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Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux, ou traverser la cinquantaine !

Sylvie Desrosiers, connue pour ses textes humoristiques dans la revue Croc, puis dans ses nombreux romans pour la jeunesse, a aussi publié quelques titres pour les adultes. Dans son dernier roman dont le titre fait sourire,Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux, elle aborde les divers aspects de la vie des cinquantenaires avec réalisme et une bonne dose d’humour.

Une bande d’amis authentiques et touchants

Des filles et des gars issus de divers horizons font connaissance pendant leurs études au cégep dans les années 70. Ils appartiennent à cette génération qui a connu Expo 67, les manifestations contre le bill 63, Woodstock… Ils ont revendiqué les droits des femmes, rêvé à l’indépendance du Québec jusqu’à l’échec du référendum de 1980. Au fil des années sont survenus des deuils, des naissances, des amours, des ruptures… Malgré les différentes épreuves traversées, ce groupe se revoit régulièrement pour partager un bon repas, discuter et célébrer la vie. Suzanne, l’héroïne narratrice du roman, nous fait sourire et nous émeut lorsqu’elle raconte les diverses aventures, inquiétudes et autres souvenirs liés à la vie de chacun.

Forme moderne et variée

Les chapitres sont plus ou moins courts, de formes très variées et aux titres évocateurs : « Galop », « Liberté 55 », « Virée champêtre »Retours dans le passé, faits marquants, extraits d’un blogue et quelques listes amusantes s’insèrent entre les chapitres : « Dix raisons de me lever le matin », « Les dix manières dont j’aimerais pas du tout mourir ». De plus, à tour de rôle, les protagonistes prennent la parole, offrant un autre point de vue, révélant une confidence, comme les propos de Jean : « […] je suis totalement, complètement, éperdument, passionnément amoureux… Je n’ai jamais trompé Johanne, c’est la première fois. »Bref, on ne s’ennuie pas, et tout cela rythme la lecture.

Célébrons la vie !

Suzanne observe la société, elle se cherche et ne se retrouve pas parmi ces jeunes retraités qui vont marcher dans les centres commerciaux ou qui suivent des cours d’aquarelle, de tai-chi, de tricot… « […]très peu pour moi le Trekking au Népal avec des cinquantenaires trop ou pas assez en forme… ou la croisière de quatre mille personnes qui rêvent de porter une robe longue ou un smoking et de s’asseoir à la table du capitaine. »Elle s’assume et refuse la chirurgie esthétique qui trahit l’âge de ces femmes aux yeux en amandes. Survivante de deux cancers, Suzanne tente de trouver le bonheur dans un monde qui lui échappe par moments : « Après un cancer, on n’oublie pas. Après deux, on veut oublier. »Nous reconnaissons des gens à travers les personnages, leurs préoccupations et leur soif de vivre : « Ce n’est pas mourir qui est absurde, c’est vivre avec la mort tout le temps. »Malgré la peur et l’angoisse qui l’habitent, Suzanne aime la vie et se réjouit chaque jour d’être vivante.

Très inspirée par sa vie personnelle et par les gens croisés sur sa route, Sylvie Desrosiers traite des grands thèmes actuels : famille, amour, politique, vie de couple, maladie, violence… et fait l’éloge de la vie.

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Sylvie Desrosiers. Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux. Montréal, Éditions Fides, 2018, 201 p.