Chronique

LES HOMMES FOUS

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Je regarde très peu la télé, surtout pas les séries. L’étalage de drames humains, par tranches de 18 minutes entre les commerciaux, ne m’intéresse pas. La vraie vie me suffit, question catastrophes.

Mais il y a une série étasunienne qui a réussi à m’accrocher. Elle trône sur les cotes d’écoute des États depuis quelques années. C’est MAD MEN que Télé-Québec reprend les mardis soirs. « HOMMES FOUS », quel drôle de titre.

Ça se passe dans les années 60. Je ne vous donne pas le synopsis, vous regarderez si ça vous tente. Ce qui me frappe dans cette émission, c’est de voir comment les choses ont changé depuis 50 ans. Particulièrement les rapports entre les hommes et les femmes.

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Épisode de MAD MEN où la « maîtresse de maison » reçoit des collègues de son mari et leurs épouses…

Je me souviens de cette époque, c’était vraiment comme ça. J’étais bien jeune, mais je m’en souviens : mes sœurs, mes tantes, ma mère auraient pu jouer dans MAD MEN. En passant, la reconstitution des décors est assez remarquable. Les costumes et les accessoires aussi, on s’y croirait. S’il y avait l’odorama, je suis sûr que les hommes sentiraient l’Aqua Velva.

Cela dit, les hommes sentaient aussi le machisme à plein nez. Les femmes étaient reléguées aux casseroles et aux couches. Celles qui osaient sortir la tête de l’eau étaient regardées de travers. Entendons-nous, elles ne portaient pas la burka, mais devaient tout de même se mettre un chapeau ou un voile sur la tête pour aller à la messe le dimanche.

Voilà, la religion, on y est… Si les hommes étaient machos et les femmes étaient soumises, c’était un peu, beaucoup, parce que le catholicisme ambiant (et omniprésent à l’époque) décrétait que les choses devaient se passer de même.

Il suffit de lire des extraits d’un « Manuel scolaire d’économie domestique », publié en 1960 à l’intention des jeunes femmes, pour avoir une idée du rôle qu’on assignait à la « maîtresse de maison ». Que de chemin parcouru en 50 ans ! Mais pas pour tout le monde, semble-t-il. Le procès Shafia nous rappelle cruellement que dans certains coins du monde, la femme doit encore être au service de son mari, après avoir été la servante de son père.

Le bonhomme afghan – un gars de mon âge, soit dit en passant – s’amène ici en pensant qu’il va reproduire le même modèle que dans son pays d’origine. Sa première femme et ses filles se rebiffent : tant pis, elles ne méritent pas de vivre. Paf, à l’eau ! (le procès n’est pas terminé, ok, mais les preuves sont si accablantes que je me permets cette conclusion).

Il faut dire que le bonhomme, Mohammad Shafia, a dû capoter depuis qu’il est arrivé au Québec. Voir des hommes derrière des poussettes, d’autres qui amènent leurs enfants à la garderie. Des hommes qui restent à la maison pour garder les mioches pendant que leurs femmes travaillent. Des pères qui laissent leurs adolescentes s’habiller comme elles le veulent…

Méchant choc des cultures ! Pauvre MohamMAD, pauvre MAD MAN.

Mais continuez mes jeunes amis, vous n’êtes pas si fous que ça…