Environnement

Usine de biométhanisation : meilleure surveillance demandée

Devant le Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie à Saint-Pie : Jacques Tétreault, Louis Bernard et Pierre Renard. Photo : Nelson Dion

Plusieurs organismes pressent le ministère de l’Environnement du Québec de resserrer sa surveillance envers l’usine de biométhanisation établie à Saint-Pie.

Situé sur le Grand rang St-François, le Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie (CTBM) traite des résidus provenant d’entreprises agroalimentaires et de fermes, telles que des boues organiques, boues d’abattoir et lisier, afin de les transformer en gaz naturel. Les rejets sont ensuite déversés dans le ruisseau des Glaises qui, lui, se jette dans la rivière Noire.

Représentant le Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM), Jacques Tétreault n’en a pas contre la présence de cette usine même si elle est située au milieu des terres agricoles :

« Pour moi, c’est un projet qui demeure intéressant car ces matières organiques étaient auparavant destinées à l’enfouissement, a-t-il précisé à Mobiles. Qu’on puisse en faire du gaz, c’est une bonne chose. »

Toutefois, il dénonce les lacunes dans la surveillance exercée par le ministère de l’Environnement envers l’usine de biométhanisation.

C’est un producteur agricole voisin du site, Pierre Renard, qui a alerté l’organisme environnemental lorsqu’il s’est rendu compte de la mauvaise qualité de l’eau du ruisseau des Glaises.

Il s’est rendu à l’usine et a pu comparer deux échantillons d’eau prélevés dans un délai très court, l’un par lui et l’autre par l’entreprise. Or, les deux échantillons ont donné des résultats complètement différents, particulièrement au niveau du phosphore.

C’est lors de cette visite qu’il a appris que la surveillance du ministère de l’Environnement reposait principalement sur trois échantillons d’eau fournis par l’entreprise elle-même durant l’année.

« Le protocole de surveillance n’est pas assez sévère, indique Pierre Renard. C’est trop facile pour elle de contourner les règles. »

Même constat au CCCPEM : « À cet égard, le CTBM opère sous un régime beaucoup plus permissif que ne le font les entreprises agricoles qui, elles, peuvent se voir contrôlées de façon impromptue et arbitraire. À notre avis, pour améliorer la confiance des citoyens, il est devenu urgent de modifier le protocole de surveillance, notamment en recourant à un échantillon indépendant, aléatoire et représentatif des périodes de crue et d’étiage. »

Plusieurs organismes ont joint leur voix à la démarche : l’Organisme de bassin versant de la Yamaska, le Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec, le Club conseil Gestrie-Sol, le Comité de la rivière Noire et le Comité de bassin versant du ruisseau des Aulnages.

Devant l’absence de réaction du ministère de l’Environnement, le CCPEM a donc décidé d’organiser une rencontre de presse le 9 avril dernier pour dénoncer la situation. Curieusement, les choses semblent avoir bougé depuis ce temps puisque des inspecteurs du ministère ont été vus à Saint-Pie.

Pierre Renard n’entend pas en rester là. Il veut également interpeler la députée Chantal Soucy afin de lui demander d’intervenir dans le dossier.

La rivière Yamaska demeure l’un des cours d’eau les plus problématiques au Québec, rappelle le CCCPEM. Selon une étude récente, « si on arrêtait tout apport de phosphore provenant des secteurs résidentiel, industriel ou agricole, il faudrait des centaines, sinon des milliers d’années, pour que l’eau de la rivière recouvre son état initial », écrit l’organisme environnemental.