Paul-Henri Frenière
Reviens donc, Raymond
Au début du mois, le journaliste Raymond Saint-Pierre a été blessé en Syrie. Blessé légèrement, mais quand même. Correspondant de Radio-Canada basé à Moscou, il accompagnait un convoi de l'armée russe et des bombes ont explosé autour de lui. Vous savez quoi? Il est resté là. Non seulement il est resté là, mais il a continué à faire des reportages.
Peu de gens le savent, mais Raymond Saint-Pierre est un Maskoutain d'origine. Si je me souviens bien, ses parents demeuraient sur le boulevard Laframboise, dans le secteur Sacré-Coeur. Né en 1948, il a étudié au séminaire de Saint-Hyacinthe et dès l'âge de 16 ans, il a travaillé à la station de radio locale, CKBS, l'ancêtre de BOOM FM.
C'était un travail d'étudiant et il a déjà dit, lors d'une entrevue, qu'il couvrait principalement les faits divers et l'exposition agricole. On est bien loin du conflit syrien…
Son parcours est remarquable. Il a d'abord étudié le Droit à Montréal et les Lettres en France. À cette époque, les cours en journalisme n'existaient pas. Comme il avait de l'expérience en radio, la station montréalaise CKAC l'a embauché.
Deux ans après son arrivée, il est promu directeur de l'information, poste qu'il a occupé pendant trois ans. Il négociera au téléphone, de chez lui un samedi matin, le seul débat qui n'ait jamais opposé René Lévesque et Robert Bourassa. Tout un scoop!
En 1978, Radio-Canada l'embauche. Il ne travaillera que deux ans dans la salle de rédaction avant d'obtenir le poste de correspondant à Washington. Par la suite, il devient successivement correspondant à Londres et, par la suite, à Paris.
De retour à la salle de nouvelles à Montréal, il continue à couvrir les événements à l'étranger comme envoyé spécial en Algérie, au Rwanda, au Zaïre, en Afghanistan et en Angola. Bref, des endroits où ça chauffe. Il a été correspondant en Chine et, depuis quelques années, il est basé à Moscou. De là son incursion en Syrie avec l'armée russe.
À 68 ans, Raymond Saint-Pierre pourrait bénéficier d'une généreuse pension de la société d'État. Il pourrait en profiter pour écrire un livre racontant ses aventures. Au cours de sa longue carrière, il a assisté à des événements historiques. Il était là au moment de la chute du mur de Berlin, par exemple.
Lors d'une conversation qu'il a eue avec l'aventurier Bruno Blanchet, dans le cadre de l'émission « L'autre midi à la table d'à coté », il se rappelait certaines situations où sa vie avait été carrément en danger.
L'un des événements qui l'a le plus marqué s'est déroulé en Angola. Il entre dans un village et remarque que la majorité des gens n'ont qu'une jambe ou pas du tout. C'est que le territoire est truffé de mines antipersonnel. Il en fait encore des cauchemars, avoue-t-il.
De toute évidence, Raymond Saint-Pierre carbure encore à l'adrénaline. Il aime se retrouver dans le feu de l'action et en témoigner comme journaliste. Mais à son âge, il me semble qu'il devrait commencer à penser à lui et prendre une retraite bien méritée.
Et si le métier de reporter lui vient à manquer, MOBILES pourrait l'envoyer couvrir l'exposition agricole. Ça lui rappellera des souvenirs et surtout, ça sera moins risqué…
Re: Reviens donc, Raymond
Oui, soyons fier de lui, il est de notre « pays »… Bravo Monsieur Saint-Pierre.
Re: Reviens donc, Raymond
Merci pour ce rappel de faits saillants ! Raymond est né sur la rue Dessaules près du travail de notre père : CIAQ et Ecole de laiterie…. Puis la famille déménage à La Providence.
Bonne journée!
Re: Reviens donc, Raymond
Merci pour ces précisions, madame Saint-Pierre.
Re: Reviens donc, Raymond
Merci pour ce généreux commentaire…. en Syrie, mon cameraman Alex Sergeev et moi , ne pensions pas aller « au front » …les ministères de la Défense et des Affaires étrangères Russes avaient organisé ce voyage, pour une trentaine de journalistes , pour plutôt montrer une Syrie pacifiée. Comme toujours, nous avions notre équipement de sécurité (casque, veste pare-balles et pare-éclats) mais jamais nous n’avions pensé que, dans ce cas-ci, il serait utile. …
Oui,, je me suis retrouvé dans bien des zones de conflit…pas parce que je courais ( ou cours encore) au devant des problèmes, en trompe-la-mort, comme certains journalistes que ja’i connus. ( par exemple, Paul Marchand qui s’est suicidé, ou le cameraman John Steele, qui a tout abandonné et écrit des romans) ..C’est surtout parce que je fais se métier depuis longtemps et qu’on finit , au fil des ans, par se retrouver dans des situations pas toujours plaintes…
Re: Reviens donc, Raymond
À mon tour de vous remercier pour ce généreux commentaire. Et merci de prendre tous ces risques pour nous informer. Cela dit, j’ai bien hâte de lire vos récits de reportages…
Re: Reviens donc, Raymond
Raymond, je te souhaite d’abord de n’avoir aucun accident de travail; de n’être jamais plus blessé.
Mais je te souhaite de continuer ton travail aussi longtemps que tu y trouveras réalisation et plaisirs. La retraite n’est pas un but et un but manque souvent aux retraités.
Ton magnifique travail: informer intelligemment la population et participer ainsi fondamentalement au fonctionnement de notre démocratie doit être très valorisant; j’espère que tu partages ce point de vue.
À peine plus vieux que toi, j’ai fini au séminaire en 1968, mais nous nous sommes à peine connu; moi pensionnaire, toi externe. Tant que tu seras motivé et en santé; continue.
Continuer à explorer le monde est sûrement plus stimulant et valorisant qu’une retraite même confortable.
Bonne suite! En rêvant qu’un jour nous parlions ensemble de Poutine et de la Crimée… par exemple!
Raymond St-Pierre
Ses parents restaient à La Providence, sur la rue St-Clément. J’y suis allé souvent; son frère, Michel, était dans ma classe et mon ami. Raymond a étudié au Séminaire et j’ai eu le plaisir de lui enseigner à ma première année d’enseignement.