Chronique

La vision d’un maire

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Il y a des maires qui laissent leur marque après leur passage, un héritage en quelque sorte. Parfois, il faut des années pour s’en rendre compte. C’est le cas de Grégoire Girard, qui dirigea la mairie de 1971 à 1976. Bien qu’il ait été en poste seulement cinq ans, on lui doit des réalisations majeures dont les effets positifs perdurent encore aujourd’hui. Le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe lui a rendu hommage récemment. L’homme de 97 ans assistait à l’événement. L’occasion était belle, puisqu’on relatait l’histoire du parc Les salines dont Grégoire Girard a été l’initiateur.

En 2015, lors des 40 ans de la télé locale, Bruno Beauregard avait interrogé l'ex-maire Grégoire Girard. Photo: PHF.(archive)

Au début des années 70, ce n’était qu’un grand boisé avec un sentier et des sources d’eau légèrement salée (d’où le nom « salines »). J’avais une connaissance qui y faisait pousser quelques plants de cannabis à l’abri des regards. C’était commode, puisque très peu de gens s’y aventuraient à l’époque.

Des promoteurs y voyaient déjà un potentiel de développement immobilier. Le maire Girard, lui, a plutôt eu la vision d’un grand parc urbain au bénéfice de l’ensemble de sa population. La ville a donc acheté le terrain et les installations n’ont cessé de s’améliorer depuis ce temps. On a inauguré récemment de nouveaux jeux d’eau, au grand plaisir des enfants.

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C’est également durant son mandat qu’on a construit un mur de protection le long de la Yamaska. Peu de gens le savent, mais la rivière débordait régulièrement lors des grandes crues du printemps. Les archives rapportent que les eaux pouvaient monter jusqu’à la rue des Cascades, causant des dommages considérables. Et que dire de la qualité de vie des citoyens du secteur qui devaient subir ce stress annuel? Il fallait trouver une solution.

Or, non seulement on a réglé le problème des inondations, mais on a construit une promenade en bois et une piste cyclable, donnant ainsi un accès visuel à la rivière. En faisant cela, le maire et sa ville devenaient visionnaires, en quelque sorte, puisqu’on reconnaît aujourd’hui l’importance de l’exercice physique au grand air.

En 1976, alors qu’il achevait son séjour à la mairie, Grégoire Girard a orchestré la fusion des municipalités voisines. À l’époque, les secteurs de Saint-Joseph, de Douville et de La Providence constituaient des villes distinctes avec chacune leur administration. Difficile à imaginer aujourd’hui. Personne ne voudrait revenir en arrière, enfin, je crois…

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À mon avis, un bon maire n’est pas celui qui gère sa ville comme un chef d’entreprise. Bien sûr, il doit voir à ce que les services publics soient livrés à ses concitoyens qui sont, rappelons-le, à la fois ses clients et ses patrons. Mais il doit voir plus loin que sa réélection.

Un bon maire (ou une bonne mairesse, il va sans dire) ne devrait pas avoir peur d’amorcer de grands projets en ayant en tête la qualité de vie des générations futures. Il ou elle n’aura peut-être pas une reconnaissance immédiate, mais c’est avec les années que la population se rendra compte qu’il ou elle aura été visionnaire. Grégoire Girard en est un bel exemple.