Paul-Henri Frenière
LE COMPLEXE BERNARD-BARRÉ
Personnellement, je n'ai rien contre Bernard Barré. Quelques fois par année, nous nous croisons sur la rue des Cascades. Et on se salue poliment.
Je l'ai connu lorsqu'il est devenu conseiller municipal en 1988. C'était rafraîchissant de voir débarquer quelqu'un qui ne se contentait pas de lire son texte aux séances du conseil. Il lui arrivait même de parler fort et de s'opposer au maire du temps, Clément Rhéaume, le père de Pierre qui brigue actuellement la mairie.
Je me souviens qu'il avait proposé que les rencontres préparatoires, les plénières, soient ouvertes au public. Ce sont des réunions à huis clos où tout se décide, finalement. C'est à ce moment-là que les grandes décisions qui orientent l'avenir de la ville se prennent.
J'aurais particulièrement apprécié assister aux échanges qui ont conduit au projet de la Métairie…
Bernard Barré est un combattant. Pas un bagarreur de ruelle, mais un tacticien, à l'instar des boxeurs qu'il parraine. Un tacticien qui sait « travailler » son adversaire au corps. Le doyen des conseillers municipaux règne sans partage sur le district La Providence depuis 25 ans. C'est un bail. Il était là, même avant le maire Bernier qui tire sa révérence cette année.
Cette longévité a dû jouer, je présume, dans la décision quasi unanime du conseil municipal d'appuyer son projet de relocaliser la quinzaine de groupes socioculturels dans l'ancien couvent de la Métairie. Une marque de respect, consciente ou inconsciente, pour le doyen. Mais un choix dont la logique est fort discutable.
Fabriquer de toute pièce un nouveau pôle culturel au fin fond de la ville est une idée qui ne tient pas la route. Car c'est de cela qu'il s'agit, à mon avis. Mettre les bases d'une infrastructure qui sera appelée à grandir et à contribuer au développement de ce secteur. C'est un pari, mais un pari qui coûte cher : près de dix millions de dollars dans sa première phase.
Pour vendre l'idée à ses collègues, le fougueux conseiller a dû faire miroiter le potentiel des lieux et les possibilités d'y installer d'autres aménagements. Tacticien, je vous dis, comme à la boxe… Spécialiste des clips, aussi, il a même lancé : « La Métairie, ce n'est pas la Sibérie! ». Un uppercut aux citoyens et aux organisations qui voulaient que la relocalisation des groupes se fasse au centre-ville.
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Le dernier round se terminait avec l'élection du nouveau maire et du conseil municipal. Il fallait le knock-out. Peut-on le blâmer? Combien de politiciens ont voulu laisser derrière eux des réalisations qui passeraient à l'Histoire? C'est surtout vrai pour ceux qui ont fait plusieurs mandats et qui voient poindre le jour où ils devront passer le flambeau à d'autres.
Bernard Barré a exploré d'autres rings que l'arène municipale. Il s'est présenté à l'investiture du Parti québécois. Il a fait belle figure, mais c'est Léandre Dion qui l'a remporté. Plus tard, en 2003, il a représenté l'ADQ à l'élection provinciale. Quatre ans après, il se présentait comme conservateur à l'élection fédérale. Après chaque défaite, il est revenu au bercail : le municipal.
Après tant d'années passées au service de ses concitoyens de La Providence, j'ai l'impression que Bernard Barré veut laisser une marque tangible de son passage comme conseiller.
Un beau complexe duquel on pourra dire, dans 25 ans, « Et dire qu'on n'aurait jamais eu ça si Barré n'avait pas été là ». Un endroit que l'on voudra peut-être rebaptiser : Le Complexe socioculturel Bernard-Barré…
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