Culture

Nicole C. Dubreuil : Tisserande depuis quatre générations

Toujours passionnée par le tissage, Nicole C. Dubreuil aimerait partager son art aux nouvelles générations. Photo Roger Lafrance

À une certaine époque, dans bien des maisons, le métier à tisser occupait une pièce entière, au milieu des bobines de fil et des retailles de tissus qui retrouvaient souvent là une deuxième vie.

Nicole C. Dubreuil est une digne représentante de cette lignée de femmes qui ont conçu de leurs mains le nécessaire à toute la maisonnée : tapis, couverture ou napperons. Elle est la quatrième génération de tisserandes dans sa famille. « J’ai toujours vu travailler ma mère sur son métier à tisser, travailler avec les fibres, les couleurs ou les textures, raconte-t-elle en entrevue au Journal Mobiles. J’en ai eu la piqûre. »

Toujours passionnée par le tissage, Nicole C. Dubreuil aimerait partager son art aux nouvelles générations. Photo Roger Lafrance

Elle s’intéresse à cet art dès l’âge de 12 ans. Plus tard, elle secondera sa mère qui avait obtenu un contrat de la compagnie Phentex, dont l’usine a longtemps été en bordure de l’autoroute 20 à Saint-Hyacinthe, afin de concevoir des créations exclusives. Sa vie a toujours tourné autour de ses métiers à tisser. Malgré ses quatre enfants et ses 35 années passées dans le milieu des services de garde, elle s’est consacrée à son art, participant à de nombreux salons de métiers d’art. Pendant plusieurs années, elle a même siégé au conseil d’administration du défunt Salon des métiers d’arts de Saint-Hyacinthe.

Si le tissage est issu d’une longue tradition ancestrale, Nicole C. Dubreuil a toujours cherché à faire évoluer son art. Elle n’aime pas reproduire toujours les mêmes pièces. « J’ai appris les bases du tissage par ma mère, mais ce qui m’intéressait le plus, c’était de créer, de jouer avec les couleurs, de travailler avec les textures et les tissus. C’est ce qui m’a permis d’évoluer selon les goûts du public. »

Aujourd’hui, à 69 ans, elle continue de tisser et de faire des commandes sur mesure, avec des pièces qui vont s’agencer avec la résidence ou la cuisine de ses clients. Elle fait principalement des tapis, des napperons et des linges à vaisselle. Ses trois métiers à tisser sont toujours prêts à servir dans le sous-sol de sa résidence.

Le plus long dans son travail est de monter son métier en prévision de la pièce à tisser. Juste cette étape peut prendre quelques heures. L’art étant ce qu’il est, il lui est souvent difficile de facturer toutes les heures investies, car elle tient à maintenir un prix abordable pour ses pièces. « C’est difficile pour moi d’évaluer le temps que je mets dans une pièce », confie-t-elle.

Au cours des années, elle a ralenti la cadence, mais elle a participé au Marché de l’art au marché public de Saint-Hyacinthe. Elle aime toujours rencontrer les gens, n’hésitant jamais à prodiguer ses conseils en matière de tissage. Son rêve? Elle aimerait donner des cours de tissage, partager son savoir-faire, plus particulièrement auprès des plus jeunes. D’ailleurs, lors des salons, elle promène toujours son métier miniature, juste pour démystifier le tissage.

« Je vais avoir de la misère à arrêter, dit-elle. Je vais tisser tant que la santé va me le permettre. Mais j’aimerais bien essayer de redonner mon savoir-faire à une autre génération. »