Culture
Nouvelle exposition à Expression

Michel Lamothe, photographe et cinéaste

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Jusqu'au 26 janvier 2014, Expression, le centre d'exposition de Saint-Hyacinthe, présente les œuvres de Michel Lamothe, photographe et cinéaste : près de 80 photos (en noir et blanc, sauf une en couleurs délavées) et deux courts-métrages qui donnent un aperçu de son travail réalisé depuis le début des années 80.

Michel Lamothe. (Photo: Paul-Henri Frenière)

Natif de Shawinigan, Michel Lamothe a d'abord étudié en génie mécanique à l'Université Laval de Québec. Une rencontre changera le cours de sa vie. Le cinéaste Michel Brault, décédé l'été dernier, était venu présenté aux étudiants son film Un pays sans bon sens dont il était le directeur de photographie.

Les images de Brault fascinent Michel Lamothe qui entreprend alors des études en communication (spécialisation cinéma) à l'université Concordia de Montréal. Dès l'obtention de son diplôme en 1974, il amorce son importante production photographique qui sera présentée lors de nombreuses expositions, en solo ou en groupe, au Québec, au Canada et en Europe.

L'influence de son mentor, Michel Brault, est particulièrement manifeste dans son court-métrage, Face à la caméra, qui est d'ailleurs présenté à Expression sous format vidéo. Lors de la construction du stade olympique, en 1975, l'artiste se promène aux alentours du chantier et propose, aléatoirement, à des gens de se faire photographier.

Pour ceux qui acceptent, l'artiste ne prend pas qu'une photo, mais laisse sa caméra capter quelques secondes de leur vie. Le montage serré et structuré de ces captations impromptues donne un résultat étonnant où, évidemment, on peut reconnaître l'approche documentaire.

Bien que l'exposition s'intitule Fréquenter le paysage, ce sont d'abord les humains qui retiennent l'attention. En premier lieu, l'artiste lui-même. Car la proposition comprend plusieurs autoportraits réalisés au cours des années.

Mais Michel Lamothe se défend bien d'être narcissique. Selon lui, ces représentations de sa personne ne sont qu'accessoires. C'est la recherche, l'exploration, la démarche qui comptent.

Avec Michel Lamothe, nous sommes à des années lumière de l'ère Facebook où les amis reproduisent ad nauseam des photos d'eux-mêmes. Abhorrant l'instantanéité, l'artiste est plutôt un « bricoleur », un artisan qui travaille patiemment ses clichés.

Dans son ouvrage, Chantier de l'image, l'auteur Sylvain Campeau décrit ainsi le travail de l'artiste : « Pour Michel Lamothe, ce propos tourne autour du temps. En effet, ces prises de vue sont effectuées directement sur papier photographique, méticuleusement découpé pour loger dans la caméra-sénopé (ou camera obscura). De ce fait, l'image ne peut être réalisée qu'avec l'aide d'une pose prolongée. Combinée à l'absence de lentille, celle-ci étant remplacée par un trou d'aiguille, l'image, renversée sur le fond de la boîte, déposée sur le papier photo, enregistre les aléas du temps qui passe, du vent qui souffle du tremblement imperceptible des choses… »

Outre les personnes de son entourage, l'artiste s'est attardé aux lignes de la main, aux nuages, et évidemment aux paysages qu'il a captés dans son quotidien ou lors de ses voyages, notamment en Grèce.

Fréquenter la paysage est une exposition rétrospective proposée en deux volets : l'un à Expression et l'autre à Plein sud, le centre d'exposition en art actuel de Longueuil où sont présentées une centaine de photos jusqu'au 7 décembre.