Chronique

À la Ponce Pilate

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L’image m’est venue en regardant à la télévision une séance du conseil municipal diffusée sur Cogeco en septembre. Le premier magistrat de Saint-Hyacinthe répondait à la question d’une représentante des organismes communautaires propriétaires de leur immeuble. Elle demandait si le conseil allait abolir totalement la taxe compensatoire qui est imposée à leurs organismes.

Le maire a répondu qu’il avait étudié le dossier, mais que la décision finale reviendrait au prochain conseil municipal après l’élection du 5 novembre. Bref, il s’en lavait les mains… à la Ponce Pilate. (Note aux milléniaux : Ponce Pilate était ce magistrat romain qui devait juger un certain Jésus Christ pour ses prétendus crimes. Incapable de prendre une décision sur sa crucifixion, il s’en lava les mains en remettant ce fardeau au peuple. J’espère que vous connaissez la suite.)

Pourtant, le maire devait déjà avoir sa petite idée. Comme l’a fait remarquer judicieusement une autre intervenante, le prochain budget sera déposé en décembre et l’on ne prépare pas ce genre de chose à la dernière minute. Le fait qu’il s’abstienne de répondre augure mal puisque tout politicien aime bien annoncer de bonnes nouvelles à son peuple avant une élection.

Le dossier de la taxe imposée aux organismes communautaires est sur la table du conseil depuis 2013. Dans un premier temps, les élus avaient décidé de réduire cette taxe de moitié, soit de couper la poire en deux : un jugement… à la Salomon (Note aux milléniaux : Trop long à expliquer, cherchez sur Wikipédia).

Reste que les 12 organismes maskoutains concernés doivent encore payer à la Ville plus de 40 000$ annuellement. On ne parle pas ici d’entreprises privées qui sont là pour faire des profits. Non, il s’agit de femmes et d’hommes qui travaillent – souvent à bas salaire – pour le bien-être de la communauté maskoutaine, souvent pour les plus démunis. 

À noter que plusieurs municipalités du Québec ont aboli complètement cette taxe en raison de l’apport significatif de ces organismes à la collectivité. On parle ici de l’aide alimentaire, au soutien et à l’hébergement pour les femmes violentées ou pour les jeunes en difficulté, de l’aide apportée aux personnes ayant un problème de santé mentale et le reste…

C’est évident que l’argent qu’ils payent en taxe à la Ville pourrait servir à bonifier leurs services.

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Pendant ce temps, on h’hésite pas à débloquer des fonds considérables pour accommoder l’entreprise privé. Il y en a d’autres, mais l’exemple du projet Réseau Sélection est patent.

On achète des terrains et on démolit des maisons pour aménager un stationnement. Sans consultation bien sûr.

Et lorsque le bon peuple rechigne, on tente de limiter ses interventions. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais de nouvelles règles ont été instaurées lors des séances du conseil. À la période de questions, on demande au citoyen de s’identifier et de spécifier son lieu de résidence.

Va pour l’identification, mais la personne qui a le malheur de demeurer en dehors des limites de la ville se fait regarder de travers, même si elle représente un organisme bien maskoutain. Autre chose, on demande d’écourter le préambule et d’aller directement à la question.

Espérons que cette tendance n’ira pas plus loin. Sinon, on dira que limiter la parole des citoyens est une pratique… à la Corbeil.