Chronique

RIDI – CU – LE

Image du portfolio

Avez-vous vu les nouvelles affiches qui font la promotion de Saint-Hyacinthe? Non? Pensez-y un peu, vous les avez peut-être croisées. Des affiches avec de grosses lettres sur un fond coloré. Des mots incompréhensibles disposés en étages. Comme SUFFI – SAN – TE, coin Saint-François et des Cascades par exemple.

Photo: PHF.

Bon, ok, vous êtes passés devant mais vous n'avez pas porté attention. Alors je vous explique. Il faut que votre cerveau travaille un peu. Il faut rattacher les grosses lettres et vous verrez qu'elles ne forment qu'un seul mot.

Prenons notre exemple de tantôt. Vous amalgamez SUFFI + SAN + TE et vous obtenez « suffisante ». C'est pas beau ça? C'est songé, hein?

Bon, ok, vous allez me dire : « C'est quoi le rapport avec Saint-Hyacinthe? ». Suffisant est un adjectif qui veut dire essentiellement deux choses : 1- c'est assez, c'est correct, c'est suffisant et 2- prétentieux, snob, frais-chié (un être suffisant).

J'imagine que les concepteurs n'ont pas voulu affirmer, en grosses lettres, que les Maskoutains et les Maskoutaines sont des frais-chiés. À moins que…

Non, il faut sûrement se fier à l'autre définition qui voudrait dire : « Nous, on est correct. Nous, on a suffisamment de… » Mais de quoi?

Je sais que vos neurones sont déjà très sollicités, mais il faut faire un effort supplémentaire pour connaître la réponse. Il faut d'abord s'approcher de l'affiche.

Dans un encadré, avec des lettres beaucoup plus petites, on doit lire : « 300 commerces au centre-ville; 25 terrasses et le plus ancien marché public du Québec ».

Bon, ok, nous voilà renseignés. Il faut maintenant rattacher cela au mot « suffisant ». Donc, plus besoin de commerces, plus besoin de terrasses, plus besoin de marché, c'est suffisant !

Mais à propos, de quelle ville on parle au juste? Activez encore vos neurones et regardez tout en bas, à droite. On y voit la signature : « La grande région de Saint-Hyacinthe – Terre d’innovation ». Ça me dit quelque-chose…

C'est le nouveau slogan que l'on a choisi, l'été dernier, pour remplacer « Saint-Hyacinthe la jolie ».  C'est vrai qu'en terme d'innovation, on ne donne pas notre place à Saint-Hyacinthe.

Prenez par exemple : après dix ans d'activités, on va écourter nos Rendez-vous des papilles et supprimer le volet culturel. Deux jours de moins et aucune activité à l'entour du marché. Le tout se passera uniquement au parc Casimir-Dessaulles. Let's go les boys, on innove!

Autre exemple : paraît que l'expérience de rue piétonne sur des Cascades ne sera pas renouvelée cet été. Il y aurait trop de plaintes… de commerçants. Il y avait foule, certains soirs, mais ça dérange certains marchands, apparemment. Il faudrait m'expliquer…

Comme il faudrait m'expliquer cette nouvelle campagne de publicité. À qui elle s'adresse? Quel est son objectif? On aura sûrement la réponse le 6 mai prochain, au parc des Salines, lors du lancement officiel.

J'imagine que la très prestigieuse (et probablement très onéreuse) firme montréalaise de marketing LG2 fera la lumière sur sa stratégie qui, dois-je l'admettre, dépasse actuellement les capacités de mes pauvres neurones maskoutains.