Chronique

BERNIER : 21 DESSAULLES : 24

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Il ne fait pas de prières avant les séances du conseil municipal. Il n’a pas amassé une fortune dans les paradis fiscaux sur le dos des contribuables. Et, à ma connaissance, il ne fume pas de crack…

Claude Bernier. (Photo: Paul-Henri Frenière)

Cependant, une rumeur circule à l’effet qu’on l’aurait vu acheter un sac de chips au IGA des Galeries Saint-Hyacinthe. Des chips au ketchup par dessus le marché! Une vidéo le montrerait en train de mettre la main dans le sac selon un journal local.

Sérieusement, Claude Bernier fut un maire un peu drabe si on le compare à certains de ses homologues. En 21 ans à la tête de la ville, il n’a jamais fait l’objet d’un scandale : ni financier, ni sexuel, ni comportemental… On ne s'en plaindra pas.

Sur le plan du comportement, les occasions ont été nombreuses, durant ses quatre mandats, où il aurait pu faire un fou de lui. Combien de conférences de presse, d’événements publics, de cocktails bien arrosés auraient pu se transformer en catastrophes pour le premier magistrat.

Quand on est le personnage public le plus en vue de la municipalité, le moindre faux pas peut avoir des conséquences médiatiques et politiques. Pourtant, aucun esclandre n’a éclaboussé son parcours. La preuve : il n’est jamais passé à Infoman.

Pensez aux assemblées du conseil, par exemple. Il y a une période de questions réservée aux citoyens. Pour en avoir regardé plusieurs au fil des années, je n’ai jamais vu le maire péter les plombs même si certaines interventions d’individus l’auraient mérité à mon avis. Il faisait preuve d’une patience quasi angélique au nom, je présume, de la démocratie municipale.

Il faut dire, cependant, qu’il a toujours conservé son ton de directeur d’école, fonction qu’il a occupée pendant 26 années avant de s’installer à la mairie pour deux décennies. Genre de dire : « Écoutez-moi bien les enfants, c’est de même que ça va marcher! That’s it ! That’s all ! » Pas agressif, mais ferme.

Au plan des réalisations, on ne peut pas dire que la gouvernance Bernier aura métamorphosé Saint-Hyacinthe-la-jolie. On lui doit certainement l’assainissement des finances municipales. Mais ce n’était pas le genre à s’aventurer dans de grands projets, très audacieux, comme un certain maire de Québec par exemple.

Bien sûr, on a eu droit à une salle de spectacles, mais le dossier traînait depuis des lunes. Il a fait la job que ses prédécesseurs auraient dû faire bien avant lui.

Côté sport et loisirs, ah là, les amateurs ont été gâtés. Ils pourront nager, patiner et s’envoyer le ballon à volonté. Gracieuseté du maire Bernier.

Là où le bât blesse, par contre, c’est plutôt dans la catégorie « patrimoine et culture ». Certains ne lui pardonneront jamais de n’avoir pas agi pour conserver la maison de l’ancien maire Casimir Dessaulles : une maison chargée d’histoire qui méritait mieux que le pic du démolisseur.

À propos, Claude Bernier n’a pas réussi à battre Casimir Dessaulles en termes de longévité à la mairie. Élu pour une première fois en 1868, le sieur Dessaulles a été maire durant 24 ans au total, contre « seulement » 21 ans pour l’actuel maire qui prend sa retraite en novembre.

Bernier : 21, Dessaulles : 24. Une douce revanche posthume.