Chronique

Causer pour la cause à l’année

francoise_pelletier

Quelle soit portée par une grosse compagnie une journée, c’est bien. Mais qu’on en parle à l’année, c’est mieux. C’est un peu la même histoire que pour les paniers de Noëls qui sont devenus un besoin hebdomadaire pour de plus en plus de personnes qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Les besoins, qu’ils soient de l’ordre de se nourrir convenablement ou de recevoir de l’aide en santé mentale, sont de plus en plus criants et les services de plus en plus difficiles à obtenir.

C’est le ‘’régime’’ néolibéral et amaigrissant de l’austérité qui a pour effet de non seulement réduire l’offre de services dans le réseau public, mais aussi d’augmenter la demande en ayant appauvri au passage plusieurs personnes, dont beaucoup de femmes.  

Calcul insensé qui mériterait à leurs auteurs d’être envoyés dans le coin avec un bonnet d’âne, plutôt qu’être reconduits dans leurs fonctions d’élus provinciaux.

Mais j’imagine bien que c’était voulu, et que de toute façon les services publics sont diminués proportionnellement à ce qu’on souhaite les voir se développer au privé. Ou offerts ‘’à la carte’’ via de grandes fondations (privées elles-aussi) et qui se servent de la misère de monde pour mousser leur image de marque une fois par année, tout en économisant de l’argent d’impôt public qui lui, aurait été aux services publics.

Peut-être méritent-ils d’avoir un collant dans leur page de cahier, finalement.

Et causant vraiment de la cause, en passant, la santé mentale, ce n’est pas seulement une problématique individuelle. Celle-ci se révèle dans un contexte social, culturel et politique. Elle est donc en grande partie sociale. Comme le prouvent, notamment, des diagnostics acclamés par les collèges scientifiques successifs tels que l’hystérie ( du mot utérus) caractérisant les femmes qui souffraient de problématiques en santé mentale et qui témoignent d’une misogynie officiellement approuvée par les autorités de l’époque en occident. Les diagnostics sont bien souvent à l’image des préjugés de l’époque, et de la culture. Et la perception sociale de la santé mentale de monsieur et madame tout le monde l’est également.

Aussi, au-delà des besoins de chaque personne qui vit une problématique en santé mentale, il y a une histoire. Une histoire personnelle, marquée bien souvent par des drames en bas-âges, amplifiés par un contexte social re-traumatisant, la pauvreté, et une histoire commune : la compréhension du monde de ce que cette personne vit, et qui fait aussi partie de la compréhension de la personne de sa propre souffrance. Ainsi, s’ajoutant aux très souffrants symptômes de la dépression, par exemple, il y a tous les préjugés sociaux que la  personne aura à vivre en plus de son affectation. Si l’on ajoute les brillants calculs des élus dont nous avons parlé auparavant, alors nous avons en portrait une personne souffrante, qui se fait juger socialement parce qu’elle souffre, et qui en plus ne reçoit pas toujours de services en santé mentale à cause d’un gouvernement qui économise les services publics sur sa ‘’tête’’.

Pour causer un peu solutions, et plus qu’une fois par année, il faut selon moi qu’on regarde du côté des organismes communautaires alternatifs en santé mentale qui offrent non seulement des services de relation d’aide, de soutien et d’accompagnement en santé mentale, mais aussi des milieux critiques des politiques et des déterminants sociaux de la santé mentale.  Avec pour principes l’accueil et l’égalité entre intervenantes et membres, l’entraide, une gestion horizontale, ainsi qu’une philosophie prônant une alternative aux seuls traitements médicaux et célébrant l’empowerment individuel et collectif, les organismes communautaires en santé mentale sont une belle richesse collective.

Mais voilà, la belle richesse collective, elle est assez pauvre elle-même en terme de moyens financiers. C’est pour cette raison que nous demandons au gouvernement provincial d’investir à la mission des organismes depuis 4 ans via des campagnes nationales, entre autre. Et c’est aussi, dans la foulée de l’action communautaire autonome, des luttes collectives pour la justice sociale, que nous demandons au gouvernement provincial d’investir massivement dans les services publics puisque nous ne souhaitons pas se substituer aux services essentiels dispensés par l’État québécois (tsé, celui qui est né d’une belle et grande révolution tranquille et qui avait, avec amour et grandeur, tricoté un magnifique filet social pour ses enfants et ses grands).  Les organismes communautaires alternatifs en santé mentale sont là pour offrir une alternative, justement. Pas remplacer l’irremplaçable.

Que me reste-t-il à dire, déjà, sur la cause… Bien, pourquoi pas : vous donner les coordonnées du RRASMQ, le Regroupement des Ressources Alternatives en Santé Mentale du Québec, où vous pourrez trouver les adresses près de chez vous, un peu partout au Québec, de ces organismes communautaires qui causent pour la cause à l’année, et ce depuis plus de 30 ans.

 

Post-Scriptum :

http://www.rrasmq.com/