Paul-Henri Frenière
Enfin, j’ai compris la pub
Interrogé par Cogeco concernant la campagne controversée de publicité pour mousser la grande région de Saint-Hyacinthe, j'ai entendu le maire Corbeil répondre : « Vous allez finir par comprendre et vous allez voir les résultats ». Eh bien, voilà! J'ai enfin compris. Enfin, je pense…
Il suffisait d'attendre les explications et nous les avons depuis quelques semaines avec des annonces publicitaires dans les journaux locaux.
D'abord, la publicité nous dit que nous avons un logo à « votre » image : cela exclut évidemment celui qui le dit, un Montréalais probablement. Ça commence bien.
« Rédigé en lettres minuscules, ce logo évoque la dimension accessible et amicale de la région » explique-t-on. Vive les lettres minuscules, mes amies, mes sœurs. De mieux en mieux.
« Sa forme représente une vue aérienne où chaque mot correspond à un lopin de terre » Alors là, ça, c'est de la haute voltige.
Si je comprends bien, cela voudrait dire que si l'on regarde attentivement le mot « Saint-Hyacinthe » on peut y voir, à vol d'oiseau, un joli lopin de terre si caractéristique à notre région. J'ai déjà entendu un gars raconter son trip d'acide qui ressemblait pas mal à ça.
Mais ne nous arrêtons pas là, poursuivons la lecture : « Le choix de la signature Terre d'innovation associé au logo de la grande région de Saint-Hyacinthe signifie que notre région va continuer à être créative et tournée vers l'avenir dans les secteurs de la culture, de l'immobilier, des loisirs, de l'enseignement, de l'économie, des infrastructures, des services, de l'environnement et de la gastronomie ».
Ouf! C'est fou comme on peut apprendre des choses en regardant à vol d'oiseau des lettres minuscules accessibles et amicales. Quand, du même souffle, on veut promouvoir la gastronomie et l'immobilier, sans oublier la culture et les infrastructures, on finit par perdre le monde. Comme dit le proverbe : « Qui trop embrasse, mal étreint ».
Vous voulez savoir ce que je pense? La pauvre agence de publicité qui a eu le mandat de promouvoir Saint-Hyacinthe a reçu une commande si large, si vaste, si vague qu'elle ne savait plus trop quoi faire avec.
Résultat : on a inventé un concept flou, fourre-tout, où une chatte y perdrait ses petits et les contribuables son argent. (À propos, combien va coûter cette campagne déjà? Plus d'un million de dollars, vous dites! Ok, merci.)
Sur une quantité d'affiches, on affirme que la région est cérébrale, énorme, épuisante, dominante, étourdissante, déroutante (Paraît qu'ils ont enlevé le mot « suffisante » dernièrement. Enfin, c'est ce qu'a dit notre bon ami Martin Bourassa dans ses plus récentes rumeurs hebdomadaires). Bref, des âneries qu'on tente de nous vendre comme la trouvaille marketing du siècle.
On aura beau contraindre les organismes maskoutains à afficher le « logo » sur leurs publications, demander à leurs employés de faire des « selfies » devant les affiches, il restera toujours que le message est poche.
Le maire nous a dit qu'on finirait par comprendre et qu'on verrait les résultats. J'aurais quelques petites questions à poser là-dessus.
D'abord, quel est l'objectif de cette campagne au juste? Augmenter la population de Saint-Hyacinthe? Et si c'est cela, de combien? Le maire nous a déjà parlé que son objectif était d'atteindre 60 000 habitants en 2020.
Est-ce que ça veut dire qu'il faudra attendre en 2020 pour savoir si la campagne a fonctionné? J'ai bien peur que dans six ans, plus personne ne voudra parler de cette coûteuse aventure.
Re: Enfin, j’ai compris la pub
Le grand gaspillage de fonds publiques à St-Hyacinthe vient depuis trop longtemps du fait que cette ville se gausse de son présent de par une malsaine fixation sur son passé. Rien n’y fera ; les gens qui exercent des métiers de création ne sont pas différents des autres à ce titre. Lorsque l’on exige d’abord d’un (e) créateur (trice) que son profil soit avant tout à teneur MBA ( ou l’un de ses ersatz ) , et bien ne nous étonnons pas d’avoir des campagnes publicitaires à saveur strictement » Mbienne » . Pourtant qui a dit qu’il n’ y avait de réalité que dans le commerce … Rockfeller ? Bill Gate ? Et bien non c’est Paul Valéry oui , oui le poète.
Soyons sérieux , nous n’allions quand même pas confier le budget d’une telle » saga publicitaire » à un poète .
Soulagement
P.S. J’aimerais , M. le chroniqueur , qu’en matière d’analogies psychotropiques , vous vous en teniez aux substances légales. L ‘alcool par exemple. Ainsi nous n’aurions pas à subir le spectacle navrant d’une certaine pudibonderie passéiste…
Re: Enfin, j’ai compris la pub
Cela n’est pas sans rappeler Philémon, une série de bande dessinée de Fred apparue dans Pilote en 1965. Son personnage éponyme se promène entre son village français et des îles formées par les lettres de l’océan Atlantique.
On pourrait imaginer un nouveau personnage, Clo-Clo, se promenant entre son village de la MRC Les Maskoutains et les îles formées par les lettres du mot « Saint-Hyacinthe »!
Comme délire éthylique, ce serait difficile à battre!
Alain C.