Chronique

LES PAPILLES D’UN PAPY

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J’avais déjà trouvé le titre : « Les papilles d’un papy ». Je trouvais que ça sonnait bien. Il ne me restait plus qu’à trouver un papy pour parler du Rendez-vous des papilles qui avait lieu en fin de semaine dernière au centre-ville de Saint-Hyacinthe.

Photo: Paul-Henri Frenière.

Le hasard existe-t-il ? Quelques jours avant l’événement, je croise sur la rue des Cascades un vieux chum que je connais depuis le début des années 80, mon chum Fernand. J’étais à pied, lui en voiture. On s’est juste salué.

Mais j’y pense, il est grand-père, Fernand. Et plus d’une fois, si je me souviens bien. Revenu chez moi, je le rejoins au téléphone (papy n’est pas fort sur le courriel).

J’apprends que non seulement il est grand-père quatre fois, mais il est aussi le papy « subrogé » de deux jeunes garçons. L’affaire est bonne. Mais qu’est-ce qu’il veut dire par « subrogé » ? Bof, on verra…

On se donne rendez-vous le samedi matin à huit heures à la Brûlerie Mondor, à deux pas du marché public où vont s’exciter les papilles toute la journée.

Ça faisait longtemps que l’on n’avait pas jasé. « La santé, ça va bien ? » « Pas si pire ». On s’est donné les dernières nouvelles puis, bien sûr, je l’ai questionné sur ses petits-enfants.

Ses yeux se sont allumés quand il m’a parlé de la petite Amélie. « À 7 ans, elle me fait faire ce qu’elle veut, la p’tite bonjour… ». Visiblement, il entretient une affection particulière pour cette fillette qui a traversé de graves problèmes de santé : la maudite leucémie. « Mais sa rémission a eu lieu v’là 5 ans, elle devra être correcte… »

Et puis, il me parle d’Annabelle, la petite sœur d’Amélie, et des enfants de son fils Mario, Laurianne et Olivier… « Et le papy subrogé ?», je lui demande. « Subrogé est un terme juridique qui veut dire que tu remplaces quelqu’un. Une nièce m’a demandé d’être le papy subrogé de ses deux garçons parce qu’ils n’avaient pas de grand-père. J’ai accepté. J’aime ça… »

Avec sa barbe et ses cheveux blancs, je lui fais remarquer qu’il ressemble de plus en plus  au Père Noël. « Tu n’es pas le premier à me le dire. Je l’ai déjà fait d’ailleurs… »

Photo: Paul-Henri Frenière.

Bon! Il était temps de se lancer dans le merveilleux monde des papilles. Encore une fois, j’étais tombé sur le bon gars. Ce Maskoutain pure laine participe à l’événement depuis sa première édition en 2003. Et il adore ça!

« Il faut que je me fixe des priorités parce que je repartirais facilement avec des centaines de dollars de produits. Il y a tellement de bonnes choses. »

En vieil habitué, Fernand s’est doté d’un « modus operandi » pour ses visites qu’il fait généralement le matin. Il se tape d’abord un tour complet des kiosques pour repérer les bonnes affaires. Après, il s’achète des coupons de dégustation et repart aux endroits qu’il a préalablement spotés.

Aujourd’hui, semble-t-il, les priorités seront le vin et le porto.

« Mais il ne faut pas goûter à trop de choses, signale le pro papy, il vient un moment où nos papilles ne goûtent plus rien ». C’est peut-être l’âge, aussi…

Certains vendeurs ont vraiment le tour de nous appâter. C’était le cas du premier kiosque que nous avons visité. Un monsieur avec un accent vaguement espagnol nous propose, avec un sourire en coin, une petite liqueur à l’érable pas désagréable du tout. « Bon, mais trop sucrée à mon goût » décrète papy.

De toute façon, il faut qu’il réserve ses papilles pour le vin et le porto… consommés avec modération, bien entendu.

Je le laisse à ses dégustations en songeant qu’il rapportera probablement autre chose que quelques bouteilles du divin nectar.

Une petite gâterie pour Amélie, peut-être… ?