Culture
ARTS VISUELS

L’Atelier ATD rend l’âme

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L’aventure aura duré trois ans. L’Atelier Art toutes directions fermera ses portes le 1er septembre. Ce n’est pas qu’un commerce qui ferme, mais le projet de Victor Varacalli d’animer le cœur de Saint-Hyacinthe par les arts visuels qui rend l’âme.

Victor Varacalli (Photo: Paul-Henri Frenière)

Dès l’annonce de la nouvelle sur Facebook, de nombreux commentaires ont témoigné de l’importance qu’avait cet atelier de l’avenue Mondor pour plusieurs artistes.

« Cela aura été une belle et grande aventure, tu peux en être fier, tu as initié quelque chose de pas banal qui est la démocratisation de l’art à St-Hya Hya… » écrit François Rodrigue qui a exposé à plusieurs reprises et qui a donné des cours à l’atelier sur sa technique de peinture « in vitro ».

Lors de mon passage, l’atmosphère était lourde entre les murs noirs du commerce où l’on avait déjà commencé à décrocher les tableaux des artistes.

Sur place, un habitué des lieux, André Duchesne qui, à 68 ans, avait découvert l’atelier et s’était mis sérieusement à la peinture sous l’impulsion de Victor Varacalli. « Je suis vraiment triste, mais je respecte la décision de Victor, confie-t-il. Je lui souhaite bonne chance pour ses projets futurs ».

À ses côtés, une jeune cégépienne de 18 ans, Stéphanie Laplante, regrette également cette perte. Étudiante en arts, elle avait trouvé un lieu accessible où elle pouvait exposer ses travaux, mais aussi échanger avec d’autres artistes.

Un lieu d’échanges et de découvertes

Au cours de ces trois années, on estime que plus de 300 artistes ont exposé leurs œuvres sur les murs de l’atelier. Plusieurs créateurs maskoutains, bien sûr, mais de nombreux artistes de Montréal, Québec ou d’ailleurs ont aussi présenté leurs créations. Environ 1500 œuvres (peintures et sculptures) auraient été vendues.

Jeunes ou âgés, amateurs ou professionnels, tous ont pu profiter de cette vitrine qui était passablement fréquentée. Cela a donné lieu à de nombreux échanges, à de belles découvertes et à la création d’un réseau particulièrement actif sur Facebook.

« Ce dont je suis particulièrement fier, avoue Victor Varacalli, c’est d’avoir permis à des artistes de sortir de chez eux et d’avoir un certain rayonnement qu’ils n’auraient pas eu autrement. Par contre, cette gestion demandait énormément de temps ».

Des raisons familiales et artistiques

Pratiquement à chaque mois, l’Atelier Art toutes directions tenait un nouveau vernissage (très fréquenté) dont certains ont viré en véritable « happening », dont celui où le fameux Zïlon, artiste de renommée internationale, s’est exécuté sur les murs du local nouvellement inauguré.

Alors, pourquoi mettre fin à une si belle expérience? Celui qui se qualifiait lui-même de « concierge » des lieux avoue que c’est pour des raisons « familiales et artistiques » qu’il a pris cette décision longuement murie.

Père de deux jeunes garçons, Malcolm et Casimir (âgé de seulement 18 mois), il a constaté que son engagement lui demandait beaucoup de temps et d’énergie, peut-être trop.

Le déménagement de l’Atelier ATD de la rue des Cascades à l’avenue Mondor fut particulièrement laborieux. L’aménagement du nouveau local a demandé des rénovations majeures. « Durant quelques semaines, je devais travailler de 14 à 16 heures par jour » confie-t-il.

Vers d’autres projets

Il se consacrera donc davantage à sa famille, mais il compte bien poursuivre sa création artistique et tenter sa chance à l’extérieur de Saint-Hyacinthe où il a d’ailleurs déjà exposé.

Entre temps, beaucoup de matériel et d’articles servant à la création sont en vente jusqu’à la fin du mois d’août. Par la suite, Victor Varacalli s’attaquera à un projet déjà initié avec l’artiste Rytha Kesselring : le « Orange OFF; vitrine sur l’art ».

Il s’agit d’un événement organisé en parallèle à la nouvelle édition de Orange, l’événement d’art actuel de Saint-Hyacinthe, qui se tiendra du 15 septembre au 28 octobre.

Les commerçants sont invités à exposer dans leur vitrine des œuvres qui ont un rapport avec l’agroalimentaire. Encore une fois, le projet vise à valoriser la production artistique régionale tout en « vitalisant » le centre-ville de Saint-Hyacinthe.

Est-ce que la Ville de Saint-Hyacinthe et les organismes institutionnels soutiennent suffisamment ces initiatives individuelles qui ont pour objectif de donner un « supplément d’âme » au centre-ville par la valorisation des arts? La question est toujours posée…