Paul-Henri Frenière
Terre d’innovation ou de « réparation » ?
Le 18 octobre prochain, la ville de Saint-Hyacinthe ouvrira officiellement les portes du nouveau Centre culturel Humania Assurance. L'ancien couvent de la Métairie – dont la rénovation et l'agrandissement ont coûté près de 10 millions de dollars – abritera quatorze organismes socioculturels implantés depuis des années dans la région.
Mais est-ce vraiment un signe de la vitalité culturelle de la Ville? Voyons voir…
D'abord, la majorité des organismes qui seront relogés croupissaient dans le vieux centre culturel qui n'était en fait qu'un abri pour une piscine intérieure. Les quelques locaux existants se détérioraient dangereusement et l'odeur du chlore était omniprésente. C'était une vraie honte.
Les reloger convenablement devenait un impératif pour une municipalité qui se respecte. Je ne reviendrai pas sur la saga qui a entouré le choix de l'emplacement et les frais associés – j'ai déjà écrit là-dessus (Le Complexe Bernard-Barré). Disons que la Ville a finalement fait ses devoirs et souhaitons à ces organismes qu'ils puissent enfin évoluer dans un cadre adéquat et stimulant.
Reste que cette nouvelle infrastructure municipale arrive bien tard. On parle plutôt de la « réparation » d'une anomalie que d'une véritable innovation, comme voudrait bien l'affirmer le nouveau slogan de la Ville : Terre d'innovation.
Un peu comme ce qui s'était produit avec la construction du centre des arts. On en parlait depuis les années 80. Il était carrément inconcevable qu'une ville de la taille de Saint-Hyacinthe ne possède pas une salle de spectacles digne de ce nom.
Après moult discussions, tergiversations et autres tataouinages, le Centre des arts Juliette-Lassonde a finalement vu le jour en janvier 2006. Encore là, il y eut controverse. Mais qui, aujourd'hui, oserait mettre en doute la pertinence de cette infrastructure? Nous aurions dû l'avoir bien avant.
Depuis quelques années, des acteurs maskoutains du secteur culturel avancent l'idée de regrouper des institutions majeures de Saint-Hyacinthe : le Centre d'histoire, la Médiathèque et le Centre d'exposition Expression.
Encore là, dans ce dossier, la Ville a fait un pas en avant et… deux pas en arrière. On avait annoncé une étude de faisabilité qu'on a finalement reportée. Pendant ce temps, les instigateurs du projet continuent à se rencontrer et ne perdent pas espoir. On me dit qu'ils organisent d'ailleurs un forum sur le sujet le 14 novembre prochain.
Je me rappelle avoir couvert l'inauguration de la bibliothèque T.-A.-St-Germain au début des années 80. Il y a plus de 30 ans! J'avais titré à ce moment-là dans l'hebdo local : « Un bijou de bibliothèque ». Il faut dire qu'à l'époque, elle répondait parfaitement aux besoins de la population. Ce n'était pas un bâtiment neuf cependant (l'ancienne école Saint-Dominique), mais on avait fait un bel effort de rénovation.
J'ai également travaillé aux archives du séminaire alors que j'étais étudiant au cégep. Ça fait encore plus longtemps… Et les installations n'ont pas vraiment changé depuis. Le centre d'histoire et d'archives de Saint-Hyacinthe a désespérément besoin de modernisation. Quant au Centre d'exposition Expression, je me souviens avoir écrit un article sur sa réalisation. Encore là, on remonte à une trentaine d'années.
Tout ça pour dire que le projet de réunir ces trois institutions pour en faire un Complexe culturel maskoutain du 21e siècle relèverait d'une véritable innovation plutôt que d'une simple et banale « réparation ».
Après les piscines, les patinoires et les terrains de soccer, il serait peut-être temps que la culture ait aussi du neuf!
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