une formation spécialisée pour les avocats en violence conjugale.