Françoise Pelletier
La parade des vulnérables
Il y a très très longtemps, vivaient des gens dans une extrême pauvreté. Ils ne possédaient rien et étaient bien seuls. Un jour, toutefois, alors qu’ils se rendaient au marché ces gens se mirent à discuter entre eux de ce qu’ils vivaient et de ce dont ils avaient besoin. Ils se rendirent compte qu’ensemble, ils seraient bien plus forts. C’est ainsi qu’ils se regroupèrent et s’organisèrent des cuisines collectives, des maisons d’hébergements pour les femmes et les enfants dans le besoin, des lieux de rencontres sociales et citoyennes où ils décidaient ensemble de l’avenir de leur communauté au niveau politique et social. Le milieu communautaire était né.
Pendant quelques décennies, les organismes communautaires luttèrent afin de faire reconnaitre leur action unique, issue des membres de leur communauté et orchestrée par et pour elle. Les gouvernements reconnurent l’apport essentiel de ces ressources, et leur concéda des montants récurrents afin qu’ils puissent mener à bien leurs différentes et importantes missions sociales. Les montants ne suffisaient pas aux organismes mais ceux-ci usaient de créativité toujours renouvelée pour réaliser les actions auprès de leurs membres et avec eux pour solidifier toujours plus le filet social de leur communauté.
Malheureusement, et malgré tout le labeur et le bon coeur des personnes impliquées dans le milieu communautaire, les gouvernements décidèrent de geler les montants accordés aux missions des organismes. D’année en année, les budgets étaient plus difficiles à boucler.
Les gens des organismes se mirent à sortir dans les rues, à faire des prises de parole pour sensibiliser les différents gouvernements à leur action essentielle, à leur apport unique à leur milieu. Ils n’allaient pas se décourager, après tout ils étaient nés des besoins et des initiatives de leur communauté !
Après de longues années de manifestations et de pourparlers, le gouvernement alors en place vint à céder: vous recevrez, et ce dès la prochaine année, 162 millions pour toutes vos missions ! Les membres des organismes communautaires étaient heureux et fiers, enfin ils pourraient respirer.
Malheureusement, c’est à ce moment que le gouvernement changea, et avec ce dernier, les promesses de montants récurrents furent enterrées. Les membres des organismes devraient encore attendre avant de pouvoir vivre pleinement et se réaliser, les moyens venant toujours plus à manquer. Les coupures dans les programmes sociaux se conjuguaient désormais avec la tarification des services publics à la population. Les clochettes de l’austérité venaient de sonner, une sombre page de l’histoire venait de tourner.
Que les gouvernements de tout horizon se le tiennent pour dit: les vulnérables ne sont pas démunis ! Ils usent comme depuis la nuit des temps de leur énergie, de leur coeur, de leur créativité, en toute solidarité, et continueront de revendiquer pour un meilleur financement pour les organismes communautaires et contre les mesures austères.
Rendez-vous avec nous à ‘’La parade des vulnérables’’ afin que nous puissions, ensemble, écrire un nouveau chapitre de notre histoire le 15 décembre prochain, à 11h15, au square Dorchester à Montréal !
Au son de la clochette, cherchez sur internet :
www.trocm.org
Re: La parade des vulnérables
Gente Françoise,
J’aime votre conte. J’aurais pu le dire de façon moins manifeste, plus subtilement. J’aime votre texte et j’aime la battante qui l’écrit. J’aime la filiation que l’on ressent au sein du mouvement communautaire. Tel mot, tel récit, tel prise de parole qui nous fait déclarer la parenté de pensée. Qui se ressemble, se rassemble. Au grand plaisir de se rassembler, au son des clochettes, le 15 du mois prochain au square Dorchester.
Amitiés,
Renaud
Re: La parade des vulnérables
Moi aussi j’aime bien ce conte et je trouve que c’est une façon bien originale de mobiliser les gens à une action tellement juste. Le ton du texte ramène aussi à l’origine et à la pertinence du mouvement communautaire: se regrouper pour s’entraider et contribuer à un changement social.
Re: La parade des vulnérables
Comme toujours chère Françoise,
Tu touches au cœur du problème.
J’aimerais souvente fois que ce conte finisse mieux et « qu’ils vécurent heureus(e)s et eurent beaucoup d’argent », et qu’on ait un jour une parade de la victoire comme quand on gagne une coupe en plaqué avec nos noms dessus pour que toujours les gens se souviennent de nos exploits!!!! Nous sommes malheureusement encore loin de la coupe au lèvres. On en est encore seulement à la « coupe ». Merci Françoise!
Re: La parade des vulnérables
LES RÉSIDENTS ET EX-RÉSIDENTS DE M.A.D.H. SONT SENSIBILISÉS À LA CAUSE!
BRAVO FRANÇOISE POUR TON IMPLICATION SOCIAL! 🙂