Culture

Jean-Yves de Grandpré, fasciné par le légendaire

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Natif de Tingwick, Jean-Yves de Grandpré a étudié en pédagogie et a enseigné dans diverses écoles secondaires, à Drummondville, puis à la polyvalente Robert-Ouimet d’Acton Vale. En 2004, il signait un premier recueil de légendes pour la région d’Acton Vale : Légendes du Canton Valois. Il a eu envie de poursuivre l’écriture de contes en s’inspirant de ses voyages au Québec. Ce printemps, il réunissait 30 de ses textes pour publier, aux Éditions GID, Légendes au pays d’un monde fascinant.

Un recueil riche et varié

Cette passion pour les légendes et l’imaginaire lui vient de l’enfance. « Ma grand-mère maternelle aimait bien raconter des histoires drôles ou tristes entremêlées de superstitions. Elle savait captiver mon imagination. Ses récits étaient parsemés d’expressions savoureuses. »

Ses légendes se distinguent des contes en ce sens qu’elles sont inspirées de faits, de personnages ou de lieux réels. Inscrites dans le temps et dans l’espace, elles ajoutent en vraisemblance. Dans « Branle-bas au marché », Ovila Delorme, agriculteur de Saint-Barnabé, se rend au marché de Saint-Hyacinthe pour y vendre ses légumes, mais sa journée sera perturbée par un cheval fou, incontrôlable.

Phénomènes étranges, lueurs dans la nuit, disparitions… tout est là pour créer le mystère. Avec « L’imprimeur du village », « Le chien-loup », « Le carcousse », l’auteur nous conduit vers le fantastique, au pays des revenants, des bêtes mystérieuses et des maisons hantées.

Admirateur des conteurs et des ethnologues québécois, il confie s’être « inspiré des légendes de la Bretagne, de la Normandie et des pays nordiques. Leurs récits palpitants m’ont incité à poursuivre ma quête d’un imaginaire prenant vie aussi bien dans des endroits réels du Québec (Rivière-Éternité, Amos, Pont-Rouge et Acton Vale) que dans des lieux fictifs où mon imagination trouvait une plus grande liberté. »

Des personnages attachants

Les héros sont très crédibles, que ce soit Victor Portelance, soldat volontaire de la Seconde Guerre mondiale ; Francis Gill, le ramancheur de Knowlton ; Mishakwad, l’Algonquine experte en plantes médicinales… Nous découvrons des personnages réels comme l’Homme-Mouche et le magicien Ivano, qui a vécu dans la région. « Au fil de mes recherches, j’ai découvert des personnes dont la vie méritait d’être connue. De même, j’ai inventé des héros et des héroïnes tout en respectant un contexte historique réel. Parfois, ils ou elles provenaient de diverses origines. »

En effet, l’interculturalisme est à l’honneur dans diverses légendes qui mettent en vedette des gens venus d’ailleurs : l’Iranien Azad, boulanger à Montréal ; l’Ukrainien Romaniuk, qui travaille au camp de Spirit Lake, près d’Amos ; la Polonaise Franciszka, qui soigne les malades dans un village des Laurentides, et Sigrid Houtman, qui protège les esclaves en fuite à Philipsburg, près de la frontière… Une tendance qui s’inscrit tout à fait dans l’actualité.

Un hommage aux anciens et aux traditions

Le dernier texte du livre n’est pas une légende, comme le titre l’indique. Dans le « Conte de l’horloge grand-père », grâce à la clé du temps, Lidia et Léandre voyagent au cœur d’une horloge et retrouvent leurs grands-parents en pleins préparatifs pour le réveillon. Nourri de souvenirs de l’auteur et de la magie des contes merveilleux, ce texte pourrait faire l’objet d’un album jeunesse ; c’est un vrai conte de Noël ! « Lors de sorties familiales, je me plaisais à lire des affiches ou des panneaux sur lesquels étaient relatés des faits historiques. »

Ce grand nostalgique du passé, conscient que le temps passe et efface la trace des anciens, se fait un devoir de mettre en valeur des gens, des traditions, des expressions. Bravo pour cette lecture qui enrichit le patrimoine immatériel et la tradition orale.

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DE GRANDPRÉ, Jean-Yves. Légendes au pays d’un monde fascinant, illustrations d’Émilie Gosselin, Québec, Éditions GID, 2019, 167 p.