Félix Tremblay
Avec la saison des récoltes, devant l’abondance de fruits et légumes, me viennent toujours des réflexions quant aux manières dont on parvient à obtenir autant de nos champs et vergers. Saison des récoltes obligeant, j’ai cette année reçu d’une amie de belles pommes qui poussent chez elle. Naturellement cultivées sans aucuns pesticides, ces pommes sont bien belles, mais beaucoup sont tout de même piquées, tavelées, amochées. Une agriculture respectueuse de l’environnement peut-elle être aussi productive que l’agriculture moderne, ses engrais et ses pesticides? Une réponse à cette question réside dans ce que l’on nomme : la lutte intégrée.
La lutte intégrée est une pratique qui consiste à se débarrasser des espèces nuisibles à la culture en combinant une multitude de moyens, le tout avec comme conséquence une utilisation moindre de pesticides et de fertilisants. Pour réduire l’impact sur le rendement d’insectes ravageurs par exemple, on considèrera donc des méthodes mécaniques, chimiques, biologiques, agronomiques et génétiques qui seront utilisées au meilleur moment, dans les meilleures circonstances que ce soit pour prévenir leur arrivée et encore pour intervenir et s’en débarrasser s’ils sont présents. On organise donc la production agricole en tenant compte de l’environnement et, à de multiples égards, en s’en servant comme d’un allié.
La plupart des interventions utilisées dans la lutte intégrée et leurs effets sont connus depuis longtemps. Ce qui diffère ici, c’est qu’on les combine et qu’on cherche à maximiser leur impact en les utilisant au moment le plus approprié. Pour que cela soit efficace, il faut bien connaître la biologie de l’espèce qu’on cultive, mais aussi celle des insectes qui s’y attaque et finalement celle des espèces prédatrices ou qui entre en compétition avec les premières.
Donnons un exemple de la façon dont cela pourrait être fait. D’abord il serait possible de modifier l’espace entre les plans pour éviter de façon préventive la propagation d’un insecte qui s’attaque à ses feuilles. Puis, l’épandage d’insecticides n’aurait lieu qu’au moment où le principal ravageur de la plante pond ses œufs si ce sont ses larves qui mangent les feuilles plutôt que d’en mettre à tout moment sans discernement. Un prédateur naturel qui se nourrit de l’insecte et qui ne s’intéresse pas à notre culture serait peut-être ensuite introduit. Finalement, on ferait la sélection des plants les plus résistants au ravageur pour les planter l’année suivante. Tout ceci varierait selon ce que l’on cultive, le moment et l’endroit où on le fait.
Les avantages à pratiquer ce genre d’agriculture sont nombreux : on obtient souvent un rendement comparable, on dépense moins de temps, d’argent et d’énergie à faire des interventions inefficaces et, bien entendu, on participe à entretenir la santé environnementale et la santé humaine. Pas étonnant que beaucoup d’agriculteurs se tournent déjà vers cette pratique.
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