Chronique

Reviens donc, Raymond

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Au début du mois, le journaliste Raymond Saint-Pierre a été blessé en Syrie. Blessé légèrement, mais quand même. Correspondant de Radio-Canada basé à Moscou, il accompagnait un convoi de l'armée russe et des bombes ont explosé autour de lui. Vous savez quoi? Il est resté là. Non seulement il est resté là, mais il a continué à faire des reportages.

Raynond Saint-Pierre. Peu de gens le savent, mais Raymond Saint-Pierre est un Maskoutain d'origine. Si je me souviens bien, ses parents demeuraient sur le boulevard Laframboise, dans le secteur Sacré-Coeur. Né en 1948, il a étudié au séminaire de Saint-Hyacinthe et dès l'âge de 16 ans, il a travaillé à la station de radio locale, CKBS, l'ancêtre de BOOM FM.

C'était un travail d'étudiant et il a déjà dit, lors d'une entrevue, qu'il couvrait principalement les faits divers et l'exposition agricole. On est bien loin du conflit syrien…

Son parcours est remarquable. Il a d'abord étudié le Droit à Montréal et les Lettres en France. À cette époque, les cours en journalisme n'existaient pas. Comme il avait de l'expérience en radio, la station montréalaise CKAC l'a embauché.

Deux ans après son arrivée, il est promu directeur de l'information, poste qu'il a occupé pendant trois ans. Il négociera au téléphone, de chez lui un samedi matin, le seul débat qui n'ait jamais opposé René Lévesque et Robert Bourassa. Tout un scoop!

En 1978, Radio-Canada l'embauche. Il ne travaillera que deux ans dans la salle de rédaction avant d'obtenir le poste de correspondant à Washington. Par la suite, il devient successivement correspondant à Londres et, par la suite, à Paris.

De retour à la salle de nouvelles à Montréal, il continue à couvrir les événements à l'étranger comme envoyé spécial en Algérie, au Rwanda, au Zaïre, en Afghanistan et en Angola. Bref, des endroits où ça chauffe. Il a été correspondant en Chine et, depuis quelques années, il est basé à Moscou. De là son incursion en Syrie avec l'armée russe.

À 68 ans, Raymond Saint-Pierre pourrait bénéficier d'une généreuse pension de la société d'État. Il pourrait en profiter pour écrire un livre racontant ses aventures. Au cours de sa longue carrière, il a assisté à des événements historiques. Il était là au moment de la chute du mur de Berlin, par exemple.

Lors d'une conversation qu'il a eue avec l'aventurier Bruno Blanchet, dans le cadre de l'émission « L'autre midi à la table d'à coté », il se rappelait certaines situations où sa vie avait été carrément en danger.

L'un des événements qui l'a le plus marqué s'est déroulé en Angola. Il entre dans un village et remarque que la majorité des gens n'ont qu'une jambe ou pas du tout. C'est que le territoire est truffé de mines antipersonnel. Il en fait encore des cauchemars, avoue-t-il.

De toute évidence, Raymond Saint-Pierre carbure encore à l'adrénaline. Il aime se retrouver dans le feu de l'action et en témoigner comme journaliste. Mais à son âge, il me semble qu'il devrait commencer à penser à lui et prendre une retraite bien méritée.

Et si le métier de reporter lui vient à manquer, MOBILES pourrait l'envoyer couvrir l'exposition agricole. Ça lui rappellera des souvenirs et surtout, ça sera moins risqué…