Société
Départ des Pavon-Aguila

AVEC L’ESPOIR D’UN RETOUR

Image pour les listes

Le départ apparemment précipité de la famille Pavon-Aguila en a surpris plusieurs. Au premier chef, Jean-Paul St-Amand, le responsable des communications de Solidarité populaire Richelieu-Yamaska, l’organisme qui avait organisé un grand rassemblement d’appui à la famille, le 26 janvier dernier.

« J’ai appris la chose par un journaliste qui voulait avoir mes réactions, a-t-il affirmé à MOBILES. Tout ce que je peux dire, c’est que je suis très surpris. Je ne connais pas les circonstances de leur départ ».

Quant à la députée de Saint-Hyacinthe-Bagot, Marie-Claude Morin, elle a émis un communiqué le jour même où la famille s’envolait pour Mexico, le 18 février.

« Devant la complexité des démarches pour renverser la décision de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), Esteban Pavon, sa femme Leticia Aguila et leurs filles, Maria Fernanda et Stephanie, ont pris l’avion ce matin », a indiqué la députée.

Il faut dire que la conjoncture politique n’était guère favorable pour nos Maskoutains d’adoption. Jeudi dernier, le gouvernement Harper a ajouté huit pays – dont le Mexique – à la liste des États qu’il considère « sûrs », rendant ainsi les demandes d’asile des réfugiés mexicains beaucoup plus difficiles.

La désignation « sûr » signifie que le Canada considère que ce pays est une démocratie et qu’en conséquence, il ne devrait pas être la source de réfugiés. On ne prend pas en compte la criminalité qui gangrène de plus en plus certaines régions du Mexique, situation qui avait causé la fuite des Pavon-Aguila vers le Canada.

Photo fournie par John Sanchez.

Ils veulent revenir à Saint-Hyacinthe

Mais pour en savoir plus long sur les circonstances du départ des Pavon-Aguila, MOBILES s’est entretenu avec John Sanchez du Service de pastorale auprès des personnes immigrantes à Évêché de Saint-Hyacinthe. C’est lui qui a accompagné la famille à l’aéroport de Dorval.

« Quelques jours après le rassemblement du 26 janvier, ils ont reçu un avis d’expulsion pour le 19 février. Ils avaient beaucoup de choses à faire en peu de temps : vendre les meubles, régler les affaires, etc. Il fallait faire vite. Pas beaucoup de temps pour les adieux » explique-t-il.

Une explication confirmée par Ana Luisa Iturriaga, directrice de FORUM 2020, l’organisme qui a aidé la famille à préparer leur départ. Elle venait de parler avec Leticia Aguila au téléphone.

« Leticia et Esteban voulaient que leur dossier soit propre en regard du ministère de l’Immigration, raconte Ana Luisa Iturriaga. Ils n’ont pas attendu d’être expulsés comme cela arrive souvent. Dans ces cas, le ministère doit envoyer des agents qui les conduisent jusqu’à l’avion. Et c’est le gouvernement qui paie les billets. Pour quatre personnes, les coûts sont élevés. Ils sont partis la veille de la date d’expulsion et ils ont payé eux-mêmes leurs billets d’avion. Le gouvernement n’a pas déboursé un sou ».

Lorsque le gouvernement doit procéder à l’expusion, cette procédure entache irrémédiablement un dossier d’immigration, selon les deux personnes interrogées. Il devient alors pratiquement impossible de faire une nouvelle demande.

Or, la famille a l’intention de revenir. « Dès leur arrivée, ils vont se rendre à l’ambassade du Canada à Mexico pour réenclencher les démarches » précise John Sanchez.

« Et c’est à Saint-Hyacinthe qu’ils veulent revenir, renchérit Ana Luisa Iturriaga. La famille a été tellement touchée par l’accueil et les appuis qu’ils ont reçus ici qu’ils ne voudraient pas aller ailleurs. Et les deux filles aimeraient bien retrouver leurs amis ».

Ce qui peut jouer en leur faveur, c’est qu’un employeur de la région a fait parvenir une lettre au ministre de l’Immigration, Jason Kenney, dans laquelle il garantit des emplois à leur retour, des emplois spécialisés et bien rémunérés.

Esteban Pavon et Leticia Aguila entendent obtenir un statut de résident permanent, ou du moins de résident temporaire, le temps de renforcer leur dossier d’immigrants. Durant les quatre années passées ici, ils avaient d’ores et déjà fait la preuve qu’ils représentaient un modèle d’intégration.