
Roger Lafrance
C’est en 2019 que la Ville de Saint-Hyacinthe a acquis l’église Notre-Dame-du-Rosaire dans le but d’y aménager un musée régional. C’est un bâtiment important de Saint-Hyacinthe puisqu’elle représente l’église mère de la ville.
Or, a-t-elle un potentiel archéologique? C’est à cette question que s’est attardé l’archéologue et historien François Véronneau, à la demande de la Ville. Le 20 novembre dernier, celui-ci a livré le résultat de ses recherches devant une salle comble à la Bibliothèque T.-A.-St-Germain, dans le cadre de l’événement Du Cultuel au Culturel.
Pour lui, la conclusion est claire: l’église Notre-Dame-du-Rosaire possède un potentiel archéologique qui mérite d’être approfondi.
Dans ses recherches, l’archéologue est même remonté à la formation géologique du site où est érigé le bâtiment religieux. Cette terrasse surélevée s’est formée il y a environ 9600 ans lors d’un rehaussement des sols causé par le glacier qui recouvrait alors la région.
Impossible de dire si le site situé en bordure de la rivière Yamaska a pu être visité par les Amérindiens. Des vestiges de leur passage ont été trouvés surtout le long du Richelieu et à l’embouchure de la Yamaska, mais peu de recherches archéologiques ont été effectuées à l’intérieur du territoire. Par contre, il est plausible que les peuples autochtones aient visité les Montérégiennes pour y puiser des pierres qui auraient pu servir à fabriquer des outils, par exemple.
Dans la Seigneurie de Maska, les premiers habitants sont arrivés à partir de 1757 du côté du Rapide-Plat à Sainte-Rosalie. Le développement de l’agglomération se déplace ensuite du côté de la Cascade suite à la construction d’un moulin à farine en 1772. Une première église de bois est érigée en 1780 sur le site actuel de l’église.
Une deuxième église a été construite en 1842, mais celle-ci a dû être remplacée moins de 20 ans plus tard. L’église actuelle a été inaugurée en 1861, toujours sur le même emplacement. Un presbytère a été érigé sur ce terrain, ainsi qu’un cimetière, bien que, selon M. Véronneau, les données ne sont pas précises sur son emplacement exact. On sait que plusieurs sépultures ont été transférées dans le cimetière actuel autour de 1889.
Le soubassement de l’église a également servi de dernier repos à plusieurs sépultures. D’ailleurs, c’est à cet endroit que reposent les cercueils du seigneur Jacques-Hyacinthe Delorme, de son épouse Marie-Ange Crevier et de son fils Hyacinthe-Marie.
Dans son étude, François Véronneau recommande à l’administration municipale de poursuivre les recherches sur le terrain en fouillant le sous-sol de l’église et autour du bâtiment.
Par exemple, il serait intéressant de savoir s’il subsiste des vestiges des fondations des églises précédentes ainsi que des transepts de la première église de bois. Leur mise en valeur pourrait parfaitement s’intégrer au futur musée, souligne-t-il.
Un musée qui avance pas à pas
Lors de cette présentation, le directeur du Centre d’exposition Expression, Marcel Blouin, a fait le point sur le projet de Musée d’art et société qui prendra place dans l’ancienne église. L’étude du potentiel archéologique était d’ailleurs une étape à sa réalisation.
Au cours des prochains mois, le musée se dotera d’une première réserve de 4 000 pieds carrés qui permettra d’entreposer plusieurs collections qui ont été offertes au futur établissement, dont la collection Saint-Amour qui regroupe une quantité importante d’objets agricoles d’autrefois. S’ajouteront les collections des Sœurs du Précieux-Sang, des Sœurs de la Présentation-de-Marie et, éventuellement, du Séminaire.
Un premier croquis du musée a aussi été présenté aux personnes présentes, comprenant trois planchers pour les salles d’exposition dans la nef de l’église et un escalier situé dans le chœur.
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