Chronique

Le nouveau maire et la rivière

Crédit: Nicolas Humbert.

Je sais bien qu'il faut laisser la chance au coureur, mais il y a une autre expression populaire qui dit que le passé est garant de l'avenir. Le nouveau maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, a défendu dans une vie antérieure les intérêts des producteurs de porcs. Comme président de la fédération qui les représente – alliée à la puissante UPA -, il a dû faire face aux nombreux blâmes que l'industrie porcine a reçus concernant la pollution des cours d'eau, en particulier de la rivière Yamaska.

Crédit: Nicolas Humbert.À la fin des années 90, l'industrie du porc était décriée sur toutes les tribunes. Le film d'Hugo Latulippe (Bacon, ONF, 2001) a fortement braqué l'opinion publique contre cette production alors peu soucieuse de l'environnement, c'est le moins qu'on puisse dire.

C'est dans ce contexte tumultueux que Claude Corbeil a pris les rennes de la Fédération des producteurs de porc du Québec (FPPQ) en 2003 . Il faut lui donner le crédit d'avoir passablement calmer le jeu. Dans une longue entrevue accordée au journal Le Devoir en 2005, il a déclaré que « les producteurs ont été proactifs et ont adopté des mesures pour protéger l'environnement. La population avait des craintes par rapport à la production, on leur a montré qu'on était de bonne foi ». Le président de la FPPQ a alors énuméré toutes les mesures qui ont été prises dans le cadre d'un vaste plan « agroenvironnemental » qui, selon lui, donnait des résultats.

Reste que la méfiance subsiste chez bon nombre de citadins qui croient que tout n'a pas été fait pour cesser, ou même diminuer la pollution de la rivière. La prolifération des algues « bleues vertes » qui revient à chaque été n'a rien pour les rassurer.

Claude Corbeil devra « ramer fort » pour se forger une crédibilité en matière de protection de l'environnement. Producteur de porcs de père en fils, solidement enraciné dans le secteur agricole de Sainte-Rosalie, ses affinités iraient plus naturellement vers les maires des municipalités rurales que vers les éléments les plus environnementalistes de son conseil municipal.

Lors des États généraux sur la santé de la Yamaska qui ont eu lieu le printemps dernier, l'un des principaux constats fut que rien ne sera possible sans le consensus de tous les intervenants impliqués dans le dossier, notamment les agriculteurs, les industriels et les élus. C'est la condition préalable à l'engagement financier du gouvernement québécois.

Saint-Hyacinthe est l'une des principales municipalités qui se trouve dans le bassin versant de la Yamaska. Si l'on veut obtenir des résultats concrets dans le processus de dépollution de la rivière, il est clair que le maire Corbeil devra jouer un rôle de leader dans cette démarche. Encore faudra-t-il qu'il en ait la motivation.

Mais comme tout élu qui veut se faire réélire, il se devra cependant être à l'écoute de ses électeurs. Dans ce contexte, les organismes communautaires du milieu, – et en particulier Le Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain  – auront un travail important de sensibilisation et de mobilisation à faire.

Donnons la chance au coureur, ou dans ce cas-ci, au rameur…