Culture

D’où viennent les pantoufles de Phentex?

Wendy Squires affirme qu’il y a toujours une demande pour la fibre de Phentex. Photo Roger Lafrance

Qui n’a jamais chaussé des pantoufles de Phentex? Chaudes, durables, avec leurs couleurs vives, ces pantoufles tricotées par nos grands-mères appartiennent assurément à notre patrimoine québécois.

Ces pantoufles seraient-elles une invention maskoutaine? La question peut sembler saugrenue. Pourtant, elle ne l’est pas tant que ça, surtout quand on sait que la fibre de Phentex, elle, a longtemps été fabriquée à Saint-Hyacinthe.

L’information sur Phentex n’est pas si facile à trouver. Questionné sur le sujet, le Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe admet que l’histoire de Phentex reste à faire. Il faut donc se tourner vers les journaux de l’époque et Google.

Dans un article publié dans Urbania en 2015, André Girard affirmait être l’inventeur de la fibre de Phentex. Technicien en textile, il avait été approché par la compagnie Phénix pour développer un fil à tricoter à la main, lavable et facile à sécher. C’est en travaillant sur du fil à tapis qu’il en est venu à développer un fil synthétique, fait de polypropylène, avec des filaments plus fins.

C’est ainsi que serait née en 1965 la compagnie Phentex, mot créé à partir de Phénix et de textile. L’entreprise de fil a connu une belle renommée, révèle un article du Courrier de Saint-Hyacinthe paru en 1986, sous la plume du collègue Marc Bouchard.

Au plus fort de son existence, au milieu des années 1980, l’entreprise employait 250 personnes et possédait même des installations aux États-Unis. L’usine était située sur le bord de l’autoroute 20, sur la rue Picard.

Sa situation financière s’est toutefois dégradée quelques années plus tard, au point de faire faillite et d’être relancée par de nouveaux propriétaires en 1989. En 1998, elle cessait définitivement ses activités, comme beaucoup d’autres entreprises de textiles.

Phentex a vécu l’époque où l’artisanat était particulièrement populaire dans les années 1970. « Les gens m’appelaient « monsieur artisanat » parce que je donnais des entrevues et j’allais dans les Cercles de Fermières pour leur présenter le fil, racontait André Girard à Urbania. Les ménagères l’ont vite adopté parce que c’était pas cher et qu’on pouvait faire n’importe quoi avec ça. »

Les pantoufles n’étaient pas le seul produit qu’on pouvait tricoter avec du Phentex : des gilets, des chaises de plage… et même des bikinis! En 2023, l’artisane Nicole C. Dubreuil confiait à Mobiles que sa mère et elle avaient produit des patrons pour Phentex.

Phentex : une fibre qui existe toujours

Même si l’usine est disparue du sol maskoutain, la fibre Phentex existe toujours. Propriétaire de la boutique Commun-Tricot au centre-ville de Saint-Hyacinthe, Wendy Squires, indique que la demande pour ce produit se maintient.

« Il y a toujours une demande pour le fil Phentex, a-t-elle indiqué à Mobiles. Personnellement, je préfère tricoter avec une autre fibre mais il y a encore des gens qui recherchent ce fil. »

Elle vend même des pantoufles faites de Phentex que lui procurent quelques tricoteuses de la région. Ces pantoufles sont surtout populaires auprès des hommes pour leur confort et leur résistance. Plusieurs tricoteuses préfèrent toutefois travailler avec une fibre plus douce.

Le fil Phentex est resté un produit canadien, fabriqué par l’entreprise Spinrite établie à Listowel en Ontario.

Les pantoufles de Phentex sont-elles une création maskoutaine? Difficile d’y répondre, mais chose certaine, Saint-Hyacinthe a grandement contribué à les rendre célèbres.