Paul-Henri Frenière
Sacré cœur…
Ainsi donc l'église Sacré-Coeur sera démolie. La Commission scolaire l'a achetée pour en faire une cour d'école. Celle-là, je ne l'avais pas vu venir.
Pour la E. T. Corset, dans le même secteur, on s'en doutait un peu. De l'extérieur, on voyait bien que l'ancienne usine était mal en point. Mais l'église Sacré-Coeur, c'est autre chose. Ses murs en grosses pierres semblent encore solides comme le roc. Immuables.
Une autre icône du patrimoine local qui va disparaître. Ok, on sait que la pratique religieuse n'est plus ce qu'elle était. Les messes du dimanche n'attirent plus personne ou presque. Mais j'imagine que pour les nombreux paroissiens qui, au fil des années, ont vécu des moments marquants de leur vie dans ce lieu, ça doit faire un pincement au cœur. L'hostie doit être dure à avaler.
Ma grande sœur s'est mariée à l'église Sacré-Coeur. Moi, j'ai été enfant de chœur et on m'a congédié parce que je baillais durant la messe. Mais j'y ai surtout vécu, à l'âge de 14 ans, ma première grande peine d'amour.
À chaque dimanche, comme tout le monde, j'allais à la messe. Honnêtement, c'était surtout pour voir Madeleine (prénom fictif).
Je m'assoyais toujours à quelques bancs d'elle, en diagonal, de manière à voir son visage. La lumière du jour qui traversait les vitraux la rendait encore plus belle. Je crois qu'elle ne m'a jamais remarqué. Pourtant, mon stratagème doit avoir duré une bonne année.
Je n'ai jamais osé lui parler. J'aurais dû. Un jour, après la messe, sur le perron de l'église, je l'ai vue prendre la main du grand Lalonde (nom réel), un sportif à la carrure d'athlète. Le soir même, cette fois derrière l'église, coin Bernier et Papineau, ils se sont embrassés. Sur la bouche.
Je crois que c'est là qu'a commencé mon désintéressement pour la messe. Par la suite, j'ai bien sûr assisté à d'autres mariages, à des funérailles et à des baptêmes. Mais le cœur n'y était plus comme à l'époque de ma première flamme. Sacré cœur…
***
La seule chose qui me console avec la disparition de cette église, c'est qu'elle fera place à un grand espace de jeu pour les élèves de l'école René-Saint-Pierre, une école spécialisée dédiée exclusivement à une clientèle avec des besoins particuliers. Elle offre des services spécifiques aux élèves qui vivent avec un handicap ou avec une difficulté d'adaptation relative au comportement.
Je connais bien son directeur, Pierre Gosselin, et je sais qu'il est totalement dédié à ses élèves. Si ce nouvel aménagement peut améliorer les conditions de vie de cette école et favoriser sa mission, tant mieux.
La disparition ou la réaffectation des églises catholiques n'est pas un phénomène unique à Saint-Hyacinthe. Partout l'on voit ces anciens lieux de culte transformés en bibliothèques, en salles de spectacle ou en condos. Il fut un temps où les églises poussaient comme des champignons; chaque quartier en voulait une et elles étaient toutes bondées. On répondait à la demande.
En 2016, c'est une nouvelle réalité. Espérons seulement que ces changements seront positifs pour les générations futures.
Re: Sacré cœur…
René Richer en fut l’architecte, au même titre que de nombreux autres édifices patrimoniaux de St-Hyacinthe. Malheureusement, la diminution constante de la pratique religieuse et de ce fait, la diminution des revenus, font que l’entretien de ces édifices devient impossible et des choix douloureux doivent être faits.
Je crois qu’un parc conservant tous ces arbres magnifiques et au service des jeunes et de la population en général, rappelant également le collège Sacré-Coeur qui y brûla en 1938, est la meilleur des solutions.
Re: Sacré cœur…
Anciennement les commerces était fermé le dimanche donc on pouvait aller a la messe et ensuite on se retrouvais en famille chez nos grand parent. Maintenant on travaille la plupart le soir et les fin de semaine ça change tellement.
Re: Sacré cœur…
J’espère que certains éléments seront préservés comme les vitraux. Parfois les églises sont transformées au lieu d’être démolies. Il faut se questionner sur notre patrimoine bâti.
Re: Sacré cœur…
La décision de la Commission Scolaire d’acquérir le site est une décision de broche à foin. Encore une. On va dépenser un demi-million de vos taxes (n’ont-elles pas suffisamment augmenté ces dernières années, vos taxes scolaires?) pour raser un site historique et en faire une cour d’école, celle-ci séparée de son école par un boulevard! Attendez-vous à ce que pratiquement tous les beaux arbres matures y soient abattus et, surtout, à ce que le boulevard soit lui-même fermé à la circulation aux heures scolaires en lieu et place de la rue Papineau. Ou peut-être jugera-t-on que l’on a les moyens (encore avec vos taxes) de faire passer un tunnel sous le boulevard? L’éternelle justification: «c’est pour une bonne cause».
La Commission Scolaire possède une autre école juste 100m plus loin, l’ancienne école Casavant, laquelle dispose d’une (vraie!) cour d’école qui ne sert plus à rien! Cela coûterait-il un demi-million que de simplement déménager le Centre de Formation des Maskoutains (qui n’a pas besoin de cour d’école) dans l’ancienne école des Textiles et René-St-Pierre dans l’ancienne école Casavant?
Re: Sacré cœur…
Ceux qui nous gouvernent n’ont ni vision, ni culture, ni imagination. Penser à court terme n’est jamais payant.
Sacré Coeur
Je suis toujours attristé de constater quand notre ville se départit de son patrimoine . Selon ce que l’on peut lire sur la page du Centre d’histoire de St-Hyacinthe, cette église avait été bâtie en 1946 sur le site, je crois, du collège Sacré Cœur qui avait été incendié le 18 janvier 1938 et avait causé la mort de 41 élèves, 5 frères enseignants et fait de nombreux blessés. À savoir si c’est une bonne idée de la rasée pour en faire un espace de jeux, je ne prétend pas pouvoir me prononcé sur le sujet, mais il n’en demeure pas moins un questionnement pour ceux qui s’intéresse à l’histoire de notre ville qui tend de plus en plus à disparaître années après années.