Culture

Au Centre Expression : Les mondes de Diane Obomsawin

Les mondes de Diane Obomsawin seront au Centre Expression jusqu'au 4 août. Photo : Paul-Henri Frenière

Décidément, le Centre d’exposition Expression n’a pas fini de nous surprendre. Après une présentation basée sur les nouvelles technologies (François Quévillon), voilà que l’institution maskoutaine propose des bandes dessinées et des films d’animation avec Les mondes de Diane Obomsawin.

L’artiste d’origine amérindienne n’est pas la première venue, elle a une longue feuille de route parsemée de prix et de reconnaissances diverses. Par exemple, la bande dessinée intitulée Callisto, qui fait partie de l’exposition, a déjà été publiée dans le prestigieux magazine américain The New Yorker.

Côté film d’animation, Diane Obomsawin collabore depuis quelques années avec l’Office national du film (ONF) où l’on peut visionner, sur leur site internet, certaines de ses œuvres. C’est le cas de Kaspar, un petit film d’animation de huit minutes qui est présenté sur grand écran dans une salle du Centre Expression.

L’ONF décrit ainsi le film : « Court métrage d’animation qui s’inspire de l’histoire de Kaspar Hauser, célèbre orphelin du 19e siècle. Isolé dans une cave depuis toujours, Kaspar ignore tout de la vie. Lorsque « l’homme en noir » vient le chercher, c’est tout un monde qui s’offre subitement à lui pour la première fois. Une fable impressionniste et poétique sur la découverte d’un univers aussi magnifique que terrifiant. »

Le monde des mythes

Diane Obomsawin a éprouvé de la compassion pour ce Kaspar, assassiné mystérieusement à l’âge de 22 ans. Tout comme elle en a eu pour le Minotaure, ce personnage de la mythologie grecque, mi-homme mi-taureau, emprisonné dans un labyrinthe. Si bien qu’elle le fait s’évader à la nage dans un dessin animé (L’évasion du Minotaure).

L’artiste s’inspire volontiers des mythes de l’Antiquité. Ainsi, la bande dessinée Callisto est tirée du livre Les Métamorphoses d’Ovide. La nymphe, d’une grande beauté, aura néanmoins un destin tragique en étant métamorphosée en ourse qui deviendra une constellation stellaire, la Grande Ourse.

Les mondes de Diane Obomsawin seront au Centre Expression jusqu'au 4 août. Photo : Paul-Henri Frenière

Ces histoires peuvent sembler bien tristes et complexes, mais Diane Obomsawin les aborde avec simplicité teintée d’une pointe d’humour. Pour Callisto, par exemple, elle a utilisé volontairement des couleurs vives rappelant les BD des super-héros de Marvel.

Le monde des rêves

Outre la mythologie, l’artiste s’inspire également de ses propres rêves. « Je rêve beaucoup et, depuis longtemps, j’ai pris l’habitude d’en écrire les grandes lignes en me levant le matin. J’écris rapidement sans m’attarder aux détails. C’est en dessinant quelques éléments que je découvre d’autres significations, puis je réalise la bande dessinée qui devient alors une autre chose » explique-t-elle.

Il s’agit de la première exposition monographique de Diane Obomsawin. Les mondes réunit un corpus de bandes dessinées, d’animations et d’installations inédites ainsi qu’une animation tirée de la filmographie de l’artiste. En tout, neuf œuvres réalisées entre 2010 et 2019.

La commissaire de l’exposition, Nicole Gingras, en donne son interprétation : « L’œuvre de Diane Obomsawin émeut; sa profondeur nous touche. Impossible de rester insensible à l’ambivalente oscillation qui émerge de l’expérience de chacune de ses œuvres : entre légèreté et gravité, un mouvement fragile nous interpelle. Cette émotion est-elle due au regard attentif de philosophe que l’artiste pose sur les choses, à la sensuelle fluidité de ses dessins ou à cet étonnement candide que Diane Obomsawin transmet à ses personnages ? »

On pourra trouver la réponse durant l’été, l’exposition se terminera le 4 août prochain.