Chronique

Ti-Pit, Fleurette et le confiné

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Dernièrement, c’était la Semaine nationale de la santé mentale. À cette occasion, certains ont dit que le confinement, qui nous a été imposé, avait favorisé l’apparition de désordres psychologiques. Ce n’est pas mon cas. Mon chat est d’accord avec moi. Il me l’a dit.

Ti-Pit, mon chat, partage ma vie depuis une quinzaine d’années; il me connaît bien. Je croyais moi aussi bien le connaître, mais après plus d’un mois d’isolation commune, je me suis rendu compte qu’il parlait.

D’abord étonné, j’ai consulté Google pour savoir si j’étais le seul à avoir un chat qui parle. Eh bien non. On retrouve une flopée de minous qui causent sur YouTube. Mais le mien ne parle pas pour rien dire. Le plus souvent, il va direct à l’essentiel : c’est-à-dire sa bouffe.

Il m’a fait savoir qu’il était tanné de toujours manger la même chose.

– « Pâté, croquettes, pâté, croquettes, c’est lassant à la fin. Me semble qu’un peu de viande hachée crue, ça ferait changement » m’a-t-il dit en me regardant préparer mon dîner qui était, comme par hasard, un hamburger steak.

Comme il insistait en me griffant le bord du pantalon, je lui ai donné une petite boulette, à contrecoeur puisque je ne voulais pas qu’il soit malade. Après avoir mangé son tartare de bœuf, il me demanda de sortir, question d’aller digérer dehors.

*** 

j’avais à peine entrouvert la porte qu’elle entra comme un coup de vent. Elle tournoya dans la cuisine, probablement à la recherche de nourriture. Elle s’approcha dangereusement de mon dîner en préparation. J’ai dû intervenir auprès d’elle. Ma première mouche de la saison printanière. Je l’ai appelé Fleurette, en référence aux petites fleurs qui se pointaient dans ma cour.

Au début, la cohabitation se passait relativement bien. Elle s’approchait un peu trop souvent de mon visage, mais je m’accommodais assez bien de cet accroc à la distanciation sociale. Le problème, c’était avec mon chat. Ti-Pit et Fleurette, ça n’allait pas. Mais pas du tout.

Fleurette avait la maudite manie de déranger Ti-Pit quand il mangeait; ce qu’il ne faut pas faire à Ti-Pit. Il me fit comprendre que je devais faire un choix : c’était elle ou lui.

– « Si tu ne te débarrasses pas de cette satanée mouche, je lève les pattes, pour de bon » me lança-t-il, hérissé.

Évidemment, je n’allais pas faire ça à mon vieux coloc. La tâche n’a pas été difficile. J’ai entrouvert la fenêtre et Fleurette est sortie toute seule, sans même me dire adieu. Peut-être un peu frue, mais déconfinée, elle.

J’ai beau ne pas avoir subi de séquelles psychologiques, mais je dois avouer que le confinement c’est dur sur le système, surtout vers la fin. C’est dur pour les vieux, c’est dur pour les jeunes et c’est dur pour tout le monde finalement. Et y aura-t-il une deuxième vague? Se re-confiner, puis se re-déconfiner : ça va tu finir par finir?

Chose certaine, il faudra s’adapter, au jour le jour, on n’a pas le choix. Qu’en penses-tu Ti-Pit?

– « J’ai faim!!! »